Messieurs, comment s’est passée votre Corima Drôme Provençale ?
Jean-Luc Chavanon : J’ai obtenu un bon classement sur une épreuve bien organisée, pas assez sélective à mon goût, mais avec une bonne place pour finir.
Hervé Gilly : Pour moi ça s’est passé un peu moins bien, puisque j’ai terminé dans les et cætera. Mais je me suis fait plaisir en attaquant. Je savais que je n’avais pas de supers jambes. Mais comme je n’aime pas trop subir la course, je n’ai pas pu m’empêcher de l’animer un peu !
Es-tu envieux des jambes de Jean-Luc ?
Hervé Gilly : Tout à fait ! Je ne désespère pas qu’elles arrivent prochainement. Je suis un petit peu en retard par rapport aux autres années mais j’espère qu’il n’en sera que mieux pour les belles épreuves estivales.
Jean-Luc Chavanon : Et moi je profite qu’Hervé soit un peu en retard, tout simplement !
Depuis votre raid à deux sur la Route des Helviens, et même si vous appartenez à deux teams « concurrents », vous semblez plutôt complices…
Jean-Luc Chavanon : Sur la Route des Helviens, ce n’était pas vraiment un Baracchi (NDLR : expression utilisée en référence à une illustre épreuve chronométrée par équipes de deux, le Trophée Baracchi). J’ai fait plutôt du derny. Mais j’apprécie Hervé pour ce qu’il est en dehors du vélo et pour son comportement en course. Il a une conception du cyclosport qui me convient parfaitement. C’est toujours un plaisir de partager un moment en course avec lui.
Hervé Gilly : Il n’y a pas d’histoire de maillot. Jean-Luc fait partie des très bonnes rencontres que j’ai faites grâce au cyclosport. Je l’apprécie comme un ami, sans aucune histoire de maillot entre nous. Quand on se retrouve ensemble dans une échappée, je sais que ça va se passer aussi bien que si j’étais avec un copain du team.
Cette Route des Helviens que vous avez terminée main dans la main, c’est l’un de tes meilleurs souvenirs ?
Hervé Gilly : Bien sûr, comme les Routes du Ventoux que nous avions gagnées ensemble tous les deux. Je ne conçois pas d’arriver autrement que main dans la main avec quelqu’un comme Jean-Luc. Quand on a partagé une longue échappée, comme ça a été le cas à ces deux reprises, pour moi c’est un honneur et un plaisir que de terminer main dans la main avec un gars comme ça.
Jean-Luc, tu as un gros passé en course FFC. En cyclosport, les plus belles victoires sont-elles celles que l’on partage ou celles que l’on termine en individuel ?
Jean-Luc Chavanon : En FFC, mes meilleurs souvenirs sont la défense d’un maillot, pas nécessairement le mien mais celui d’un collègue de l’équipe. Partager une victoire avec Hervé ou un autre, il n’y a pas de meilleur moment. En cyclosport, on est là pour se faire plaisir sur des parcours qui nous le permettent. Nous ne sommes pas à une place près au classement. Il n’y a pas trop de rivalité, et en principe pas trop d’égos. C’est beaucoup plus cool.
Comment fonctionne le team Chamrousse ?
Jean-Luc Chavanon : Nous sommes une bande de copains, une toute petite structure plus qu’un team. Nous payons les maillots, les inscriptions, les déplacements. Nous n’avons aucune obligation vis-à-vis de sponsors. Nous essayons simplement de se faire plaisir, de rouler ensemble autant que possible, de se voir en dehors du vélo. Ce sont des instants de partage à travers des cyclos dans toute la France.
Hervé Gilly : Le Team Scott-Vélo 101-Risoul n’a pas le même fonctionnement mais la finalité reste la même. Nous roulons aussi toute l’année avec les copains, puisque tous les gars du team sont devenus mes amis.
Hervé, tu as touché à la moto et au rugby, que retrouves-tu de ces disciplines dans le cyclosport ?
Hervé Gilly : Ce sont justement ces rapports d’amitié que l’on retrouve. J’ai toujours fait du sport grâce ou à cause des copains. Ce sont des relations d’amitié, des moments de partage, que ce soit en relation avec une moto, un ballon ovale ou un vélo.
Jean-Luc, te verrais-tu retourner sur des cyclos en solo ?
Jean-Luc Chavanon : Non, j’aurais du mal. D’ailleurs je ne le fais jamais. J’ai en plus la particularité de rouler en couple, donc je ne me déplace jamais seul ! Si ce n’est pas avec le team, je retrouve des gens comme Hervé ou d’autres. Le leitmotiv du cyclosport, c’est le plaisir.
Certains cyclosportifs reprochent aux teams de cadenasser les courses, quel est ton sentiment ?
Jean-Luc Chavanon : Je ne pense pas qu’on soit concernés à Chamrousse car nous n’avons pas une représentation en tête de course qui nous permette d’avoir une stratégie d’équipe. Et je ne la recherche pas. Le cyclosport, c’est le défi de soi-même avant tout. Maintenant on ne peut pas maîtriser cette évolution de la discipline.
Hervé Gilly : Plus que le terme team, c’est le terme bande de copains que je retiens. On ne peut pas empêcher deux coureurs amis de collaborer ou s’entraider, mais il n’y a pas véritablement de stratégie d’équipe dans un team comme Scott-Vélo 101-Risoul. Je vais aider Bruno Mestre comme je vais aider Jean-Luc Chavanon.
Tu fais de plus en plus de VTT, peut-on comparer l’esprit des deux disciplines ?
Hervé Gilly : C’est sûr qu’en termes de convivialité, on retrouve le même esprit entre les cyclosportives et les raids VTT. Et comme c’est ce que je recherche, personne ne s’étonnera que je me tourne aussi un peu vers ces épreuves.
Un mot sur le nouveau look d’Hervé Gilly ?
Jean-Luc Chavanon : Il paraîtrait que dès qu’il gagnera, il se rasera la moustache. Ma foi, j’espère qu’il retrouvera la condition très vite !
Hervé Gilly : Il ne tient qu’à toi de m’aider à gagner !
Propos recueillis à Montélimar le 25 mars 2012.