D’ores et déjà, la 3ème étape de la Haute Route restera dans les mémoires, pas seulement par les bouleversements qu’elle a provoqués au général catégorie solo hommes, mais surtout par la difficulté de cette seule étape marathon de l’édition 2011.
169 kilomètres au programme entre Bourg Saint-Maurice et Serre-Chevalier/la salle les Alpes, dont 32 neutralisés jusqu’à La Léchère-les-bains, le pied de la Madeleine, puis les 28 derniers entre le sommet du Galibier et le finish. En fait tout fonctionne comme si les coureurs n’avaient pas besoin de s’échauffer pour faire le départ, tout en décrassant juste ce qu’il faut pour rallier l’arrivée et le ravito bien mérité. Départ à 7h15, et même plus tôt car les coureurs étant tous hébergés aux arcs, il s’agissait de redescendre à Bourg, non pas en vélo, mais en téléférique, une première pour une première édition, histoire de ne pas prendre froid avant les grandes chaleurs qui nous accompagnent depuis Genève.
La neutralisation est certes longue, mais sur la nationale 90, qui plus est avec des travaux, elle est nécessaire, avec trois vagues de coureurs espacées par les motards de l’organisation. Entrée-plat-dessert, disions-nous hier. On dira qu’aujourd’hui, le menu était encore plus corsé avec la Madeleine – décidemment le menu est alléchant ! – puis le Télégraphe et enfin le Galibier centenaire et majestueux. 4000 mètres de dénivellation positive, la journée promettait d’être longue, et elle l’est puisque le 50ème est déjà pointé à 1h17’55 » de la tête du scratch.
Madeleine en entrée, point culminant à près de 2000 mètres (1993 en fait), une première partie assez roulante mais où les dégâts vont déjà être constatés sur une attaque de Nicolas Raybaud, encore lui, et suivi comme son ombre par Benjamin Blaugrund, le leader du général depuis le premier jour avec 7’16 » sur le premier attaquant du jour. Ces premières escarmouches ont aminci le paquet de tête qui s’est reconstitué provisoirement avant Celliers, là où commence vraiment la Madeleine et ses forts pourcentages. C’est là que Jean-Baptiste Trauchessec du team Scott-Vélo 101-Risoul allait s’isoler pour basculer en tête au sommet, sans prendre le temps de s’arrêter au ravito, histoire de profiter de la vue splendide encore une fois des Alpes version Maurienne que nous avons abordé aujourd’hui. Derrière lui, les principaux leaders des différents classements, notamment Peter Pouly qui fait équipe en duo mixte avec Karine Saysset qui a terminé première des 2 étapes précédentes, Benjamin Blaugrund, leader du général solo, Michel Roux son second, Nicolas Raybaud, et les leaders du classement duo hommes : Richard Scales et Jean Broudeur. C’est vers La Chambre au kilomètre 81 que le regroupement général s’est effectué, un repris: Trauchessec et un qui revient de l’arrière: Hervé Gilly. Pas trop de 9 pour affronter la vallée de la Maurienne, 25 kilomètres, vent de face qu’il vaut mieux affronter en relayant plutôt qu’en file indienne avec un seul meneur.
La décision va se faire dans le Télégraphe, à la pédale, d’abord Gilly décroche, puis le duo Broudeur-Scales, ils vont rester 4 mais pas pour longtemps, attaque de Blaugrund, suivi de Trauchessec, les deux repris c’est Michel Roux qui contre, encore frustré d’être revenu mourir à quelques mètres des premiers aux Arcs hier; seul Peter Pouly va le suivre et c’est parti pour un mano à mano d’un demi Télégraphe, une descente et une montée de Galibier soit près de 35 kilomètres. Seul le style diffère, Peter Pouly, victime d’une fringale hier mouline au maximum pour éviter de brûler trop de sucres alors que Michel Roux met davantage de braquet (gros plateau sur la montée du Télégraphe) pour éviter de trop faire monter le cœur, l’âge, l’expérience et la connaissance de soi font la différence.
