Quoi de mieux que d’aller prendre le frais sur le plateau d’Aubrac quand, le matin à 8 heures, il fait déjà 16 degrés à Saint-Geniez d’Olt, le célèbre village des Marmots. Enfin, les cyclosportives sont entrées dans l’été, même si, sur l’Ardéchoise la veille, les routes et les espoirs de certains ont été douchés. Encore une fois, la 17ème Marmotte d’Olt a tenu toutes ses promesses. Du monde : un peu plus de 700 participants, mieux qu’en 2012. Une super ambiance, une organisation très efficace, un accueil au départ et à l’arrivée cinq étoiles, des parcours à couper le souffle et des courses avec de beaux vainqueurs. Car la Marmotte, si elle n’a pas le prestige de l’autre, ça se mérite et c’est vraiment physique, surtout quand les 25 derniers kilomètres sont exposés au vent et qu’on est en prise d’un bout à l’autre des 100 ou 150 kilomètres.
À Saint Geniez d’Olt, tout commence le samedi soir pour ceux qui ont la bonne idée de venir de loin. Pas de stress aux retraits de dossards, tee-shirt, plus des petits cadeaux en plus de la plaque et du dossard. Et puis c’est le marché nocturne en plein coeur du village avec tables à même les rues, musique, spécialités locales à emporter (au choix, aligot, truffade, escargots, fouace, vins et bière, etc.). Bref, pas forcément idéal pour la course du lendemain, mais bien sympa à vivre et une bonne façon de se mettre dans l’ambiance.
Dimanche matin 8h30, c’est le départ au son du canon, histoire de réveiller ceux qui ont bien fêté la veille. Un hommage à Louis Trousselier, un Aveyronnais qui a gagné le Tour en 1905 est donné avant le mot du maire qui fait le Marmousset : 73 kilomètres, avec à peine autant de kilomètres dans les jambes depuis le début de l’année ! 100 et 150 kilomètres mélangés, ça promet un départ nerveux. On voit le vainqueur de l’an dernier Jérémy Loubeau, Franck Parolin, pas mal de vététistes, et encore plus de coureurs « locaux » de Lozère, de Toulouse, et tous les départements limitrophes. Mais aussi les leaders du trophée national UFOLEP dont la Marmotte d’Olt est le 5ème opus.
Après la neutralisation qui permet de traverser le village en toute quiétude, c’est la côte de la Crouzette qui éclaire le peloton et permet à chacun de trouver ou d’essayer de trouver sa place, avant les paysages à couper le souffle de l’Aubrac. Il y en a pas mal qui ont le souffle coupé faute de s’être assez échauffés ou parce que trop diésels ! La première originalité de la Marmotte d’Olt (comme la Lozérienne à La Canourgue) c’est qu’après une heure de course, on retraverse Saint-Geniez, histoire de voir que les encouragements ont monté d’un ton. Un passage sur le pont du Lot (là où on a le symbole de la ville, les deux enfants et la marmotte) et c’est parti pour la côte de Verlac, porte d’entrée si on peut dire vers l’Aubrac, 3ème relief visité après le Causse et ses moutons, la Vallée du Lot et ses super endroits pour la pêche à la truite ou au brochet.
La côte de Verlac c’est un peu le Ventoux des Aveyronnais. On part de 433 mètres pour arriver à 1063, le tout en 10 kilomètres, avec des passages sévères aux alentours des 10 %, la plupart du temps à l’ombre. C’est la bosse qui aura décanté la course sur les deux parcours de 150 et 100 kilomètres. Au sommet, 1er ravito, et bifurcation option à gauche pour le 100 kilomètres, légèrement modifié cette année, qui s’en va rejoindre le col d’Aubrac par la croix de la Rode, point culminant des deux parcours à 1391 mètres. Sur ce parcours, Dominique Balitrand, deuxième en 2012, battu au sprint, a préféré prendre les devants dès Verlac et augmenter son avance par la suite. Ce, malgré la chasse menée par un quartet dont les coureurs du club de Saint-Chély d’Apcher : Philippe Gibert « l’élève » et Jean-Baptiste Trauchessec « le maître » qui n’aura pas ménagé ses efforts. En vain puisque Balitrand gagne en 2h59’28 » alors que le duo termine en 3h02’54 » devant Rémi Case et Jérôme Cabassot. Chez les féminines, c’est la famille Azam qui sort son premier atout avec Emeline qui finit 66ème en 3h33’25 ». 255 participants sont classés sur ce parcours qui l’emporte d’une courte tête sur le parcours 150 kilomètres.
