Il y a des villes que l’on associe directement à des cols. Ou inversement, des cols que l’on associe immédiatement à des villes : Briançon et l’Izoard, le Bourg d’Oisans et l’Alpe d’Huez, Bédoin et le Mont Ventoux ou encore, et c’est le sujet qui nous intéresse, Morzine et le col de Joux Plane. Les participants à La Morzine Haut Chablais savaient qu’il allait leur être difficile de faire l’impasse sur ce mythe (trop) peu souvent emprunté par le Tour de France ces dernières années (trois passages en 20 ans). Qu’on se le dise tout de suite, la réputation de col difficile pour Joux Plane est largement méritée même si certains le digéreront mieux que d’autres sur l’épreuve (on y reviendra).
Pour cette Morzine Haut Chablais donc, deux parcours ont été proposés. Le grand parcours affichait 160 kilomètres et près de 4000 mètres de dénivelé à notre compteur (contre les 3700 annoncés par l’organisation). Le petit parcours (110 kilomètres, 2520 mètres) reprend les grandes lignes de son grand-frère, en ne zappant que la première boucle qui fait transiter les cyclos (un peu plus de 500 classés sur l’ensemble des deux parcours), par le col de Joux Verte et le col du Corbier.
Heureusement pour tout le monde que la météo était au rendez-vous quand la journée a commencé. Lorsque 8 heures sonnent pour le départ, tout le monde est en court, en haut comme en bas : idéal pour une journée à passer à montagne. Il n’y aura pas davantage besoin de couche de vêtement supplémentaire quand le premier sommet sera atteint, le col de Joux Verte qui culmine pourtant déjà à 1760 mètres d’altitude. À ce moment-là, Loïc Ruffaut, pas encore vainqueur de la Serre Che Luc Alphand, a déjà montré qu’il avait la bonne jambe. Le membre du Team Scott-Vélo 101-Risoul accélère et personne ne peut prendre sa roue. S’il bascule au sommet en tête, il attend le retour de quatre concurrents, car la route est encore longue jusqu’à Morzine.
Après une vingtaine de kilomètres, les participants rejoignent Saint-Jean d’Aulps où une centaine de bornes est encore nécessaire pour rejoindre le pied du col de Joux Plane. Les difficultés s’enchaînent, à commencer par le délicat col du Corbier. S’en suivent des grimpées courtes, mais qui ne permettent pas de récupérer, nécessitant d’être toujours en prise. Même après le col de Jambaz, dernière difficulté répertoriée avant la montée qui surplombe Morzine, le chemin est truffé d’embûches avec des petites côtes, jamais bien longues, mais qui pèsent dans les jambes, avant un faux plat pour relier Taninges à Samoëns, au pied du col de Joux Plane où une petite bruine est venue s’inviter.
C’est là que Loïc Ruffaut met les voiles pour remporter une nouvelle épreuve avant les échéances principales de juillet. Supérieur physiquement, il n’est pourtant pas au bout de ses peines et se retrouve sur un mauvais chemin à quelques kilomètres de l’arrivée ! Heureusement que son avance est conséquente (près de 4 minutes au sommet de Joux Plane) et qu’il sera encore en tête au moment d’aborder le dernier kilomètre en montée qui sert à rejoindre le lac de Montriond, décor enchanteur qu’est cette étendue d’eau bordée par une forêt et surplombée par les montagnes enneigées. L’organisation viendra d’ailleurs se confondre en excuses auprès de celui qui l’emporte en 5h05’32 ».
Ce petit couac finalement sans conséquence ne doit pas cacher la bonne tenue de l’organisation qui sait mettre ses participants en sécurité grâce à un bon fléchage, et des voitures et des motos bien présentes. Les carrefours sont globalement bien tenus et tout le monde pourra trouver son compte aux ravitaillements, que l’on soit pâte de fruit, fruits secs ou même salé. Après la traditionnelle pasta party, la cérémonie de remise des prix peut commencer avec des lots toujours appréciables (un casque et un forfait de ski dans la station de Morzine). Mais le plus beau cadeau est peut-être finalement le lieu d’arrivée qui permet, pour ceux qui le veulent, d’aller tremper les jambes dans le lac de Montriond. Une bonne manière de se détendre avant l’enchaînement des cyclos de haute montagne qui nous attend !
Classement 160 km :
1. Loic Ruffaut en 5h05’32 »
2. Frederic Ostian en 5h05’58 »
3. Rodolphe Lourd en 5h13’15 »
4. Jerome Phanon en 5h15’31 »
5. Jean-Francis Pessey en 5h15’40 »
6. Patrick Gueraud en 5h18’53 »
7. Clement Tschopp en 5h19’31 »
8. Tjeerd Van Der Schaaf en 5h22’42 »
9. Joost Bakker en 5h22’47 »
10. Marc Clermidy en 5h22’54 »
Classement 110 km :
1. Jeremy Brunello en 3h08’27 »
2. William Turnes en 3h12’30 »
3. Edouard Berger en 3h14’05 »
4. Cedric Paluello en 3h16’26 »
5. Romain Bouther en 3h17’48 »