Au sommet, ce sont deux duos qui se succèdent, pas pour très longtemps en ce qui concerne le deuxième, le duo Franco-Américain Blaugrund-Trauchessec, où un maillot jaune qui s’effile au fil des kilomètres.
La traversée de Valloire effectuée, le deuxième ravito avalé, c’est la montée du Galibier qui a décidé pour son centenaire d’être au beau fixe quoiqu’il arrive pour cette année 2011, tant qu’à taquiner les 2645 mètres autant que ça soit avec vue imprenable sur l’espace infini en attendant la vue sur la glacier de la Meije tout au bout des 19 km de montée, au beau milieu des dizaines d’amoureux de vélo venus défier le géant Mauriennais.
En haut de ce qui restera comme une grande première, l’arrivée d’une cyclo au sommet du Galibier, une autre première pour la première Haute Route, c’est Michel Roux qui l’emporte en 4h21’50 ». Quoi de plus beau pour ce pur cyclo qui a voulu se mettre au trail mais que la raison a ramené au vélo, pour notre plus grand plaisir. Double plaisir, il prend le maillot jaune de leader du général solo. Peter Pouly prend la deuxième place mais les deux gaillards sont à associer dans les félicitations tant ils ont couru avec leurs jambes mais aussi avec leur tête tout au long de cette journée.
Derrière, pas besoin de photo-finish, parmi les 50 premiers, à part les deux premiers, on ne retrouve que des arrivées solo chez les hommes comme chez les femmes. Les coureurs français sont à l’honneur aujourd’hui puisqu’ils trustent les 7 premières places, Jean Baptiste Trauchessec 3ème, à 5’46 », Nicolas Raybaud à 10’44 » puis 5ème Stanislas Richard à 12’13 ».
Chez les femmes c’est Andréa Scharrer qui l’emporte, elle est troisième au général des duos mixtes derrière Karine Saysset-Peter Pouly, et le duo Paolo Greco-Dorina Vaccaroni (championne olympique de fleuret à Barcelone). En féminines solo, c’est Stéphanie Gros qui conforte son leadership, ele termine 45ème au scratch 5h37’41 ».
Fin d’après-midi à Serre-Chevalier où tous les horaires ont été décalés, histoire de tenir compte des délais plus longs que prévus, mais chacun s’adapte, à commencer par l’organisation, dont chacun reconnaît le professionnalisme et la capacité d’adaptation au monde cyclosportif, surtout quand on multiplie les plaisirs par 7.
Demain, peu de kilomètres, mais bien intenses, puisque c’est le contre-la-montre du Granon, entre Saint Chaffrey et le sommet, soit 12,5 km. Le record de 40’15 » détenu par Yann Durand ne devrait pas tomber, chacun digérera sans doute au mieux les 3 premières étapes tout en anticipant la suite du programme. Pour cette nouvelle grande première dans le monde cyclosportif, un fameux descendeur: Luc Alphand sera présent sur le vélo.
Ps : Nous vous avions demandé, lors du compte-rendu de la deuxième étape, de nous indiquer comment appelait-on les habitants de Praz-sur-Arly. Malgré quelques réponses…pralinées, il s’agit bien des Pralins et des Pralines ! Merci à ceux qui se sont pris au jeu !
Classement 3ème étape scratch :
1. Michel Roux (FRA) les 169 km en 4h21’50 »
2. Peter Pouly (FRA) m.t.
3. Jean-Baptiste Trauchessec (FRA) à 5’46 »
4. Nicolas Raybaud (FRA) à 10’44 »
5. Stanislas Richard (FRA) à 12’13 »
6. Jean Broudeur (FRA) à 13’14 »
7. Hervé Gilly (FRA) à 14’02 »
8. Benjamin Blaugrund (USA) à 15’55 »
9. Gerald Carrier (FRA) à 17’05 »
10. Nico Petzka (ALL) à 21’39 »
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30ème et 1ère féminine Karine Saysset (FRA) à 54’39 »