La 20ème Etape du Tour cyclosportive, qui depuis 2011 a le bon goût de doubler les plaisirs, s’est déroulée dimanche 8 juillet, 4 jours avant les pros, entre Albertville et La Toussuire. 1992/2002/2012, la trilogie olympique respectée avec la flamme des jeux de 1992 rallumée pour l’occasion, samedi soir, comme un symbole. Un beau symbole pour remercier tous les passionnés du Tour, de l’Etape du Tour, venus de tous les pays, pour le plaisir d’en être, de rouler, pour une fois, sur route fermée, et dans les conditions des professionnels.
Jeux d’hiver 1992, et la météo hier matin était à la hauteur c’est à dire plutôt basse 17 degrés mais surtout avec de l’orage, de la pluie et le désespoir de ceux qui avaient écouté les prévisions, bonnes voire très bonnes, mais donc pas respectées sur le coup des 6,7 heures du matin. Résultat ? 3000 cyclos pas assez motivés qui bâchent avant le départ. Dommage car la suite allait leur donner tort, et puis, et pluie!, on fait du vélo et non pas de la belote. Il y avait pourtant 9000 engagés, record battu pour l’EDT en deux actes, et finalement un peu plus de 4000 classés à l’arrivée. Comme quoi, cette étape Alpine, courte: 152 kms, mais très escarpée avec près de 5000 mètres de dénivellation, a fait une sacrée lessive. En raison surtout de l’enchaînement de montées-descentes, mis à part les 25 premiers kilomètres, et les 12 entre La Chambre et le pied du Glandon. Un vrai morceau de bravoure qui commençait par le dessert – on aurait du se méfier aussi! – un menu qui commence par La Madeleine, ça ne s’invente pas…et avant ça une enfilade de kilomètres sous la pluie avec des dos-d’âne, des rétrécissements, deux passages à niveau… Bref de quoi stresser, être sur les freins, éviter les chutes, tester le freinage sur les roues carbones, et essayer d’arriver au pied de la Madeleine, sans trop de dommage car sur les 26 kilomètres de montée, il y avait déjà de quoi éclaircir les paquets au fur et à mesure que le ciel s’éclairait lui-aussi. Il fallait partir couvert, et attendre la Maurienne pour envisager de bronzer un peu. On n’allait pas être déçus.
Premiers kilomètres, premières escarmouches, premiers échappés et première hiérarchie qui s’établit parmi tous ces grands noms qui étaient parmi les partants. Certains sont venus pour la gagne d’autres, comme les pros d’Ag2R La Mondiale notamment Anthony Ravard pour se faire plaisir, rouler avec des copains et en même temps faire honneur à leur partenaire, la station de La Toussuire, bref des pros qui jouent le jeu sans chercher forcément à gagner, un pro comme un ancien a forcément autre chose à démontrer que battre des amateurs. Parmi les immenses favoris, on retrouve en premier Nicolas Roux du team Scott-Les Saisies, 2 fois deuxième en 2011, Jimmy Turgis venu pour gagner comme il le confirmait sur la ligne de départ, on encore David De Vecchi, et bien d’autres…
Au sommet de La Madeleine, la hiérarchie s’installe déjà. En un et deux Turgis bien sûr et Robin Cattet, du club de Grenoble et avec la maillot La Toussuire, donc pas un inconnu, en trois un facteur – ! – ou plutôt un gars parti en facteur pour relayer son copain facteur, Jean-Pascal Roux, l’homme du Ventoux qui « venge » Bruno Mestre premier attaquant du jour mais qui crève juste avant la Madeleine. Beaucoup de crevaisons sur tout le parcours, liées aux pluies bien sûr, mais aussi visiblement à des inconscients qui ont balancé des punaises. La bêtise est décidemment bien partagée.
La descente de La Madeleine, sur route encore mouillée, est rapide, avec de quoi faire de belles pointes de vitesse, et créer des écarts avant d’attaquer le Glandon, le morceau de bravoure du jour. Anthony Turgis va goûter au macadam, sans dommage heureusement, la suite va le prouver, mais la voie est libre pour Robin Cattet qui va tisser, kilomètre après kilomètre son paletot de vainqueur du jour, certainement avec de belles perspectives dans le vélo.
