A Beaumes-de-Venise, quand arrive la Ventoux, le sourire est de mise. Pas seulement après la course et les nombreuses heures de selle passées sous le soleil à laisser du sel sur le maillot et sur les routes, mais aussi pour tous les cyclos qui aiment la montagne et les cols, car la Ventoux c’est la porte d’entrée vers les cyclos d’été, celles qui montent en dénivellation et laissent des souvenirs plein les yeux et plein les jambes.
102 ou 170 kilomètres étaient au menu, royal, de cette Ventoux 2012, où on revient au parcours historique, celui qui escalade le Ventoux par Bedoin, puis visite Malaucène, la Combe de Veaux puis retour par Aurel et la remontée du Ventoux par Sault avant la Madeleine et le col de la Chaîne. Est-ce la parité voulue en haut lieu, toujours est-il que la Ventoux dans sa version Senior restera comme la première cyclo gagnée par une femme, pas n’importe laquelle, Magda De Saint Jean, qui l’emporte en 3h30’23 » devant Pascal Manderon à 19 secondes et Alexandre Laufray à 1’55 ». Belle performance pour celle qui prépare les Championnats de France à Saint-Amand-les-Eaux en chrono et en ligne. Dommage que ce soit tout plat, pour celle qui a grimpé le Ventoux avec les tout meilleurs ou presque, en 1h13.
554 classés, et des écarts dignes du Ventoux puisque les ultimes arrivés ont mis presque trois fois le temps de la vainqueur du jour.
8h30, place du marché à Beaumes, il fait déjà plus de 20°, et deux choses s’imposent de suite. D’un côté un départ à 7h30 n’aurait pas été de trop vu les températures et le soleil déjà au zénith ou pas loin. De l’autre on ne se posera pas trop de questions sur manchettes, coupe-vent, journaux au sommet… Une fois là-haut, c’est tout schuss sans se poser de questions, mais sans exclure les risques, ce que manifestement certains oublient trop facilement. Le départ permet à chacun de prendre sa place, même si le Ventoux va le faire largement. Modène, Saint-Pierre-de-Vassols, Crillon, on traverse les champs d’olivier, puis de cerisiers, et on laisse dans notre dos les dentelles pour aller jouer les visiteurs du côté sud du Géant, où il n’est pas question de playback, mais plutôt de jouer du dérailleur, mode petit plateau à partir de Saint-Estève et la traversée de la forêt de Bedoin. Un peu d’ombre alors que la température a passé les 30° pour ne plus redescendre mais au contraire aller taquiner les 35° sur le chemin du retour du côté de Suzette, premier service pour les Dentelles.
Ce parcours Masters de 170 kilomètres est sans doute ce qui se fait de mieux en la matière : paysages magnifiques, variés, difficultés bien réparties, et plus de 3800 mètres de dénivellation positive. Le Grand Trophée n’est peut-être pas parfait sur tous les points, mais il faut reconnaître à son équipe d’organisation le maintien de vrais grands parcours, à l’ancienne, et c’est un vrai plus, comme le week-end à venir avec les 3 Ballons qui culminent à plus de 200 kilomètres.
La partie la moins connue mais pas la plus simple à gérer est cette transition entre Malaucène et le pied du Ventoux, par Sault cette fois, une succession de bosses dont Veaux, puis la remontée vers Saint-Léger, la vallée du Toulourenc, ensuite Aurel et le Ventouret. En tout plus de 50 kilomètres, où il fait bon être en groupe, si possible avec des gars qui prennent leur part de relais.
La course a été dominée de la tête et des épaules par un Allemand, bien connu en cyclosport et ultra sympa, Bernd Hornetz, qui l’emporte en 5h15’55 », soit plus de 5’30 » sur un duo pas manchot, « les Nicolas » Fritsch puis Ougier, et encore un peu plus loin Frédéric Ostian (Team Chamrousse), qui finit avec les Scott-Vélo 101 Michel Roux et Hervé Gilly.
On parlait de sourire de mise à l’entame de ce compte-rendu, c’est certain pour les 465 classés de ce 170 kilomètres. La fréquentation de cette si belle Ventoux est légèrement à la baisse aux environs de 1100 coureurs, dommage, car elle mérite de faire le plein, mais il semble que cette année, la fréquentation des cyclos soit en légère baisse. Ce qui ne baisse pas, c’est toujours cette tendance à balancer ses emballages sur la route, on peut dire qu’avec Powebar, c’est directement du fournisseur au pollueur. Il faudrait vraiment qu’un jour (quand ?), il y ait des exemples de coureurs mis hors course et hors classement pour fait de pollution, idem pour les voitures suiveuses. Imaginons un instant que tout le monde en fasse autant. On attend toujours un organisateur courageux qui prenne ses responsabilités, d’avance, on le soutient sans attendre.
En conclusion de cette magnifique journée, où les jambes et les mirettes ont fait le plein, on soulignera que dimanche 3 juin, Mickaël Gallego a mis 1h07’32 » pour monter le Ventoux par Bedoin. Cette fois sur la montée sèche… même si la pluie avait fait son apparition sur la Provence.
Classement 170 km :
1. Bernd Hornetz en 5h15’55 »
2. Nicolas Fritsch en 5h21’14 »
3. Nicolas Ougier en 5h21’15 »
4. Fréderic Ostian en 5h26’34 »
5. Michel Roux en 5h26’38 »
6. Hervé Gilly en 5h26’38 »
7. Richard Feldman en 5h27’15 »
8. Jef Van Geel en 5h31’31 »
9. Christophe Celet en 5h33’04 »
10. Gaël Brandy en 5h33’04 »
…
118 et 1ère féminine. Ingrid Haast en 6h47’26 »
Classement 102 km :
1. Magdalena De Saint Jean en 3h30’24 »
2. Pascal Manderon en 3h30’43 »
3. Alexandre Laufray en 3h32’19 »