On ne présente plus l’Ardéchoise, ce monument du vélo qui regroupe tous les passionnés, du cyclotouriste au coursier, en passant par le cyclosportif. Ils ont été plus de 13000 fondus de la petite reine à célébrer ce nouvel anniversaire après les 20 ans de l’année dernière. Plus de 13000 cyclistes, des plus jeunes qui ont ouvert les festivités le mercredi au plus ancien et désormais le plus célèbre d’entre nous, Monsieur Robert Marchand, bientôt 101 ans.
L’Ardéchoise, c’est une organisation bien huilée. Tout est prévu, tout est fléché. Le retrait du dossard n’est donc qu’une formalité. Ensuite, si on a pris l’option d’arriver le vendredi, on prendra le temps de flâner au village des exposants. Et entre les achats de dernière minute, les rencontres avec des personnalités comme Bernard Thévenet, Nicolas Jalabert ou Thibaut Humbert, le champion de France et vice-champion du monde de duathlon 2011, on rejoint son lit de bonne heure en ayant l’impression d’avoir vécu un petit moment privilégié et le premier souvenir du week-end.
Un deuxième anniversaire, comme une deuxième chance de faire la fête avec le soleil, après la pluie et le froid des dernières éditions. Et sur ce point, nous allons être gâtés. Quel plaisir de se lever à 5h30 en constatant que le ciel est d’un bleu annonçant une journée chaude, très chaude. Quel plaisir d’admirer les Alpes voisines et de ce dire que nous allons pouvoir profiter à plein des différents parcours qui vont nous être proposés. Que nous ne serons pas gelés tout à l’heure au Gerbier de Jonc. Tout le monde se prépare pour aller dans son sas. Et si le départ officiel est à 7h30 pour les premiers, nombreux sont ceux qui attendront des dizaines de minutes avant de pouvoir d’élancer. Mais qu’importe, cela laisse le temps de sympathiser avec son voisin, d’échanger sur les Ardéchoises déjà vécues, sur l’objectif de la journée, de débattre du soleil qui tape déjà fort ou encore de la performance de l’équipe de France de foot.
7h20, Robert Marchand, la mascotte de l’Ardéchoise, et son président Gérard Mistler partent en compagnie d’une garde rapprochée qui protégeront le recordman de l’Heure des plus de 100 ans de la meute. 7h30, après les dernières consignes de sécurité, le départ est donné. Direction le col du Buisson, 13 kilomètres plus loin. Un départ qui nous semble un peu moins rapide que d’habitude, il est vrai que nous n’avons pas froid et que la route est longue. Cela permet la constitution d’un premier peloton bien étoffé. La descente rapide sur Lamastre est un vrai plaisir sur route sèche. Toutefois les secouristes présents dans chaque virage sont là pour nous rappeler les accidents des années précédentes. La route en direction du col des Nonières, roulante et bien dégagée, nous annonce l’invité du jour : le vent. Nous verrons qu’il jouera un rôle important.
Le col des Nonières derrière nous, une descente roulante et qui se fait à un rythme soutenu nous amène au Cheylard, kilomètre 50. C’est également là que se situe la bifurcation pour le circuit des Boutières (125 km). Les groupes perdant des unités et l’approche du col de Mézillac commençant, l’allure diminue un peu. Il fait frais et le passage en sous-bois permet déjà de souffler et de reprendre des forces pour un des gros morceaux de la journée. 22 kilomètres à 3,2 % de moyenne avec les 10 derniers kilomètres entre 5 et 6 %. C’est au début de ces 10 derniers kilomètres que les costauds accélèrent sensiblement le rythme. La sanction est immédiate pour ceux qui ont déjà laissé trop de force pour suivre. D’autant que rapidement on comprend que le vent nous attend bien avant le sommet.
C’est au sommet que beaucoup effectueront leur premier ravito. L’accueil des bénévoles est au top et apporte un peu de réconfort à ceux qui se demandent ce qu’ils sont venus faire dans cette galère. Pendant qu’ils remplissent nos gourdes, la question du parcours se pose. Tout droit l’Ardéchoise légendaire et ses 220 kilomètres, à droite la Volcanique et ses 176 kilomètres. Pouvoir choisir son circuit en fonction de ses sensations est un vrai luxe que se sont permis une centaine de participants en plus par rapport à 2011.
