Si l’affection que vous portent les gens de Tahiti s’estime au nombre de colliers de coquillages que l’on vous glisse autour du cou au moment de se séparer, alors c’est bien une famille, celle du Vélo Club de Tahiti, que le cyclo-voyageur laisse derrière lui au moment de s’envoler pour la France. Au terme de notre séjour sur le fenua réalisé dans le cadre de la Ronde Tahitienne, les adieux se font la gorge nouée et le cœur lourd, chargé d’émotions et de souvenirs impérissables. A l’évidence, participer à la plus exotique des cyclosportives françaises, dont vous découvrirez dimanche les images somptueuses au moment de refermer notre saga polynésienne, restera une expérience magique.
On pourrait une fois encore mettre en avant la chaleur humaine avec laquelle on vous reçoit naturellement dans les Iles de la Société. Mais on ne soulignera jamais assez la beauté de ce pays qu’est Tahiti, une île de 1045 km² au milieu de l’océan, entourée d’un récif corallien et dont le cœur montagneux s’élève jusqu’à 2241 mètres au-dessus des flots. « Tahiti est une petite île bordée par un lagon fragile, insiste l’organisateur de la Ronde Tahitienne Benoît Rivals. Nous nous devons d’être vigilants aux gestes éco-citoyens. Aussi nous est-il apparu fondamental de faire passer ce message à travers une épreuve sportive. »
Depuis sa création en 2011, l’épreuve porte ses efforts sur la conservation de cet environnement majestueux qui tire sa splendeur de sa virginité préservée. Il lui paraissait légitime de solliciter le label Eco Cyclo. Un label créé en 2006 par Patrick François et qui prône l’association des valeurs du sport pour tous et le respect de l’environnement par une attitude éco-citoyenne des pratiquants et éco-responsable des organisateurs. La charte s’articule autour de trois points : la sécurité (respect du Code de la route et port du casque), l’éthique et bien entendu le respect de l’environnement. Dimanche à Pirae, chacun des 428 participants a été sensibilisé à ce sujet en signant la charte Eco Cyclo au moment de retirer son dossard.
L’organisation elle-même a donné l’exemple à plus d’un titre en mettant en place des actions essentielles : tri sélectif sur les aires de départ et d’arrivée, bombones d’eau sur les zones de ravitaillement où l’emploi des gobelets en plastique a été banni en faveur de fontaines d’eau. Du papier recyclé (ou déjà utilisé sur une face) a été utilisé pour toute impression concernant la manifestation, et les dossiers de presse ont été exclusivement adressés par Internet. Le club s’est en outre engagé à réutiliser toute sa signalétique pour ses prochaines éditions. Un ruban végétal symbolisant ses actions éco-citoyennes a été découpé par les autorités avant le départ. La voiture officielle de l’organisation fonctionnait au gaz de Tahiti. Enfin les différents lauréats de la Ronde Tahitienne, une épreuve soutenue par l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME), ont été récompensés par des trophées réalisés en nacre.
Sur la route, les actions éco-citoyennes ont été matérialisées par la Patrouille Eco Cyclo, composée de dix-neuf membres du VC Tahiti. Leur mission : jouer un rôle pédagogique (« on ne jette rien ») mais aussi veiller au bon déroulement de la cyclo au cœur des différents groupes. Des Eco-patrouilleurs équipés d’une tenue appropriée de couleur verte sponsorisée par la Société d’Environnement Polynésienne Fenua MA pour être clairement identifiés par la masse des participants. Le Ministère de l’Ecologie tahitien a également soutenu l’initiative avec la mise en place de dossards verts portant le slogan « Je ne jette rien ! ». A propos de maillots, notez que les tuniques offertes à chacun des 428 engagés (à chacun sa couleur en fonction du parcours retenu) ont été pourvues d’une poche zippée écolo pour glisser les emballages.
« Nous bénéficions d’un site exceptionnel avec la côte est de Tahiti, rappelle Benoît Rivals, que plusieurs partenaires sensibles à ce discours rejoignent également sur ce thème. Il est impératif que les lieux que nous empruntons restent aussi propres après notre passage. » Ces efforts nous concernent tous, où que nous roulions. Pour continuer, longtemps, à avoir l’inestimable privilège de faire du vélo dans ces espaces paradisiaques.