La 14ème édition de la Marmotte d’Olt s’est parfaitement déroulée à Saint-Geniez d’Olt. Manche du trophée national Ufolep, elle est d’une organisation parfaite sur tous les plans et n’a rien à envier aux épreuves labélisées FFC ou autres. 623 participants ont donc affronté les conditions hivernales du 20 juin 2010 sur le plateau de l’Aubrac. C’est simple, si on a vu beaucoup de marmots, que ce soit à l’ouvrage sur l’organisation ou sur notre passage dans Saint-Geniez après la première boucle qui chauffe les cœurs et les muscles avant d’affronter la côte de Verlac, on n’aura pas eu le loisir de voir les marmottes, si elles cohabitaient avec les vaches Aubrac sur le plateau du même nom, il faisait un temps (0,5° au plus froid) à ne pas sortir de l’hibernation.
Disons qu’en 2010, l’Aubrac est passé de l’hiver à l’été directement, mais peu importe, sous la neige et le grésil, c’est toujours aussi beau, aussi sauvage, aussi unique. C’est pour ça que la Marmotte d’Olt est à faire au moins une fois pour être sûr d’y revenir encore et encore car elle est assurément la cyclo où on goûte le terroir d’un bout à l’autre de A comme aligot, qui est passé comme une lettre à la poste après tant d’efforts réfrigérés, à Z comme zerbes sauvages qui peuplent les paysages à couper au couteau qu’on traverse, la lame à l’œil pour ceux qui n’ont pas mis les lunettes tant le froid est piquant, pas seulement parce qu’on traverse le village de Laguiole où le paysage tranche avec celui de la fin de parcours et la vallée du Lot nettement plus touristique mais pas moins superbe.
Trois parcours étaient proposés : 75 kilomètres (1356 m), 100 kilomètres pour la Marmottine (1949 m) et la Marmotte et ses 165 kilomètres, avec 2741 mètres de déclivité positive. 100 classés sur le petit parcours, 296 sur le moyen, et 149 sur le grand parcours dont plus de 7h40 pour ceux qui auront mis le plus de temps à venir apprécier les douches bien chaudes, quel plaisir ! Et l’aligot-saucisse grillée fait par un buronnier typique et super bon selon les vrais spécialistes du coin.
L’invité d’honneur 2010 était Frédéric Moncassin, venu dans le plus parfait état d’esprit « plaisir » vêtu de la tenue de l’équipe de France, il s’est laissé décrocher progressivement pour saluer et taper la causette avec des coureurs dont il a découvert que chacun, à son niveau, se dépouille pour donner le meilleur de lui-même afin de n’avoir rien à regretter à l’arrivée et pouvoir refaire le match, c’est-à-dire regarder et commenter le classement. Toujours souriant, disponible, de bonne humeur, Fred Moncassin assure sa reconversion de la plus belle des manières, il est à 100 % vélo, comme le nom de son magasin de cycles que le Tour de France visitera d’ici quelques semaines. Fred a été là d’un bout à l’autre, notamment pour les récompenses, pour ses anecdotes avec certains cyclos présents, ou sur ses pratiques en route comme en VTT.
On le disait, la Marmotte est sans conteste une des plus belles cyclos de France et même de Navarre pas si éloignée. Beaux parcours on l’a dit, fléchages impeccables, très grand respect de la nature par les coureurs, et accueil on ne peut plus aux petits oignons (à ne pas mettre dans l’aligot, pour la recette, contactez le rédacteur, on fera suivre !) avec polo personnalisé, pot de miel de l’Aubrac, cola local, barre énergétique, et bien sûr aligot party. Rien à dire si on ajoute tombola et récompenses où les heureux vont encore goûter au terroir car plutôt que des coupes, on remet des produits locaux histoire que les coureurs gardent en bouche le goût de ce terroir dont on ne se lasse pas.
Côté courses, sur des parcours usants, par le relief bien sûr, mais aussi par ce côté casse-pattes et par le macadam qui n’est pas spécialement fait pour les bons rendements même si les routes sont très bien entretenues, tous les coureurs méritent un grand coup de sombréro, deux jours après la victoire du Mexique sur nos sombres héros dont certains locaux n’hésitaient pas à dire samedi, que « si c’était moi, je les enverrais faire des footings sur le plateau de l’Aubrac ». On a vu dimanche l’effet que ça aurait pu leur faire à nos mecs si cons.