La longue descente vers Antraigues permet de reformer des petits groupes. En suivant des gorges magnifiques on comprend mieux pourquoi Jean Ferrat était tant attaché à ce village. Les cols courts d’Aizac (3,5 km à 6,5 % et des passages à 9 %) et de la Moucheyre (5,1 km à 4,2 %) sont franchis de différentes manières. Ceux qui auront voulu suivre plus forts qu’eux auront vu revenir dans Barricaude ceux qui les auront montés en mode gestion. Barricaude, le deuxième gros morceau de la journée. Nous venons de franchir Burzet et le kilomètre 105. Et si jusque-là les moyennes peuvent paraître flatteuses, elles vont fondre sous les 13 kilomètres à 5,3 %. Les meilleurs resteront groupés mais pour beaucoup c’est déjà chacun pour soi. La chaleur commence à faire son œuvre et à taper sur les organismes. Le niveau des bidons baisse en même temps que la tête, qui regarde le compteur où la vitesse diminue doucement mais sûrement. Et lorsque le regard cherche la sortie de ce qui devient une fournaise, une forêt verdoyante nous renvoie à notre solitude.
Le ravito de Sagnes et Goudoulet, dans l’herbe fraîche où nous aurons le loisir de déguster une petite spécialité locale, aura fait de nombreux heureux. Nous sommes à mi-parcours.
Pour une fois, le plateau ardéchois nous accueille avec le vent dans le dos. On prend (les connaisseurs comprendront). Surtout que rapidement se présente le col du Gerbier de Jonc, la tête dans le ciel bleu, il faut aller le chercher. 2,5 kilomètres à 7,1 % de moyenne. Vous aurez compris, l’Ardéchoise, ça use. Lorsque vous pensez être bien dans les pourcentages, c’est la longueur qui vous rattrape. Et si vous voyez rapidement le sommet d’un col, méfiez-vous. Cela veut dire qu’il y a du pourcentage. Mais remonter le lit de la Loire, cela ce mérite tout autant que d’atteindre le sommet de cette Ardéchoise et ses 1417 mètres.
C’est à ce sommet que l’on retrouve le parcours de la Volcanique. La cyclo prend alors un autre visage. Fini la solitude ressentie dans Barricaude. A partir de cet instant vous n’êtes plus jamais seul jusqu’à Saint-Félicien. La très longue descente (35 km) jusqu’à Saint-Martin-de-Valamas permet de reprendre du poil de la bête. Mais attention, toujours en dosant, car il faut toutefois appuyer sur les pédales. Pas assez, on finit par s’éteindre et il sera dur de se remettre dans le rythme. Trop, et c’est l’explosion dans les 17,3 kilomètres à 3,2 % du col de Clavière. Le piège est de se laisser griser en doublant des cyclistes qui ne sont pas dans le même objectif.
A ce moment du parcours, le soleil est à son zénith, il tape dans la nuque et le vent qui vous pousse un peu rajoute au piège qui se referme doucement. On a l’impression de ne pas (trop) souffrir de la chaleur. On ne recherche pas l’ombre, on s’arrose moins, jusqu’à l’explosion. Les kilomètres défilent et le bas-côté commence à se remplir mais rien de comparable avec les grandes années. Dans ces conditions, le ravito de Saint-Egreve arrive à point, la fête bat son plein. Tous les ravitos qui suivront auront la même ambiance, magique. Hormis peut-être les coureurs de la tête qui sont déjà loin, difficile de savoir comment l’on se situe. Pour ceux qui ont un objectif, passage en mode contre-la-montre obligatoire.
Il reste trois cols : Rochepaule (3,8 km à 4,7 %), les Grands (6,2 km à 5,7 %) suivi tout de suite du col de Lalouvesc (2,8 km à 3 %), revenu au programme l’année dernière. Ce dernier enchaînement permet d’emprunter une route plus large et donc plus sécurisante mais l’ambiance n’atteint pas celle qu’il y avait dans la remontée du Buisson, où chaque lacet nous lançait vers le suivant et où les familles en haut du col donnaient l’impression de franchir un col légendaire avant de se laisser descendre vers Saint-Félicien. Le côté positif de passer par Lalouvesc et de prendre la route des crêtes qui nous offrent un paysage grandiose sur cette Ardèche qui nous aura fait tant souffrir.
