C’est un défi que seul un mythe comme le Ventoux peut inspirer. A 47 ans, François-Joseph Walther s’est élancé ce matin à 10h00 à l’assaut du Géant de Provence. Rien d’extraordinaire jusqu’ici, si ce n’est que l’Alsacien domicilié dans la région parisienne ne s’arrêtera de pédaler que dimanche matin, après quarante-huit heures passées à gravir et descendre le Ventoux ! « Je vais avoir 48 ans ce week-end, d’où l’idée d’un défi de 48 heures, avance le challenger. Je dispute toutes les classiques du cyclosport depuis vingt-cinq ans à un bon niveau. Ces courses m’ont longtemps enthousiasmé jusqu’à ce que je perde la motivation, ne sachant plus comment progresser. J’étais à la recherche de nouveaux challenges, d’une nouvelle motivation, d’un moteur pour l’entraînement. »
Très vite, celui qui a pris l’habitude de rouler seul tous les matins, dès 4h30, et sur de longues distances, s’est intéressé aux épreuves ultra. Son rêve : disputer un jour la fameuse Race Across America (RAAM). Dans cette optique, il lui fallait défier cette année le chrono pendant quarante-huit heures. Et parce qu’il se définit comme un « fou du dénivelé » depuis cinq ans, c’est le Ventoux, sa montagne fétiche qu’il a déjà gravie une bonne vingtaine de fois, que François-Joseph Walther a retenu pour ce défi auquel il est le premier à se frotter sur une telle durée. Une source de motivation supplémentaire ! « Je veux m’éprouver psychologiquement, me dire que si j’arrive à faire quarante-huit heures très dures, je devrais être capable d’attaquer une épreuve aussi mythique que la traversée des Etats-Unis d’est en ouest. »
Depuis cet été, le cycliste hors-pair s’entraîne quotidiennement. Il s’est astreint chaque jour l’équivalent du dénivelé du Ventoux et a travaillé sur la qualité de son sommeil avec des médecins physiologistes, ne dormant plus que trois à quatre heures par nuit depuis trois mois. Car pour réussir son pari audacieux, François-Joseph Walther devra se réserver un minimum de temps de repos. Déjà, il a vu son rythme cardiaque évoluer et tomber à 34 pulsations/minute au repos.
Tous les facteurs semblent donc au vert pour le cyclo, qui pourrait établir deux records ce week-end : celui du nombre d’ascensions successives du Ventoux (il en vise seize à vingt, le record de Jean-Pascal Roux sur vingt-quatre heures étant de onze montées) et donc celui du dénivelé accumulé sur quarante-huit heures. « Ce qui va jouer, c’est le temps que je consacrerai au sommeil plus que ma vitesse sur le vélo. J’ai envisagé une moyenne de deux heures par ascension mais la deuxième tranche de vingt-quatre heures sera déterminante. » Si la clé du succès repose dans le ratio effort/sommeil, François-Joseph Walther tâchera de rouler jusqu’à ce que le sommeil le guette. « Je pense pouvoir enchaîner quinze à vingt heures d’ascension en me nourrissant. » Il doit ingurgiter 30000 calories en quarante-huit heures, les trois quarts en solide, essentiellement salé.
Durant ces quarante-huit heures, François-Joseph Walther bénéficiera en permanence d’un véhicule suiveur derrière lui et d’une équipe pluridisciplinaire à ses côtés : un médecin, un ostéo, un mécano et des gens de bonne volonté. Il utilisera deux vélos Scott, un pour la montée, un pour la descente. Groupe SRAM Red, pédalier carbone, selle carbone, l’accent a été mis sur la légèreté pour le vélo qu’il utilisera dans les ascensions, monté en 34/50 à l’avant, 12/30 à l’arrière. Bon courage François-Joseph et rendez-vous dans quarante-huit heures !