Le Glandon, c’est un peu comme les rasoirs à deux lames, la première jusqu’à St-Colomband-des-Villards, en pente régulière, avec le bruit du torrent qui longe la route, puis, après le replat, les alpages, les estives, les vaches tarines, les cloches, et les pourcentages qui passent les 10 quand la vitesse tombe à 10 ou moins ! Le bon côté de ce Glandon 2012 comme sur tous les sommets empruntés, c’est que les camping-cars sont déjà là – on rassure les supporters, il reste des places – et que tous ces braves gens savent encourager les pros mais aussi tous les coureurs, merci à eux et à tous ceux qui nous ont encouragés tout au long de ces 152 kilomètres. Ca aide, on vous le confirme et quand ce sont des Sybelles (comme le massif éponyme) supportrices comme celles de la montée de la Toussuire, c’est le double effet kiss-cool – ! – carrément.
Au sommet du Glandon, on frôle les 2000 mètres. On redescend alors sur un kilomètre, virage à gauche et 3 kilomètres vers le sommet de la Croix de Fer, la cima Coppi du jour, 2067 mètres, redescente sur Saint-Sorlin d’Arves, une splendeur, surtout avec des routes tout à nous (merci l’organisation) et c’est l’attaque du Mollard sur 5.7 kms, presque dans l’élan de la descente. On dit presque car pour les pros, ce sera (à peu près) le cas. Pour les cyclos, la fatigue se fait sentir et la chaleur estomaque un peu plus les organismes. Au passage au sommet, clin d’œil à la candidature d’Edimbourg pour le grand départ du Tour 2017, un joueur de cornemuse qui joue Flowers of Scotland à la demande, le plus bel hymne du monde (ça n’engage que nous) et c’est parti pour la descente, la fameuse descente que tout le monde redoute – d’autant plus qu’elle a été peu reconnue à cause de travaux – la descente ou s’était crashé Ludovic Turpin en 2006. Alors ? Et bien, elle est à la hauteur de sa réputation de passage capital du Tour 2012, (espérons qu’il ne pleuve pas) des virages en épingle, des alternances ombre-lumière, des pointes de vitesse à 80, et surtout de la tôle ondulée, où il sera difficile de se ravitailler, en prévision de la montée suivante. Vicenzo Nibali (Liquigas-Cannondale) va se régaler ! Chez Vélo 101, on en fait notre favori de l’étape. Résultat jeudi vers 17h00 !
La remontée vers La Toussuire est simple, presque facile… avec plein d’encouragements on l’a dit. 18 kilomètres, et c’est tout bon, sauf que…il est 13 heures et beaucoup de poussières, il n’y a pratiquement pas d’ombre et on a 135 kms dans les jambes. Résultat dans les 500 premiers, pas mal ont posé pied à terre, on n’ose pas imaginer ce qui s’est passé derrière… Bravo à tous les finishers du jour. Et pour les autres, comme pour les non-partants, revanche sur la 20ème Acte 2, allez-y, si vous avez aimé les Alpes, alors vous allez adorer les Pyrénées.
En conclusion de cette belle journée de vélo, conclue par le magnifique succès de Thibaut Pinot, on dira qu’on s’est régalés. Comment faire mieux ? Côté parcours ? Difficile tout comme pour la sécurité, et l’ambiance (même si le 14 juillet dans les Pyrénées, ça va être chaud). Juste un point qu’ASO va sûrement revoir : plutôt qu’un sachet avec quelques victuailles à l’arrivée, et une pasta-party la veille à laquelle personne ou presque n’assiste, faites l’inverse : une barre, une boisson, des madeleines St Michel (sympa le clin d’œil !) en plus des cadeaux de bienvenue, et une pasta-party à l’arrivée comme sur toutes les cyclos. A part ça, l’étape du Tour reste unique en son genre, vivement samedi pour le feu d’artifice sur les Pyrénées, d’ici là, bonne étape Albertville-La Toussuire, dans le canapé, sur le vélo ou sur internet !
Classement :
1. Robin Cattet (Grenoble MC 38) les 152 km en 5h37’58 »
2. Nicolas Roux (Scott-Les Saisies) à 7’22 »
3. David De Vecchi (Team Ekoï) à 10’55’
4. Jimmy Turgis (CC Nogent-sur-Oise) à 14’04 »
5. Frédéric Ostian (Team Chamrousse) à 16’14 »
6. Michel Roux (Scott-Vélo 101-Risoul) à 19’38 »
7. Romain Uzureau (Beaupréau VS) à 20’41 »
8. Peter Pouly (Training Camp Thailand) à 20’48 »
9. Roland Chavent (AS Macot La Plagne) à 20’59 »
10. Jean-Baptiste Trauchessec (Scott-Vélo 101-Risoul) à 22’39 »
…
125 et 1ère féminine Karine Saysset (Montagnac AC) en 6h52’39 »