« J’ai aussi été une des victimes de ces clous. J’ai quand même eu de la chance par rapport à d’autres, puisque je n’ai eu qu’une seule crevaison, et j’ai pu terminer l’épreuve. Je n’approuve évidemment pas l’irresponsable qui a répandu les clous, mais certains cyclos feraient bien de commencer par remettre en cause leur comportement. On a tous signé un engagement qui nous oblige, entre autres, à ne pas jeter nos déchets dans la nature. Or, la route était une fois de plus une vraie poubelle. On peut comprendre l’exaspération des riverains qui voient régulièrement leur environnement dégueulassé par des porcs. Je n’excuse rien, mais pour moi, le mec qui balance ses déchets par terre est aussi responsable de ce qui nous est arrivé que le mec qui a balancé les clous. »
L’auteur de ce post tiré du forum a parfaitement résumé, malheureusement, la journée de samedi et la Ventoux-Beaumes-de-Venise 2014, où la question dans l’aire d’arrivée était : « alors, toi aussi t’as crevé? » Sans doute pas loin de 200 crevaisons liées à un acte criminel, c’est lamentable, minable et ça démontre que la bêtise ne s’est pas arrêtée au mur de Péguère sur le Tour 2012. D’autant plus que les auteurs de ce geste ont remis ça, le 1er juin sur la journée vélo organisée dans les gorges de la Nesque à quelques kilomètres de là. De l’autre côté, le comportement irresponsable de beaucoup trop (qui ont même laissé leurs chambres à air après avoir réparé), est inadmissible et on souhaite que les organisateurs prennent leurs responsabilités et fassent que les pourceaux y réfléchissent à deux fois, sur leur prochaine cyclo.
Heureusement, il y a eu bien plein d’aspects positifs sur cette cyclo provençale qui marque l’entrée dans les cyclos de haute montagne, à commencer par les nombreux spectateurs et familles de coureurs qui ont fait le maximum pour dépanner avec des chambres à air, les pompes, les bombes anti-crevaison. Grand merci à tous, Anglais, Belges, Hollandais, Suisses, locaux. La solidarité a été sans frontières et aura permis de limiter les dégâts, si on peut dire.
La journée a été belle. Une super météo dès 8h30 sur la ligne de départ. Ça met du « beaume » au coeur et on sait qu’on va passer une bonne journée. Le parcours, royal, avec montée du géant par Bedoin, la Combe de Veaux, le Pas du Voltigeur pour le 102 kilomètres ou la vallée du Toulourenc puis Sault, le Ventoux jusqu’au chalet Reynard puis Bedoin, la Madeleine, et le col de la chaîne, Suzette, Lafare pour le retour sur Beaumes commun aux deux parcours. 2300 mètres de dénivelé, pour le parcours sénior et plus de 3500 mètres de dénivellation pour le master. Largement de quoi en mettre plein les yeux et surtout plein les jambes aux 1100 inscrits environ sans compter les 90 qui en ont rajouté (ou pas) sur la grimpée du Ventoux, le dimanche 1er juin.
Comme toujours, avec le Ventoux, on a une clientèle internationale : Belges, Hollandais, Suisses, Espagnols, Anglais. Ça cause plein de langues dans le sas de départ et on se dit que le mythe fonctionne toujours à plein, même les années où le Tour ne fait pas de détour par Bedoin, Malaucène (mais ça, c’était avant), voire Sault (mais ça n’est pas encore arrivé). Le départ a été légèrement modifié. On ne traverse plus les champs d’oliviers et de cerisiers en direction de Caromb directement, histoire d’éviter la route de Carpentras à trop forte circulation. Bref un léger détour pour rejoindre Bedoin. Ça part vite, ça frotte et au premier virage à gauche, chute et de la casse. On en profite pour souhaiter bon rétablissement aux blessés, dont Joakim Rossi, fracture du bassin, bon courage.
