L’édition 2011 des Boucles du Verdon a été placée sous le signe de la nouveauté. Nouvelle équipe d’organisation autour de Claude Nard, qui organise le Tour Cycliste de Haute Provence les 17, 18 et 19 juin et le cyclo-cross de Gréoux. Bref, des gens rôdés au cyclisme et ça s’est vu. L’autre grosse nouveauté, et pas des moindres, c’était le retour au circuit qui a fait la renommée des Boucles, le circuit des crêtes qui met en exergue les gorges du Verdon, sans doute à classer parmi les splendeurs naturelles les plus spectaculaires en France. Le défi n’était pas simple à relever et les organisateurs l’ont rappelé, car ce site est classé Natura 2000 donc respect de l’environnement obligatoire (il y a encore du travail au vu des emballages balancés sur les parcours). Ce parcours n’avait pas été mis au goût du jour depuis 2003, nous semble-t-il, c’est dire si le défi administratif était aussi ardu que le défi sportif proposé sur ce cinquième dimanche du mois de mai.
Environ 700 coureurs ont répondu présents, on est encore loin des chiffres du début des années 2000, où on frôlait voire dépassait les 1500 participants. Le travail pour remettre les Boucles au goût du jour est de longue haleine, la concurrence s’est aussi installée avec l’organisation du Challenge du Vercors entre autres. En tout cas, si les éditions précédentes avaient laissé sur sa faim, tant par les prestations que par les parcours finalement assez fades, cette mouture 2011 avait bien meilleure allure et on peut écrire que le parcours (pour le grand en tout cas) est une splendeur tout en étant plus que sportif : 2600 mètres de dénivellation annoncés, même si les compteurs annonçaient un peu moins.
Les deux départs étaient à 8h00 pour le 151 kilomètres et 8h20 pour le 91 kilomètres. Si certains pouvaient s’interroger sur une telle précocité, ils ont eu la réponse sur le terrain : 30° ou pas loin, et plus de sept heures de vélo pour certains, il valait mieux rouler (un peu) à la fraîche pour éviter de rouler (beaucoup) sous le cagnard. Pour l’échauffement, rien de tel que les 15 kilomètres entre Gréoux et Valensole, ensuite direction Puimoisson, Moustiers, Sainte-Marie qu’on côtoie et qui marque la bifurcation des parcours. Le parcours des 152 kilomètres s’en va vers les gorges du Verdon et au vu du nombre de caméras, appareils photos, etc. sortis de toutes parts, on comprend qu’on est dans un site hautement touristique, que ce soit les motards, les randonneurs, et les groupes de cyclistes. Pas de doute, les gorges regorgent de visiteurs et on le comprend quand on les traverse, surtout en vélo. La boucle de 60 kilomètres nous emmène vers la Palud-sur-Verdon et les organisateurs avaient eu raison de nous prévenir des risques sur la descente de ces gorges. Elles sont sublimes, la vue est à couper le souffle, mais… il vaut mieux être attentif dans la descente. Ravin sur la gauche, cailloux, tunnels non éclairés, mieux vaut ne pas prendre de risques, et c’est ce à quoi se sont attachés l’ensemble des participants.
On nous avait annoncé des passages à 16 % sur plusieurs kilomètres, et on ne nous avait pas menti ! Après le retour par Moustiers, où était placé le ravitaillement, la montée vers Sainte-Croix-du-Verdon est une vacherie. Dépasser les 10 km/h était sans doute une gageure pour la plupart des coureurs et c’est là que s’est faite la différence. Inutile de dire que ceux qui ont profité du ravito pour faire le plein des bidons ont dû s’en vouloir quelque peu, car les kilos en trop devaient peser doublement, surtout avec la chaleur. Le retour vers Gréoux par Montagnac, Allemagne-en-Provence puis Valensole est une suite de montées-descentes qui pèsent sur les organismes, et qui ont fait d’autant plus apprécier les douches (carrément fraîches mais vivifiantes…) et le plateau-repas d’arrivée où, comme pour la course, on ne pouvait pas rester sur sa faim !
Côté sportif, sur le 91 kilomètres, c’est Arnaud Hacquard qui gagne en solo et en 2h30’12 », soit à 37,2 km/h. Il met un peu plus d’une minute à un groupe de cinq, qui est réglé au sprint par Benjamin Delfino, encore un Dignois, vététiste et qui a rejoint le team Scott-Vélo 101-Risoul cette année, bienvenue à lui. Chez les filles, c’est Louise Blot qui gagne en 2h46’43 » à 33,5 km/h de moyenne. 396 classés.
Sur le parcours 151 kilomètres, il fallait être d’Aix-en-Provence ou de Digne-les-Bains pour espérer s’imposer dimanche. La sélection s’est faite progressivement, puisque dans un premier temps Colin Menc-Molina (AVC Aix) a ouvert la route, avec son numéro 1 dans le dos. Dans la descente des gorges, Normann Crochet-Colin (qui tient le magasin Culture Vélo de Digne) puis Raphaël Tapella d’Aix (dans les passages à 16 %) ont recollé. La victoire est logiquement revenue à un Aixois, Raphaël Tapella en 4h27’27 » puis Normann Crochet-Colin et Colin Menc-Molina. A près de trois minutes finissent main dans la main ou presque Michel Roux et Hervé Gilly, qui a enchaîné la semaine de travail de nuit (dont la nuit de samedi à dimanche) aux urgences à l’hôpital de Dignes et la course de dimanche, rien à dire, on voit la motivation de ce type de coureur, respect.
Encore une Aixoise côté féminin, à la 11ème place au scratch on trouve Magdalena De Saint-Jean, qui fête les mamans en un peu plus de 13 minutes que les garçons, bientôt les Top 10 au scratch ne seront plus considérés comme une hérésie pour elle. 214 classés sur ce parcours.
En conclusion de cette belle journée, on soulignera le défi que représente une telle relance sur des routes aussi majestueuses, espérons que l’essai sera transformé. Côté améliorations, les podiums sont à repenser, les coureurs qui sont classés au scratch ou en catégories méritent de monter sur le podium et d’être mis en valeur mieux que dimanche, où c’était un peu à la sauvette, chacun son tour dans un désordre qui ne les valorisait pas du tout. Autre point, il nous a semblé que le premier ravito à Moustiers, mais au retour, est un peu loin surtout sur une journée aussi chaude. Un point d’eau aurait été judicieux, mais les eaux turquoises du lac de Sainte-Croix nous ont peut-être éblouis. Pour cette année les Boucles sont bouclées, si vous les avez manquées, n’hésitez pas à faire le détour, et pour 2012, n’hésitez plus.
Classement 151 km :
1. Raphaël Tapella en 4h27’27 »
2. Normann Crochet-Colin en 4h27’32 »
3. Colin Menc-Molina en 4h27’38 »
4. Michel Roux en 4h30’22 »
5. Hervé Gilly en 4h30’23 »
6. Rémy Gauthier en 4h31’35 »
7. Florent Icard en 4h31’39 »
8. Julien Pesce en 4h33’52 »
9. Bruno Mestre en 4h40’36 »
10. Julien Michon en 4h40’38 »
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11 et 1ère féminine. Magda De Saint-Jean en 4h40’38 »
Classement 91 km :
1. Arnaud Hacquard en 2h30’12 »
2. Benjamin Delfino en 2h31’17 »
3. Kevin Miquel en 2h31’19 »
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104 et 1ère féminine. Louise Blot en 2h46’43 »