Pour le grand parcours, c’est aussi Verlac qui a décanté la situation, comme à leur bonne habitude, les frangins Couffignal ont observé, jaugé et attaqué de concert. Histoire de marquer le célèbre dicton, « les deux font la paire » ou tout simplement, la fête des paires, voire même pour casser le rythme trop pépère à leur goût. On s’égare, mais le parcours, lui, est bien fléché, direction la Croix du Pal, le Fromental, le col de Bonnecombe à 1340 mètres, et le plateau de l’Aubrac à perte de vue. Avec une telle météo, dommage de ne pas lever la tête du guidon, pour les premiers qui auront leurs récompenses plus tard. Mais pour les autres qui veulent s’en donner la peine, c’est un paysage immense de roches millénaires, de ruisseaux ou des lacs qui n’ont rien d’artificiel, de troupeaux de belles aubrac impassibles et aux yeux sublimes. Le tout coloré de jaune des genêts qui sont enfin en fleur et qui nous font gentiment transiter vers le Tour de France dans moins de deux semaines. Tout ça sur des kilomètres et des kilomètres, jusqu’au col d’Aubrac, avec passages à Nasbinals, Aubrac et la « source » du célèbre aligot. On est à plus de 1300 mètres. Un temps superbe, vent dans le dos au début, que demander de mieux si ce n’est un paquet de coureurs, car, isolé ça ne dure jamais longtemps.
Côté sportif, Vincent et Matthieu Couffignal après leur coup finaud de Verlac, vont faire mieux que résister au groupe de cinq qui va les chasser sur tout le plateau. Puis sur le retour vers la vallée du Lot par Saint-Chély d’Aubrac puis Prades d’Aubrac, le tout avec un vent de face ou de côté, mais très usant à la fin d’un parcours qui n’est jamais synonyme de relâche, car fait de creux et de bosses. Tout simplement physique, même si, avec 2500 mètres de dénivellation sur 150 bornes, il est abordable par le plus grand nombre. 4h21’55 », c’est ce qu’il aura fallu à la paire Couffignal, ex aequo à 34,36 km/h de moyenne, Matthieu devant Vincent, pour l’emporter devant l’enfant du pays François-Xavier Blanc, émigré du côté d’Annecy chez Mavic, mais resté très proche de son Aveyron et des habitants de Saint-Geniez : comme on le comprend. Si les deux premiers sont roue dans roue, il faut 9′ de plus au 3ème pour franchir la ligne d’une cyclo qu’il souhaite tant gagner un jour, histoire d’être le premier marmot sur « sa » marmotte.
La boisson fraîche à l’arrivée fait le plus grand bien, avant la douche et surtout le célèbre aligot avec le morceau de roquefort et la fouace (entre autres). Tout ça, servi par des bénévoles toujours avec le sourire, et avant la remise des prix, toujours trop longue (trophée Ufolep oblige), même si les gens restent attablés tranquilles, et en attendant le tirage de la tombola et son gros lot, des roues Mavic, une paire, ça va de soi !
En conclusion de cette belle journée, où on a pu enfin sortir la panoplie d’été, il faut remercier et féliciter toute l’équipe d’organisation du nouveau président Christian Wattequand. On ne peut conseiller à ceux qui veulent se faire plaisir dans des paysages qu’ils voient rarement, de venir découvrir cette très belle cyclo, selon la plus « terroir » du plateau (d’Aubrac) à la table. On en prend plein la vue et plein les papilles, que demander de plus. Le Trophée Ufolep se dirige maintenant vers Ambert et les Copains, le 7 juillet, un autre rendez-vous qui respire la convivialité.
Le témoin Vélo 101… Dominique Azam (Vélosport Saint-Affricain)
Dominique, c’était la 17ème édition de la Marmotte d’Olt cette année, mais combien de fois l’avais-tu faite auparavant, toi l’Aveyronnais ?
Je ne sais pas moi-même, je l’ai fait sept ou huit fois environ. C’est toujours un plaisir, mais c’est toujours aussi dur. J’ai même l’impression que c’est de plus en plus dur. Surtout aujourd’hui avec le vent. Il y avait beaucoup de jeunes, et c’est parti vite dans la principale difficulté. C’est difficile de suivre. En fait, il y a deux courses : celles des plus forts, et derrière on fait ce qu’on peut !
Qu’aimes-tu particulièrement dans cette cyclo ?
Il y a toujours une bonne ambiance, les paysages sont super, même si on commence à les connaître par cœur. C’est ouvert à tout le monde et on retrouve des gens de notre âge, ce qui nous met plus à l’aise.
