La 19ème édition de l’Héraultaise Roger Pingeon a tenu toutes ses promesses. Trois jours durant, où toutes les formes de vélo ont été mises en valeur, des plus jeunes aux plus âgés, du contre-la-montre aux courses en ligne et chez les hommes comme pour les femmes. Que demander de mieux ? Tout y était ou presque, on y reviendra. A commencer par l’hommage tellement mérité à Roger Pingeon, récemment disparu et à qui l’hommage qu’il méritait a été rendu aux départs des différents parcours, avec une minute d’applaudissements, à l’Italienne. C’est certain que le fils d’agriculteur qu’il était aurait aimé ce nouveau parcours pastoral à souhait et la belle partie de jambes à l’horizontale qu’aura livrée David Polveroni. Un peu à la Philippe Gilbert et un peu à la Roger Pingeon, à Jambes justement en Belgique, sur son Tour victorieux de 1967.
Les anticyclones et autres précipitations ont eu le bon goût d’arroser l’Hérault le samedi et de réserver le dimanche pour la Provence. On a eu droit à des routes parfaitement sèches, même si la Tramontane, et le vent qui soufflait déjà sur Gignac dès 8 heures du matin, laissaient augurer un parcours venté. Mais on a déjà eu la Corima, et puis, il suffit de regarder la carte : le col du Vent ça ne s’invente pas et on ne parle pas que des rendez-vous manqués ! Même perché à 710 mètres, le col se mérite et au sommet c’est parti pour des kilomètres de plat où il vaut mieux justement ne pas s’en prendre un de vent et rester bien à l’abri, en n’oubliant pas de prendre des relais de temps en temps.
Avant ça, le parcours avait dû être modifié à cause de travaux avec un passage par le col des Lavagnes. Un petit 17 kilomètres de détour que les locaux ont pris la peine de reconnaître et qu’on décrira comme une belle montée sur un goudron qui ne rend pas, une route très étroite mais sans circulation, une descente par paliers avec des gravillons, des trous, du vent par rafales. Bref de quoi durcir la course voire la décanter, c’est ce qu’il s’est passé. Et si ce « passage obligé » restait au programme de la 20ème édition ? Les vues sont absolument magnifiques sur les plateaux parfaitement dégagés. D’abord des champs d’oliviers, ensuite des passages forestiers. Les seuls panneaux que l’on voit, c’est pour signaler des chevaux ! Alors oui, il y a eu quelques crevaisons, mais rien de bien méchant et il nous a semblé que l’enchaînement Lavagnes, col du Vent avait vraiment égrené les groupes. Quoi de mieux pour traverser les villages étroits et typiques type Arboras ou encore Montpeyroux et sa célèbre cave qu’on aime tellement qu’on la visite deux fois.
Trois parcours sont proposés comme chaque année sur cette Héraultaise qui n’a jamais atteint les 34 degrés, mais qu’on n’imagine même pas sous une température comme ça, tant les routes doivent renvoyer la chaleur. Là, avec le vent, on a des routes sèches, pas de pluie, et le soleil pointe assez souvent pour tomber les manchettes et apprécier. La Saint Guilhem à 140 kilomètres environ avec la modification de parcours, la Gignacoise à 90 kilomètres et le petit parcours à 52 kilomètres, la Montpeyrousienne. Tout le monde y trouve son plaisir et une constante sur ces trois parcours : la sécurité. Beaucoup de motos, un fléchage impeccable, des signaleurs super efficaces qui nous ont fait passer des stops, à l’aveugle et sans risque aucun. Bref, bravo à tous les bénévoles, et aux personnes qui ont uni leurs efforts pour accueillir au mieux ces 854 coureurs recensés hier, 2 avril.
Si on ajoute à tout ça, un repas d’arrivée qui est sans doute un des meilleurs de la saison avec saumon fumé, poulet, pâtes-ratatouille, et tiramisu, un café, du vin, de l’eau et pas d’addition, que demander de mieux ? Le cadeau de bienvenue ? Un maillot, comme chaque année et comme il faudrait que les organisateurs changent de disque ! Avant c’étaient les tee-shirts, maintenant ce sont les maillots ! Stop, l’armoire est pleine, pensez à des trucs originaux. Une idée : des garde-boue. Pas cher, efficace et facile à personnaliser.
Sur ce chapitre des suggestions constructives, on soulignera aussi l’absence d’originalité des coupes remises aux classés sur les différents parcours, et différentes catégories. Mesdames et Messieurs les organisateurs, considérez que ce sont toujours les mêmes ou presque qui montent sur les podiums. Alors des coupes, ils/elles en ont plein les buffets cette fois ! Les cadeaux ? Simple comme un coffret ou des produits locaux. On a traversé des champs d’oliviers à n’en plus finir, des vignes et des caves pas trop loin du pic Saint Loup, super réputé. Alors ? De la tapenade, de l’huile d’olive, du vin, et autres produits locaux. Les récompensés repartiront avec un peu de la culture gustative locale, l’apprécieront, c’est certain et l’année d’après, en achèteront éventuellement. Sur l’Héraultaise, le 20 sur 20 n’est pas loin, on l’a dit, encore un effort et pour la 20ème édition…
Côté course, si Philippe Gilbert a épaté son monde en Flandres, celui qui a mis un vent à tout le monde sur l’Héraultaise c’est David Polveroni. Plus de 90 kilomètres de vent et devant avec jamais plus d’1’30 » sur quatre bonshommes qui n’ont quand même pas dû amuser la galerie. La preuve ? Derrière ils étaient neuf et ne les ont jamais revus. Il n’a jamais eu un gouffre, pas même un Canyon d’avance pour faire un clin d’oeil à son sponsor, mais il a tenu tête sur des routes larges, ventées et où il était à vue des poursuivants qui ont dû se battre pour la 2ème place. Bel exploit sportif, victoire à la pédale, ça promet pour la saison cyclo qui arrive.
