Toute la semaine, Vélo 101 vous fait vivre le Wow Cyclothon, une course en relais de 72 heures non-stop pour effectuer le tour de l’Islande à vélo sur la route principale de l’île. Plongez au cœur de notre périple de 1332 kilomètres pour la bonne cause !
Une fois le départ du Wow Cyclothon donné, il ne faut guère plus que quelques kilomètres pour quitter les faubourgs de Reykjavik. La nature peut alors reprendre ses droits. Exit les longs boulevards bétonnés et les airs de zone industrielle. Place aux montagnes de roches volcaniques, parfois recouvertes d’un gazon verdoyant et bordées de fleurs bleues qui confèrent à ce décor un goût de paradis. Mais si l’Islande est un Eden, notre course ne commence pas de la meilleure des manières.
Tous les coureurs s’élancent de Harpa, une salle de concert de la capitale, en convoi neutralisé sur un peu plus de 7 kilomètres pour quitter la capitale, la route étant ouverte par deux motards. C’est au moment où les forces de l’ordre s’écartent qu’une partie de l’équipe doit mettre pied à terre et remonter dans le camping-car suiveur. Seulement, et c’est un point qui mériterait d’être revu, aucun fléchage n’indique l’itinéraire à suivre pour ces voitures-balais. Si des oriflammes désignent le point d’arrêt, le vent balaye tellement la plaine islandaise en ce mardi soir qu’elles sont à peine visibles. Du coup, une partie de l’équipe reste sur le flanc pendant de longues minutes avant que la voiture suiveuse ne fasse demi-tour pour les récupérer. À peine l’équipe est-elle réunie au complet que la première des trois grandes bifurcations du parcours est manquée. Là encore, non fléchée…
Pour défendre les organisateurs, on prétextera qu’ils n’ont sans doute pas voulu polluer un paysage qui paraît s’être fixé au début du siècle dernier. Les fjords majestueux que nous traversons où la neige reste visible à certains endroits succèdent à de vastes prairies bien vertes que la pluie doit sans doute arroser plus que régulièrement, qui succèdent elles-mêmes à des cascades plongeant dans des rivières remuantes. 72 heures sur le vélo (sans doute un peu moins), oui, mais ça vaut le détour et on en prend plein les yeux. Et ça ne fait que commencer, nous a-t-on prévenus avant notre départ.
Sur la route, ce n’est pourtant pas une partie de plaisir. Les champions locaux nous avaient bien dit que le principal ennemi du cycliste en Islande, c’était le vent. « Il est très changeant, prévient Skúli Mogensen, le PDG de la compagnie aérienne low coast Wow Air qui parraine l’événement. Tu peux l’avoir de face et te dire, au moment où tu changes de direction, qu’il te sera plus favorable. Mais en fait, il peut se retourner contre toi. »
La confirmation est venue bien vite. Le vent tourne énormément et peut se lever soudainement, sans prévenir. Mais surtout, il nous est bel et bien défavorable pendant une bonne partie de la journée. Combiné à la pluie qui nous accompagne occasionnellement, les conditions sont loin d’être optimales dans cette première partie de course. D’autant que depuis le départ de Reykajvik, les routes sont légèrement vallonnées. Un peu plus après Blönduos, au nord-ouest de l’île, où les faux-plats montants se succèdent pendant une quarantaine de kilomètres. Mis à part quelques exceptions, les côtes ne sont jamais bien longues, jamais très pentues, mais elles épuisent les organismes. Le vélo quant à lui vibre pas mal au contact des routes rugueuses et granuleuses du nord de l’Islande.
Après les plaines verdoyantes, place aux glaciers une fois atteint Akureyri, l’une des plus grandes villes du nord du pays qui nous permet accessoirement de faire le plein de carburant. Là, ce sont les crêtes de volcans et les sommets enneigés qui nous serviront le plus souvent de décor jusqu’au magnifique lac Myvtan, une grande étendue d’eau bordée par les sommets de montagne de roche noire. Quelques kilomètres plus loin, à Reykjahlio, les premières sources d’eau chaude nous attendent, et avec elles les nombreux touristes qui attendent patiemment l’explosion d’un des nombreux geysers. 19h00 sonnent déjà et notre périple a commencé depuis 24 heures. Il nous en reste 48 pour boucler le tour de l’île au moment où nous abordons la partie la plus désertique de cette contrée confinée au nord-ouest de l’Europe déjà fort peu peuplée (avec 3 habitants au km², l’Islande possède la plus petite densité de population d’Europe).
Pour cette première journée, l’organisation de notre équipe était simple. Seul un de nos cyclistes se trouve sur le vélo pendant que les trois autres peuvent se reposer. La solution d’un relais par deux n’a pas été retenue, malgré le fort vent qui perturbe notre avancée depuis que nous nous sommes élancés de Reykjavik. Mais, avec seulement quatre cyclistes, l’option a vite été balayée et l’avancée en solo a été retenue, semble-t-il définitivement. Un bon compromis qui permet aux trois chanceux de se reposer suffisamment, et à celui qui roule de ne pas trop s’entamer puisque les tours de relais durent chacun une heure. C’est déjà largement suffisant quand l’on est seul face au vent, mais surtout idéal si l’on veut garder ces décors idylliques de l’Islande pour nous seul !