Dès le virage de Saint-Estève, ça embraye et la montée des premiers, en 1h10 à peu près, puis la descente vers Malaucène vont dégager un groupe d’un peu moins de 10 coureurs que les crevaisons, surtout des crevaisons lentes, vont amoindrir. Parmi ces cadors, seul Cédric Richard, inscrit sur le 102 kilomètres, accompagne ceux qui vont jouer les premiers rôles. A l’arrivée, à Beaumes-de-Venise, il met un wagon à ses suivants pour l’emporter en 3h22’16 » soit 7’30 » de mieux que Nicolas Agniel et près de 10′ sur Ludovic Colomb. Côté féminines, c’est Stéphanie Gros qui gagne en 4h06’48 ».
Pour lier les deux montées du Ventoux, la longue transition de la vallée du Toulourenc, (« le tout ou rien » en Provençal) pour décrire la rivière du même nom, rien de tel que voyager bien accompagnés. C’est le parti pris par les 7 mercenaires qui sont partis pour un long bout de chemin ensemble, un fleuve pas vraiment tranquille et une armada que va devoir abandonner Frédéric Ostian, dans la descente du Ventoux, crevaison, encore une. Ils sont donc six à avaler la Madeleine (à 448 mètres d’altitude) puis à enchaîner avec le col dont le sommet donne sur une vue imprenable sur les dentelles de Montmirail. Pas le temps de faire du tourisme pour ces six-là, c’est attaques incessantes de Nicolas Philibert, la plupart du temps, et sprint des cinq autres pour boucher le trou et ainsi de suite. Les coureurs du 102 kilomètres, repris au fur et à mesure, pouvaient raisonnablement se demander où était la ligne d’arrivée en voyant tout le monde à bloc, les mains au bas du guidon !
Résultat, comme personne ne veut lâcher, on va la jouer au sprint. Ou plutôt tenter de la jouer au sprint, car il faut bien le dire, le final, bien trop tortueux (ligne d’arrivée 20 mètres après le dernier virage), et des virages à angle droit est en deçà de ce qu’est le prestige de la Beaumes-de-Venise. Le faux-plat montant juste à l’entrée de Beaumes serait bien mieux adapté, même si la place de la mairie est très fonctionnelle, pour tout, sauf pour une arrivée au sprint. C’est David De Vecchi qui l’emporte en 5h23’17 », soit 31,5 km/h de moyenne, devant Kenny Nijssen, Nicolas Ougier, Patrick Fiorentino, Michel Roux et Nicolas Philibert, tous les six sont à féliciter. Les voir tous ensemble « refaire le match » sitôt la ligne franchie démontrait, si besoin était, que la bagarre avait été intense, mais le respect entre tous, certain. Chez les féminines, podium international avec la victoire de l’Allemande Caroline Kopietz en 6h07’07 ». 504 classés, les méritoires ultimes classés, le sont en 10h02’52 ».
Le grand Trophée va désormais poser sa caravane en Alsace avec les 3 ballons. Félicitations aux coureurs et aux organisateurs, n’oubliez pas, le Ventoux, ça vaut le détour et ça vaut le coup. Rendez-vous l’année prochaine.
Classement Masters (170 km) :
1. David De Vecchi en 5h23’17 »
2. Kenny Nijssen en 5h23’18 »
3. Nicolas Ougier en 5h23’18 »
4. Patrick Fiorentino en 5h23’18 »
5. Michel Roux en 5h23’19 »
6. Nicolas Philibert en 5h23’19 »
7. David Polveroni en 5h31’00 »
8. Pierre Chevalier en 5h31’27 »
9. Krzysztof Skupke en 5h31’46 »
10. Sjef Graafmans en 5h33’04 »
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42 et 1ère féminine. Caroline Kopietz en 6h07’07 »
Classement Seniors (102 km) :
1. Cédric Richard en 3h22’16 »
2. Nicolas Agniel en 3h29’57 »
3. Ludovic Colomb en 3h31’58 »
4. Jean-Philippe Mandelli en 3h32’54 »
5. Cédric Vanweerst en 3h33’04 »
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61 et 1ère féminine. Stéphanie Gros en 4h06’48 »