24 heures avant les pros, ils étaient un peu plus de 3000 à vouloir goûter à l’Enfer. Pour la quatrième année consécutive, les cyclosportifs pouvaient rouler sur le parcours de Paris-Roubaix et emprunter ces fameux secteurs pavés domptés par Niki Terpstra le lendemain.
Pour permettre aux cyclos de tous niveaux de fréquenter ces chemins d’un autre temps, Amaury Sport Organisation proposait trois parcours. Celui de 170 kilomètres, au départ de Busigny permettait de rouler sur le même parcours que la classique et ses 51,1 kilomètres pavés répartis en 28 secteurs, exception faite de quelques portions, notamment dans le final dans les faubourgs de Roubaix. Celui de 141 kilomètres (32,6 kilomètres de pavés), au départ de Roubaix , proposait une boucle pour aller chercher la Trouée d’Arenberg avant de revenir vers le vélodrome. Le dernier de 70 kilomètres (9,3 kilomètres de pavés), lui aussi au départ de la célèbre enceinte reprenait les sept derniers secteurs, à partir de Templeuve. La grande nouveauté de cette édition 2014 est la mise en place de trois chronomètres sur trois secteurs pavés : ceux de la Trouée d’Arenberg et du Carrefour de l’Arbre et celui plus confidentiel de Quiévy.
Le nombre élevé de participants aurait pu laisser craindre un véritable embouteillage sur les secteurs pavés. Finalement, il n’en a rien été ! Les tronçons établissent rapidement une hiérarchie, mais surtout, les départs de cette rando améliorée sont libres entre 7h et 9h. Pour certains, il fallait être encore plus matinal. Une grosse dizaine de navettes amenaient les cyclistes de Roubaix à Busigny… à partir de 5h30 ! A cette heure si matinale, la brume qui englobait tout le Nord n’était pas encore levée et les températures sont encore fraîches. Il faudra finalement attendre le milieu de la matinée pour que les premiers rayons transpercent ce brouillard tenace. Du coup, la poussière des secteurs colle au cadre humide à cause de la brume. Ceux qui voulaient avoir une trace de leur défi ont été servis !
Pour le reste, sur des routes pourtant non fermées à la circulation, aucun problème de sécurité n’est à souligner. On sent que c’est bien là la priorité d’ASO. Les carrefours sont bien gardés. Les gendarmes facilitent la circulation dans les cinquante premiers kilomètres. Un signaleur est présent à chaque sortie de secteurs pavés et fait passer les cyclistes par groupe de vingt. Qui plus est, l’organisation ne prend aucun risque superflu dans les traversées de village plus techniques. Arrivés en agglomération roubaisienne, les participants contournent le dernier faux plat montant à Hem pour éviter la circulation et passent donc par des petites routes bourrées d’ilots directionnels, mais beaucoup moins fréquentées. En revanche, ils ne pourront réchapper aux trois derniers kilomètres sur l’avenue Alfred Motte qui mène au vélodrome où ils doivent boucler un demi tour de piste (contre un tour et demi pour les pros).
A l’arrivée, une médaille attend les courageux… et c’est à peu près tout. C’est là le grand regret de cette formule du Paris-Roubaix Challenge. Les seuls repas proposés sont ceux de la sandwicherie payante du Vélo Club de Roubaix. On ne pourra que le regretter et ce n’est pas la visite des douches mythiques du vélodrome qui pourront faire avaler la pilule. Plus globalement, le niveau des prestations laisse quelque peu à désirer. On regrettera également le manque d’organisation et de coordination aux ravitaillements où le dispositif mis en place pour simplement poser le vélo est insufisant. C’est d’autant plus dommageable que le prix de l’inscription est assez élevé. Comptez 35 euros pour participer au grand parcours. Somme à laquelle il faut ajouter 30 euros pour la navette !
Ces prestations classiques sont d’autant plus regrettables qu’il s’agit pour le moins d’un mythe du cyclisme. Pour le coup, ASO pourrait s’inspirer de ce que proposent les organisateurs du Tour des Flandres cyclo qui mettent un véritable dispositif spécial pour faire vivre le mythe du Ronde. C’est sans doute ce qui manque à ce Paris-Roubaix Challenge qui a peut-être trouvé la formule gagnante, mais qui possède encore une grosse marge de progression.