Jour de repos ou presque disions-nous hier pour le contre-la-montre du Granon, première du genre sur une cyclo. C’est entendu, les lendemains des jours de repos sont souvent difficiles à gérer pour certains, en tous cas, plus faciles pour d’autres. C’est un peu ce que nous avons vécu aujourd’hui sur cette 5ème étape entre Serre-Chevalier qui nous a remarquablement accueillis sur trois journées, et Pra Loup, une des capitales mondiales du vtt, en particulier du vtt/Trial.
Comme c’est devenu classique sur la Haute Route, le départ est donné tôt afin d’éviter les grosses chaleurs, mais surtout pour laisser aux coureurs la possibilité de bien récupérer et de profiter de l’accueil des stations qui ont parié sur la réussite de cette première, réussite qui se matérialise jour après jour.
7h30 ce matin à Salles-les-Alpes, 13° pas plus, autant dire que pour descendre sur Briançon et le début du parcours chronométré, chacun a pris ses dispositions « anti-frais » car le départ est plutôt frisquet surtout avec 7 kilomètres en descente.
Festival de manchettes, coupe-vents, feuilles de journal, voire restes de couvertures de survie pour d’autres, le début de l’Izoard va permettre à tous de se réchauffer bien vite, même si le pied de la partie nord du col se fait sans trop d’à-coups, comme si les coureurs à l’avant savaient ce qui les attend, non seulement côté cols mais aussi côté vallées, avec notamment le Guil puis la vallée de l’Ubaye pour rejoindre le pied de Pra Loup, là où Merckx avait subi un coup de bambou et où Thévenet avait commencé à tricoter son maillot jaune.
Monté par le côté « refuge Napoléon » près du sommet, l’Izoard est plus abordable, 20 kilomètres d’ascension au milieu des sapins, c’est surtout après Cervières que les choses sérieuses commencent et c’est à environ 5 km du sommet que la poudre va parler et que les dynamiteurs vont se dévoiler. Les degrés de pente et les degrés Celsius grimpent au fur et à mesure, et c’est l’Américain Benjamin Blaugrund, le premier leader de la course solo qui allume la mèche. Il est aussitôt suivi de Peter Pouly, leader du classement duos mixtes, Jean Broudeur-Richard Scales qui, eux roulent vraiment en équipe (au point de faire 5 et 6èmes du clm d’hier!), et enfin Michel Roux, leader du classement solo avec son suivant: Jean-Baptiste Trauchessec. La descente va s’effectuer à six, pourtant avec le sommet de la première difficulté placée à plus de 80 km de l’arrivée, rien n’est joué.
Dans la longue vallée du Guil, près de 20 km sans vent, autre avantage de partir tôt, le groupe de tête va se renforcer, d’abord avec Hervé Gilly dont la passé de motard en fait sans doute le meilleur descendeur de cette Haute Route, puis par un groupe d’environ 15 coureurs. Tout ce petit monde va rallier Guillestre et le pied du col de Vars, 2109 mètres d’altitude. Le pied se monte au train, et c’est Nicolas Raybaud qui mène le plus souvent, jusqu’au moment où les plus costauds vont embrayer.
De nouveau c’est le remuant Blaugrund, déçu d’avoir perdu son beau maillot jaune mardi, qui attaque en premier à 10 km du sommet, seuls Peter Pouly et Jean Broudeur vont suivre, 30 mètres, 50 et sur une partie un peu plus roulante, l’écart est fait et irrémédiablement. Jean-Baptiste Trauchessec puis Michel Roux, à la rupture, vont lâcher prise et laisser s’égrener les secondes puis les minutes, non seulement au sommet, très venteux, plus de 3′ entre le trio et Michel Roux, mais surtout dans la longue descente puis la vallée de l’Ubaye, via Jauziers et Barcelonette, avant d’attaquer la montée finale.
La seule interrogation du jour reposait sur la traversée de Barcelonette, toujours très encombrée de voitures, en fait, l’organisation avait fait le pari de longer l’Ubaye, pour attaquer la montée vers Pra Loup, choix judicieux, car la route est peu fréquentée, avec quelques dos d’ânes, et avec un macadam d’assez bonne qualité.
Pour les 8 kilomètres de la montée finale qui amenait les coureurs à 1598 mètres, la dernière arrivée au sommet de cette Haute Route, le débat s’est vite résumé à un mano à mano, terminé par une arrivée en duo, remportée par Peter Pouly. Jean Broudeur laisse le duo à 1’46 » qui a très vite fait demi-tour pour encourager son équipier Richard Scales, 5′ derrière lui; comme on le disait plus haut, une vraie course d’équipe et d’équipiers. Attendus en 4h30, les vainqueurs du jour ont mis 50 minutes de moins que prévu, ils l’emportent en 3H40’25 », alors que les derniers arrivants vont avoir 1 heure d’avance sur l’horaire le plus pessimiste.
Pour le classement solo, le suspense reste entier puisque Michel Roux débourse 9’18 » sur l’Américain Benjamin Blaugrund, il conserve son maillot jaune mais n’a plus que 6’34 » sur le grimpeur de Boulder (Colorado).
Décidemment rien n’est joué, et les deux étapes à venir vont nous dire si on va vivre une promenade du Français ou une promenade de l’Américain pour arriver sur la promenade des Anglais, en tous les cas, pas une promenade de santé ! Ce classement solo hommes, est le seul sur lequel la différence reste à faire, pour tous les autres: solo femmes: Stéphanie Gros, duo hommes: Jean Broudeur-Richard Scales, duo mixtes: Peter Pouly-Karine Saysset, les choses sont presque entendues, même s’il faut avant tout être sur la ligne d’arrivée pour fixer les données.
Depuis Genève, la Haute Route tutoie les cols mythiques, la plupart du temps situés au delà des 2000 mètres, là où sont placés les ravitaillements solides et liquides, autant dire qu’avec la météo, toujours au beau fixe, ceux qui gèrent ces ravitos: Didier Mariez et Christian Dauvergne comme tous les coureurs qui prennent le temps de s’arrêter, en prennent plein la vue sans avoir besoin d’enfiler les sweats ou autres manches longues.
Côté paysages, le journée de demain s’annonce haute en couleur puisque la Haute Route va enjamber la plus haute route d’Europe avec le passage à la cime de la Bonette: 2802 mètres, à l’occasion de l’étape Pra Loup/Auron.
Classement 5ème étape scratch :
1. Peter Pouly (FRA) les 119 km en 3h40’25 »
2. Benjamin Blaugrund (USA) m.t.
3. Jean Broudeur (FRA) à 1’46 »
4. Richard Scales (USA) à 6’47 »
5. Michel Roux (FRA) à 9’18 »
6. Jaka Jausovec (SLO) à 11’49 »
7. Zack Vestal (USA) à 11’59 »
8. Gérald Carrier (FRA) à 12’17 »
9. Nico Petzka (ALL) à 12’18 »
10. Daniel Fricker (FRA) à 12’39 »
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23ème et 1ère féminine Karine Saysset (FRA) à 30’19 »