Tu gères également un magasin de cycles. Les cyclosportives sont-elles aussi pour toi un moyen de rencontrer des clients ?
Oui, un peu. Je pense que je commence à être connu depuis le temps où je cours. On est sponsor du Vélosport, c’est pour cela que le nom de l’enseigne est inscrit sur les cuissards.
As-tu ressenti les effets du printemps pourri sur tes affaires ?
C’est vrai que les mois de mars et avril ont été difficiles, mais ça s’est réveillé au mois de mai. Malgré le temps, on a sauvé les meubles. Globalement, ça se maintient d’une année sur l’autre.
Présente-nous ton club.
C’est un club essentiellement vélo. C’est un petit club, une petite structure dans une petite ville. On est une trentaine de licenciés. Nous avons la double affiliation FFC et UFOLEP. Même s’il y a plus de coureurs UFOLEP. Je suis un des seuls à courir en fédération à part deux ou trois jeunes. Personnellement, cela fait près de 30 ans que j’ai commencé le vélo.
C’était la fête des Pères, combien y avait-il de générations d’Azam au départ ?
Il n’y en avait que deux. Je ne suis pas encore grand-père ! Ma fille, Marion n’était pas là.
Elle a terminé 2ème de la manche de Coupe de France Espoirs de cross-country à Saint-Raphaël, en 2012, que devient-elle ?
Elle a connu une année 2012 assez galère, surtout en fin de saison. Elle a mis le vélo entre parenthèses. Elle continue de rouler un peu, mais elle ne fait plus de compétition, que ce soit en route ou en VTT. Elle fait des études de kiné. C’est vrai que cela a été difficile pour elle de concilier les deux. Elle a préféré arrêter le vélo cette année.
Ton fils Antonin faisait partie du Chambéry Cyclisme Formation, et il était également sur la cyclosportive…
Il est licencié à Grenoble, mais il n’était pas trop bien. Il a été victime d’allergies et il n’a pas fini.
À quelles cyclosportives participeras-tu d’ici la fin de la saison ?
Dimanche prochain, je ferai la Clément Koretzky-Cols d’Hérault. Pour la suite, je déciderai au jour le jour.
Classement 150 km :
1. Matthieu Couffignal (Velo Club Maursois) en 4h21’55 »
2. Vincent Couffignal (Velo Club Maursois) en 4h21’55 »
3. Francois-Xavier Blanc (Mavic Cercle Des Passionné) en 4h30’37 »
4. Charlelie Cantaloube (CSO Millau) en 4h32’16 »
5. Jeremy Privat (Velo Club Ruthenois) en 4h32’16 »
6. Jeremy Loubeau (Albi Velo Sport) en 4:32:17
7. Nicolas Bonnieu (CSO Millau) en 4h32:18
8. Dominique Azam (Vélosport Saint-Affrique) en 4h38’26
9. Jean-Pascal Roux (Team Scott-Velo 101) en 4h38’26 »
10. Jean-Paul Barroso (Entente Cycliste Vallon Dourdou) en 4h40’25 »
Classement 100 km :
1. Dominique Balitrand (Team Gso) en 2h59’28
2. Philippe Gibert (UC Saint-Chély) en 3h02’54
3. Jean-Baptiste Trauchessec (UC Saint-Chély) en 3h02’54
4. Remi Case (Velo Club Lezovien) en 3h02’56 »
5. Jerome Cabassot (Velo Club Cambonnais) en 3h02’59 »
6. Philippe Randon (Team Montagnac Ac) en 3h03’24 »
7. Anthony Mouysset (Team 12) en 3h05’55 »
8. Guillaume Lagasse (Team Andevard Rotor) en 3h08’19 »
9. Nicolas Aumagg (Velo Club Cartelmayran) en 3h08’19 »
10. Jean-Francois Brusque (Velo Club Laissac) en 3h08’26 »
Classement 73 km :
1. Nicolas Prejet (Velo D’Olt) en 1h58’15 »
2. Christophe Marchand (ASS Montagnac ) en 1h58’15 »
3. Hugues Dijols (ASS Montagnac) en 1h58’18 »
4. Romain Breslavec (AS Ce Bosch) en 1h58’34 »
5. Yannick Falip (Velo D’Olt) en 1h58’43 »
6. A Dezerbi (UCD Requista) en 1h59’45 »
7. Lucas Petit (Bike Tarn Sud) en 2h00’33 »
8. Guillaume Loubeau (Saint-Juery Olympique) en 2h01’38 »
9. Olivier Fabre (ASS Montagnac) en 2h01’55 »
10. Florian Cavaille (Saint-Juery Olympique) en 2h01’55 »