La Quebrantahuesos est une épreuve unique qui traverse le massif pyrénéen pour venir en France par le col du Somport, passer le col de Marie Blanque, puis repartir en Espagne via le col du Pourtalet : 3500 mètres de dénivelé pour 205 kilomètres. Cette année, elle rassemblait plus de 9000 participants sur ce parcours, et un peu plus de 2000 sur un parcours plus court, de 90 kilomètres, nommé Treparisco.
Conscient depuis toujours de l’impact de son épreuve sur l’environnement, Roberto Iglesias, organisateur de cet événement, accroît chaque année les efforts dans le bon sens. Sur sa course, pas de bouteilles plastiques au ravitaillement, mais des citernes de 6000 litres. Pas de produits emballés mais des fruits, des sandwichs et des boissons énergétiques déjà préparées. Dès le lendemain de l’épreuve, un bus dépose des groupes de bénévoles chargés de nettoyer les bas-côtés des routes du parcours afin de restituer les lieux dans le même état que ce qu’ils étaient avant le passage de la « marcha ciclotourista Quebrantahuesos ».
Si cette volonté de ne pas laisser de trace du passage des cyclos dans un parc naturel pyrénéen est évidente au niveau de l’organisation de l’épreuve, les concurrents, eux, ne semblent pas tous bien conscients des conséquences que peut avoir un comportement irresponsable dans le Parc National des Pyrénées. Comme partout ailleurs, une proportion non négligeable d’entre eux continue de jeter ses déchets n’importe où sur le parcours, et lorsqu’on se situe à l’arrière du peloton, on se rend mieux compte que ce comportement individuel est un réel problème lorsqu’il est répété des centaines de fois par des individus peu soucieux de leur environnement.
Pour la quatrième année consécutive, l’équipe « SudVélo/Ne jetez plus ! » s’est rendue en Espagne, à Sabiñanigo, dans l’Alto Aragon. Son intervention le vendredi sur son stand dédié à la communication était destinée à influer du mieux possible sur ces comportements hors du temps qui petit à petit deviennent marginaux. Le stand est devenu plus efficace, plus attrayant. Un jeu gratuit, une tombola, ont permis de créer un contact avec les coureurs venus chercher leur dossard dans le village de départ. Le slogan pour le lendemain leur a été rappelé en espagnol : “no tires nada ! »
La Quebrantahuesos s’est donc disputée sous un grand soleil mais une température un peu fraîche. A 7h30, deux coups de canon signalent le départ, donné par l’ancien coureur Fernando Escartin, qui coorganise l’épreuve avec Roberto Iglesias depuis l’année dernière. Après un tour de ville mené comme toujours tambour battant, devant une foule incroyable, on se lance à l’assaut du premier col, le Somport, dans de longs faux-plats où il faut absolument rester dans les roues pour ne pas s’épuiser. Le beau temps nous accompagne jusqu’en haut du col, mais sur le versant français en direction d’Oloron, la brume et la pluie font leur apparition. La descente peu technique et rapide nous expose rapidement au froid. Avant Oloron, on prend la direction du col de Marie Blanque, difficulté la plus importante du parcours. Les 4 derniers kilomètres sont vraiment terribles (9 %, 11 %, 13 % et 12 %). La pluie a cessé, la cohorte de coureurs avance au pas, roue dans roue, dans un grand silence.
S’ensuit une descente très agréable et assez rapide pour rejoindre la vallée de Laruns au bout de laquelle se dresse l’avant-dernière difficulté, pas très raide mais très longue : le col du Pourtalet. 28 kilomètres « faciles » sur le papier mais terriblement longs. De quoi perdre le moral, jeter son vélo, se pendre, pleurer sur le bord de la route, maudire son directeur sportif, son mécano, son préparateur physique… surtout si c’est la même personne et que c’est vous ! Un petit bonjour à Pierre Gadiou (de la patrouille verte Eco Cyclo elle aussi présente sur la course) qui, au pied du col, reprend des forces pour mieux terminer. La deuxième partie de l’ascension se déroule dans un magnifique paysage où l’on s’arrêterait volontiers pour un petit pique-nique au bord du torrent.
Dans le dernier kilomètre du col, la foule des supporters espagnols est là pour encourager chaque participant. Pour les tout premiers cela ressemble au sommet d’un Grand Tour ! Tous les supporters sont montés de Sabiñanigo pour se masser sur le bord de la route dans cette dernière difficulté. Une ambiance incroyable même pour les moins vaillants du peloton, qui aide à franchir le col et à oublier les crampes.
Le sommet du Pourtalet est à 50 kilomètres environ de l’arrivée, avant laquelle il faudra monter au Hoz de Jaca, dernière difficulté de la journée, avec en particulier un kilomètre à 10 % puis un autre à 8 %. Pour les derniers bouts droits (17 kilomètres avant la ligne), il est préférable de trouver un bon groupe car le vent dominant semble bien défavorable à cet endroit-là.
Une fois la ligne d’arrivée franchie, on aura le plaisir de savourer la fraîcheur d’une ou plusieurs bonnes bières, et de s’allonger dans l’herbe pour déguster un repas d’après-course très correct, le tout inondé de soleil, de brouhaha et de bonheur des milliers de cyclistes réunis pour profiter des retrouvailles avec les amis.
Cette année, José Belda a franchi la ligne le premier, en 5h37 (36,5 km/h). 222 Français ont participé à l’épreuve, sur un total de 9000 engagés sur la Quebrantahuesos. Une des particularités de cette course est que le nombre d’engagés maximum (9000) est atteint en quelque jours seulement d’ouverture des inscriptions en ligne sur Internet. C’est une épreuve très courue en Espagne, et qui attire vraiment les foules dans cette petite ville. Il est donc très vivement conseillé d’être attentif, autour de février, à la date d’ouverture des inscriptions car elle est très courte.
Classement 205 km :
1. José Belda en 5h37’01 »
2. Oleg Chuzhda en 5h39’01 »
3. Sergio Perez en 5h43’03 »
4. Angel Vazquez en 5h46’33 »
5. Joseba Arretxe en 5h46’55 »
6. Carlos-Alberto Alves en 5h47’28 »
7. Fernando Herrada en 5h47’30 »
8. Rafal Perez en 5h47’31 »
9. Eduardo Cosio en 5h47’44 »
10. José Chulvi en 5h47’50 »
Classement 90 km :
1. Diego Fernandez en 2h18’50 »
2. David Jariod en 2h20’31 »
3. David Perez en 2h20’34 »