Cette 14ème édition présentait un plateau de coureurs homogènes, mais il fallait noter l’absence des trois premiers de l’édition 2009… Pas de Fallick, de Blanc et Argans, mais d’autres prétendants à la victoire. Départ groupé à 8h30 pour l’ensemble des concurrents engagés sur le 100 et 165 kilomètres, un petit feu d’artifice pour lancer les hostilités et voilà un joli gruppetto de 500 cyclistes qui part en campagne.
Le vent froid bien ressenti en fond de vallée laissait présager de dures conditions sur l’Aubrac, alors c’est avec une allure relativement cool que les cyclistes ont abordé les premières difficultés du parcours en direction de Saint-Laurent d’Olt et du Parc national des Grands Causses. Malgré quelques accélérations et de belles files indiennes, au détour de quelques descentes rondement menées sur routes mouillées, c’est un cortège groupé qui retraverse Saint-Geniez. Et là… Voilà les sportifs au pied de la difficulté principale, l’ascension du col de Verlac, une route étroite, sinueuse aux pentes irrégulières qui amènent les cyclosportifs à la croix de la Rode et à l’Abbaye d’Aubrac. C’est là que Piart et Decarvalho vont se faire la malle, profitant de leur gabarit de grimpeur pour filer en douce. Derrière, les groupes de niveau se sont formés et luttent face au vent froid et puissant. Seules les sublimes vaches Aubrac étaient présentes et faisaient sonner leurs cloches de soutien aux valeureux cyclistes.
A proximité du monastère, les circuits de 100 et 160 kilomètres se séparent. Les concurrents du 100 kilomètres poursuivent leur chasse derrière le Ruthénois Piart, qui parvient malgré tout à accentuer son avance, se faufilant au travers des routes en direction de Prades pour engager la longue descente vers la vallée du Lot et franchir la ligne en vainqueur devant un autre Aveyronnais, Barrosso, et le Narbonnais Cabrera, qui regèleront au sprint le groupe de poursuivants.
Sur le 165 kilomètres, un groupe de huit se forme et tente de revenir sur le Millavois Geoffrey Decarvalho. Un long chemin de croix débute pour ces hommes-là qui devront affronter un vent du nord glacial et puissant, balayant le plateau dénudé de l’Aubrac. Le grésil fait son apparition sur le secteur des stations de ski de Saint-Urcize et Laguiole… Pour un 20 juin, on aurait presque pu organiser un combiné vélo-ski de fond ! Malgré tous leurs efforts, ce groupe de chasse ne parviendra pas à reprendre le téméraire homme de tête qui aura su se mettre à l’abri. A une vingtaine de kilomètres de l’arrivée, Fréderic Taisse (AC Montagnac) flinguera à son tour et engagera une descente à tombeau ouvert pour s’emparer de la 2ème place alors que le Millavois Albouy réglera au sprint le groupe de chasse.
Sur le 75 kilomètres, c’est le jeune Alexandre Boulet qui s’impose devant ses aïeuls sur une épreuve où les plus jeunes et moins entraînés auront pris du plaisir et évité la rigueur du climat de l’Aubrac. Cette 14ème édition, malgré la concurrence de la grosse Ardéchoise et un nombre d’engagés un peu en baisse, restera dans les annales du sport par sa bonne organisation, la qualité et la beauté de ses parcours et par son climat hivernal en ce 20 juin…
Classement 165 km :
1. Geoffroy de Carvalho en 5h01’01 »
2. Frédéric Taisse (Montagnac AC) en 5h02’51 »
3. Dorian Albouy (CA Castelsarrasin) en 5h04’41 »
4. Dominique Azam en 5h04’41 »
5. Philippe Andouard (Saint-Juéry Olympique) en 5h04’42 »
6. Franck Martinez (UV Mazamet) en 5h04’43 »
7. Sébastien Vernhes (Guidon Decazevillois) en 5h04’46 »
8. Didier Dupuis (VC Saint-Yriex) en 5h05’46 »
9. Jean-Baptiste Trauchessec (Team Scott-Vélo 101) en 5h07’12″ù
10. Marc Lagrange (VC La Souterraine) en 5h15’02 »
Classement complet
Classement 100 km :
1. Mickaël Piart (Team Aveyron VTT) en 3h08’53 »
2. Jean-Paul Barroso (ECVD) en 3h13’02 »
3. Alexandre Cabrera (VS Narbonnais) en 3h13’03 »
Classement complet
Classement 75 km :
1. Alexandre Boulet (ECVD) en 2h25’29 »
2. Xavier Lavaill (Roue Libre Gignacois) en 2h25’34 »
3. Emmanuel Villevieille (Energy Cycle Mozac) en 2h29’44 »
Classement complet