Chez les filles, même belle performance de Marion Bessone qui termine 30ème en à peine 25′ de plus que le vainqueur du jour. Elle est la nouvelle héroïne de la marque Héroïn, et quelque chose nous dit qu’elle est actuellement la meilleure cyclosportive Française. Notre témoin du jour, Karine Diamant, de Toulouse, termine le grand parcours en 181ème position, elle s’est régalée, c’est ce qu’elle nous dit un peu plus loin.
Sur la Gignacoise, Cyril Bourdon et Vincent Cantoni franchissent la ligne dans le même temps au bout de 90 kilomètres d’efforts. L’avantage va finalement au premier, vainqueur en 2h26’58 », soit 20 minutes avant la première dame, Claudia Carceroni Gilles, 110ème du scratch. Enfin sur le 58 kilomètres, la victoire revient à Damien Ferreira en 1h28’41 ». 22ème, Océane Durand se classe première féminine en 1h38’53 ».
En conclusion de ce très beau week-end de vélo, réussi à tous les plans, on soulignera la parfaite organisation et la mobilisation de tous : bénévoles, organisateurs, comité départemental des sports, FFC, et même les élus très présents. La 20ème édition est annoncée avec pas mal de surprises. Acceptons-en l’idée et espérons qu’elle dépasse les 1000 participants, elle le mérite. L’organisation a les épaules assez larges pour assurer à tous les niveaux, et ça rappellera à tous, les glorieux moments où les départs étaient par handicaps sur cette cyclo qui était la Roger Pingeon et que le maillot jaune honorait de sa présence.
Classement 138 km :
1. David Polveroni en 3h58’47 »
2. Stéphane Mathieu en 3h59’50 »
3. Bodo Vosshenrich en 3h59’50 »
4. Stéphane Cognet en 3h59’50 »
5. Damien Albaret en 4h03’52 »
6. Yannick Bernad en 4h07’47 »
7. Jean-Luc Chavanon en 4h07’47 »
8. Stéphane Cheylan en 4h07’49 »
9. Camille Sola en 4h07’49 »
10. Julien Subils en 4h07’50 »
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30 et 1ère Dame. Marion Bessone en 4h22’59 »
Classement 90 km :
1. Cyril Bourdon en 2h26’58 »
2. Vincent Cantoni en 2h26’58 »
3. Brice Aerts en 2h27’36 »
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110 et 1ère Dame. Claudia Carceroni Gilles en 2h46’55 »
Classement 58 km :
1. Damien Ferreira en 1h28’41 »
2. Leo Bartoletti en 1h28’43 »
3. Gael Marty en 1h28’43 »
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22 et 1ère Dame. Océane Durand en 1h38’53 »
La témoin Vélo 101… Karine Diamant (CPRS Pins Justaret)
Karine, présente-toi aux lecteurs de Vélo 101.
J’ai 52 ans, je suis originaire de Toulouse. C’est la première fois que je participe à l’Héraultaise. J’ai commencé le vélo il y a quatre ans. Auparavant, j’ai élevé mes cinq enfants. C’est la raison pour laquelle j’ai arrêté le sport pendant vingt ans. Les enfants ont grandi. J’ai perdu mon fils aîné. Cela a été pour moi un moyen de me donner des objectifs. Depuis, je me suis lancée à fond dans le vélo.
Comment as-tu remis le pied à l’étrier ?
Au début, j’ai roulé seule. Puis, j’ai rencontré des cyclos en roulant. Sur Toulouse, à Plaisance-du-Touch, il y a une concentration de cyclos de tous bords le mardi et le jeudi. J’ai sympathisé avec des membres de mon club actuel. Le CPRS Pins Justaret propose de la route et du VTT et ça m’intéressait de faire les deux.
Pratiques-tu le VTT en compétition ?
Non, j’ai arrêté en septembre, je me suis cassé l’épaule. J’ai tendance à me faire mal assez régulièrement.
Connais-tu ton programme de cyclos ?
Je préfère les cyclos de montagne. J’attends notamment l’Ariégeoise le 24 juin. Si je suis en forme, j’enchaînerai avec la Pyrénéenne le 2 juillet et la Volta Als Ports en Andorre le 16 juillet. J’apprécie particulièrement les cyclos où ça grimpe. Pour les paysages plus que pour la performance. Je déteste le plat, le vent. Dès que ça monte et qu’il y a des vaches autour, j’adore !
Qu’as-tu pensé de l’Héraultaise ?
L’objectif aujourd’hui était de ne pas rouler seule, j’ai réussi. J’ai trouvé de bonnes roues. Les paysages étaient magnifiques, notamment sur le tronçon qui n’était pas prévu. C’était grandiose.
Selon toi, pourquoi les féminines se font-elles rares sur les cyclosportives ?
Je pense que les hommes ne sont pas toujours très contents de voir des femmes arriver sur le vélo, surtout si elles se débrouillent pas mal. Certains, au contraire, nous encouragent. Je suis une battante, donc ça me stimule. C’est un défi de plus. Quelque part, ça me plaît que l’on ne soit pas trop nombreuses, c’est plus facile pour faire des podiums (elle rit) !
Que faudrait-il améliorer ?
Il est très important d’avoir les mêmes tranches d’âge que les hommes au niveau du classement. Ma catégorie par exemple est celle des 50 ans et plus et ce serait la même chose quand j’aurai 60 balais. C’est vrai que l’on n’est pas nombreuses, mais ça me manque.