C’est en plein cœur d’un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO au titre de paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen qu’il a été donné de rouler deux mois plus tôt que d’ordinaire puisque la Midi Libre Cycl’Aigoual, pour sa 16ème édition, a avancé sa date à l’entame de l’été plutôt qu’à sa sortie. En Lozère, dans le sud du Massif Central, les Cévennes offrent un paysage de montagnes tressées de profondes vallées, le mont Aigoual marquant la lisière entre la Lozère et le département voisin du Gard. C’est là, dans le pays viganais, que se tient chaque année la Midi Libre Cycl’Aigoual, une organisation tenue par l’épatant Denis Boissière, un vrai passionné qui s’investit à tous les échelons de son organisation avec une poignée de bénévoles bien présents, sur les motos comme aux carrefours.
Plusieurs changements pour cette édition 2015. Une nouvelle date au début de l’été, on l’a dit, mais aussi un nouveau site de départ/arrivée à L’Espérou, à 1300 mètres, soit dans la montée du Mont Aigoual. Dès lors, c’est en convoi sécurisé que les cyclos auront été conduits jusqu’au Vigan, 27 kilomètres plus bas, pour le départ réel d’une épreuve proposée sur deux formats : 147 et 106 kilomètres. Un départ réel par handicap, les plus anciens devant, les plus jeunes derrière, avec peu d’écarts toutefois entre les groupes. Une formule qui a pour effet d’éparpiller un peloton qui aura péniblement franchi la barre des 300 participants sur l’ensemble des parcours en dépit d’une météo exceptionnelle. Mais la Lozère n’est pas facile d’accès pour tous et la concurrence était rude en ce dernier week-end de juin.
Faute d’un énorme peloton, on y retrouve l’aspect convivial qui est la qualité première de ce type d’épreuve, plus intime, plus abordable au niveau des tarifs, avec des prestations à la hauteur et un très bon repas à l’arrivée. Très bonne note aussi à l’organisateur qui s’est adapté aux conditions météos avec l’ajout de ravitallements en eau. Une réactivité forcément appréciée en ce jour de forte chaleur.
Mais le point fort de la Midi Libre Cycl’Aigoual, on l’évoquait, c’est son parcours ! 3000 mètres de dénivelé sur le grand parcours, ce n’est pas rien, et surtout l’impression d’avoir fait un effort aussi rude que dans une cyclosportive alpestre. Les routes du Gard et des Cévennes donnent toujours le sentiment de monter. On pédale dans les ascensions forcément, mais aussi dans les descentes, il suffit de regarder la vitesse du vainqueur, à peine 36 de moyenne, pour saisir l’intensité de cette épreuve.
Au rang des difficultés, Denis Boissière avait annoncé une « grande première mondiale » avec la montée de Salagosse, une ascension de 15 kilomètres avec un passage en béton sur 3-4 kilomètres et des pourcentages frôlant les 20 % ! Une grosse surprise pour l’ensemble des concurrents, personne ne s’attendant à une telle vacherie, sélective, qui restera dans les mémoires. Seul bémol, Salagosse était aussi à franchir par les cyclos du petit parcours, des gens qui n’ont pas forcément l’entraînement pour faire de grandes distances et pas toujours les braquets adéquats. Si les cyclosportifs aguerris y trouvent leur compte, une telle difficulté est à notre sens une erreur sur le petit parcours.
Le col de Mouzoulès puis le col du Minier, vraiment magnifique, dans lequel on prend la peine de lever la tête du guidon pour admirer le paysage et les vallées très encaissées dans lesquelles on prend vite du dénivelé, se succèdent avant la montée finale vers L’Espérou sur les pentes du mont Aigoual. La chaleur aura compliqué la tâche, le goudron fondant par endroits, et le final semble interminable sur ces routes sans fort pourcentage, 4/5 %, mais interminables dans lesquelles on guette le sommet à chaque virage.
Sur cette course par handicap, les jeunes auront vite rattrapé les anciens… à l’exception de Jean-Luc Chavanon, qui aura tenu bon jusqu’au bout dans cette cyclo où on pète à l’usure. Beaucoup auront commis l’erreur de partir vite, tout le monde voulant rattraper les autres sans se faire rattraper soi-même. Chavanon, à qui la moyenne montagne convient bien, aura néanmoins été le plus costaud. Il s’impose en 4h06’05 » devant Stéphane Cheylan (4h11’14 ») et Camille Sola (4h11’45 »). Un classement à la pédale. Karine Saysset 22ème s’impose en 4h18’12 » chez les dames. Sur le petit circuit, victoire de Florian Dagorne en 2h51’00 ».
A noter que les prix auront été remis par la marraine de l’édition 2015 Christel Ferrier-Bruneau. L’ancienne championne de France de cyclo-cross, qui a participé à la cyclo sur le 106 kilomètres, a remis les lots et s’est montrée très disponible, très souriante comme toujours.
Classement 147 km :
1. Jean-Luc Chavanon (Eco Cyclo-Team Chamrousse) en 4h06’05 »
2. Stéphane Cheylan (Team Scott-Vélo 101-Risoul) en 4h11’14 »
3. Camille Sola (Team Montagnac AC) en 4h11’45 »
4. Guy Fulcrand (Millau) en 4h17’01 »
5. Thierry Ferrer (CC Corneilhan) en 4h22’58 »
6. Dominique Chabert (SC Nîmes) en 4h23’05 »
7. Philippe Roustit (CC Corneilhan) en 4h25’55 »
8. Philippe Danglot (ALVC Valence d’Agen) en 4h26’14 »
9. Jean-Luc Ricard (CC des Violettes) en 4h26’20 »
10. Pierre Laussel (VS Saint-Africain) en 4h28’03 »
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22 et 1ère Dame. Karine Saysset (Team Montagnac AC) en 4h18’12 »
Classement 106 km :
1. Florian Dagorne (Team Montagnac AC) en 2h51’00 »
2. Vincent Cantoni (Team Montagnac AC) en 2h51’01 »
3. Nicolas Jeanjean (Team Montagnac AC) en 2h53’52 »
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14 et 1ère Dame. Christel Ferrier-Bruneau (Béziers Méditerranée Cyclisme) en 3h02’40 »