La descente du Buisson a une saveur particulière et il faut rester concentrer jusqu’au bout car les différences de vitesse peuvent être importantes. C’est aussi ça l’Ardéchoise, partager la route avec des cyclistes qui vivent le vélo différemment et qui n’ont pas forcément un chrono dans la tête. C’est ce mélange des genres, avec un respect mutuel, qui permet d’avoir cette ambiance extraordinaire.
Sur le parcours de 220 kilomètres, Nicolas Ougier remporte pour la troisième fois l’épreuve mais accompagné cette année de David De Vecchi, en 6h44’59 ». A noter la très belle 23ème place au scratch de Karine Saysset en 7h31’12 ». La fin de l’après-midi se déroulera au rythme des podiums et des tombolas très richement dotées sous un soleil de plomb que nous avons été très heureux de retrouver cette année comme les ravioles du plateau-repas, toujours fidèles au poste.
L’Ardéchoise, pour sa 20ème édition, n’aura pas battu son record de participation, mais elle reste une référence tant l’organisation est bien rodée, une sécurité impeccable, des revêtements de route à faire pâlir les plus grands cols, des paysages magnifiques, des parcours à faire et à refaire, des villages en fêtes avec 5000 bénévoles qui prennent soins de vous. Vraiment superbe, l’Ardéchoise, et à l’année prochaine. – Guillaume Mullet
Ce compte-rendu est dédié à la mémoire d’un passionné de 61 ans, Dominique Pinet, décédé à la suite d’un infarctus 9 kilomètres après le départ de Saint-Félicien. A sa famille, ses proches, ses amis, nous présentons toutes nos condoléances : www.uscbb.fr.
Classement 278 km :
1. Florent Drouet en 8h14’52 »
2. Eric Fournier en 8h21’28 »
3. Jerome Gallot en 8h23’45 »
4. Patrick Verrot en 8h23’59 »
5. Laurent Vigier en 8h26’56 »
6. Mathieu Lipp en 8h33’27 »
7. Jannick Carre en 8h41’26 »
8. Jean-Marc Valentin en 8h54’06 »
9. Remy Jacquier en 8h54’07 »
10. Raphael Ruetsch en 8h54’38 »
Classement 244 km :
1. Roland Chavent en 9h08’34 »
2. Christophe Wolff en 9h23’56 »
3. Fabien Merchat en 9h25’24 »
4. Michel Aubriot en 9h56’25 »
5. Joachim Mendler en 9h57’50 »
6. Michel Guegan en 10h01’02 »
7. Bernard Bonnet en 10h03’29 »
8. Guy Mas en 10h07’03 »
9. Gerald Carrier en 10h20’46 »
10. Christophe Clermont en 10h29’37 »
Classement 220 km :
1. David De Vecchi en 6h44’59 »
1. Nicolas Ougier en 6h44’59 »
3. Valentin Jonathan en 6h46’20 »
4. Cédric Bonnefoy en 6h59’25 »
5. Julien Sauvigne en 7h01’45 »
6. Maxime Mannequin en 7h05’03 »
7. Jean-Christophe Ministeri en 7h06’13 »
8. Eric Joulin en 7h06’25 »
9. Nicolas Malhouitre en 7h10’37 »
10. Gauthier Raison en 7h14’16 »
Classement 176 km :
1. Nicolas Morel en 5h13’04 »
1. Christophe Goutille en 5h13’04 »
3. Cédric Richard en 5h18’47 »
4. Robin Gontero en 5h18’49 »
5. Loïc Le Derf en 5h22’38 »
6. Gérome Romey en 5h29’52 »
7. Jeremy Para en 5h30’14 »
8. Pascal Michel en 5h31’19 »
9. Aurélien Quiblier en 5h34’45 »
10. Dominique Briand en 5h35’42 »
Classement 125 km :
1. Clément Russo en 3h43’04 »
1. Romain Faussurier en 3h43’04 »
3. Cédric Gonthier en 3h43’23 »
4. Jean-Baptiste Franckvillemin en 3h44’41 »
5. Xavier Joly en 3h44’41 »
6. Claude Costechareyre en 3h47’59 »
7. Sébastien Mailfait en 3h48’07 »
8. Geoffrey Gaillardon en 3h48’14 »
9. Nicolas Buisson en 3h48’17 »
10. Remy Plancher en 3h48’17 »