Le week-end dernier, c’était A Reginella, la cyclo corse par étapes, disputée sur deux jours ou sur une étape au choix. Samedi, un contre-la-montre en côte était organisé sur 12,3 kilomètres entre Sagone et le col Saint-Antoine (8 km à 5 %). Dimanche, la seconde épreuve s’est déroulée sur un parcours de 99 kilomètres autour de Sagone, avec un paysage entre mer et montagne tout le long. Les cyclos qui ont fait le déplacement en Corse ont découvert un paradis pour cyclistes… et les premières grosses chaleurs puisque la température s’est élevée à 33° au départ pour approcher les 39° dans certaines portions du col Saint-Antoine. Le choc thermique a marqué les organismes et rongé chaque coureur au plus profond de ses réserves. A l’image d’Eric Mela (VC Porto-Vecchio), les prétendants à la victoire ont sorti la grosse artillerie dans un contre-la-montre atypique, mais c’est finalement Cyrille Vincenti (SRC Bastia) qui est sorti vainqueur de cet enfer brûlant avec seulement 3 secondes d’avance sur le tenant du titre Nicolas Martin (AS Corbeil-Essonnes). La 3ème place a été obtenue par Eric Mela, qui est allé au bout de sa passion, parcourant les 12 kilomètres sans eau pour alléger sa machine au maximum… Déjà, chacun se préparait à la suite qui allait imposer un choix crucial aux coureurs.
Dimanche, 6h00, l’organisation met en place le départ. La pluie et le vent ont succédé au soleil brûlant. L’arche de départ n’est pas montée, les coureurs sont consultés, Marc Perruchot et Bastien Spada, les organisateurs, prennent la lourde décision de donner le départ. A 8h00 le vent a diminué mais la pluie persiste dans sa lente usure du moral des coureurs. Sur les 148 inscrits, 52 seulement prennent la décision de s’aligner au départ. La traversée de Sagone trempe l’ensemble des coureurs pour les prévenir que la course va être placée sous le signe de la maîtrise des freinages et des trajectoires !
L’approche de la tour génoise organise le peloton alors que la pluie cesse définitivement, le départ réel est lancé 200 mètres après la sortie du village départ. Immédiatement, un rythme d’enfer est imprimé par l’organisateur pour éviter la formation d’un peloton pouvant être dangereux dans la traversée de Cargèse. Le vent neutralise les attaques, et laisse Pierre Maroni et Marc Perruchot ouvrir la route, secondés par Wiliam Canet. Joris Bagnol et Lionel Baudoin participent à ce train d’enfer qui explose le peloton initial juste avant d’arriver à Cargèse. Nicolas Martin prend un relai de folie pour gravir la bosse qui fait basculer les coureurs sur la montée du col San Martinu. Les cartes sont posées sur la table, quinze coureurs sont échappés, l’ascension de Piana est présupposée tranquille. Le premier tiers est gravi au train et laisse les coureurs reprendre des forces, mais quinze coureurs c’est encore trop, les CMC placent une attaque et laissent sur place les attaquants de la première heure déjà bien entamés avant cette première des trois difficultés.
La descente des calanques de Piana ne laisse aucun repos aux pilotes, la route est encore humide et donc plus piégeuse qu’à l’ordinaire. Quelques chutes sans gravité rappellent à l’ordre les plus téméraires et la montée sur Evisa peut commencer. Trois coureurs prennent clairement le dessus, et ne seront plus rejoints jusqu’à l’arrivée. Le jus laissé dans le contre-la-montre la veille rappelle les coureurs à l’ordre dans la montée du col de Sévi, où les crampes frappent plus ou moins fort. Le franchissement du point culminant est irréel, dans un brouillard à couper au couteau. La direction de course confirme que l’arrivée sera jugée à Sagone comme prévu, la route étant maintenant sèche sur toute la descente vertigineuse. Lionel Baudoin et Joris Bagnol franchissent la ligne ensemble, Nicolas Martin dans leur roue assuré de son second titre consécutif.
Tout le long du parcours les non partants ont suivi la course totalement désabusés, regrettant de n’avoir pas pris la pluie les cinq premières minutes de la course. Les organisateurs avaient prévu pour cette année la cuisson d’un veau corse qui a régalé les coureurs le samedi soir accompagné d’un concert exceptionnel d’un groupe local mené par Pascal Buteau. La foire artisanale annulée en raison de la pluie aurait finalement pu avoir lieu, les quelques exposants présents ont toutefois pu régaler les visiteurs du continent.
Cette édition 2012 de la petite reine marquera les mémoires et continuera de lui forger une réputation de course la plus dure et la plus belle de Corse… La Reginella attend de pied ferme ceux qui oseront l’affronter en 2013, année où elle prêtera une partie de son parcours aux coureurs du Tour de France. Ceux-ci auront intérêt de venir repérer la descente de Piana sous peine d’y laisser des plumes pour la suite… – Marc Perruchot
Classement CLM 12 km :
1. Cyrille Vincenti (SRC Bastia) en 26’28 »
2. Nicolas Martin (AS Corbeil-Essonnes) à 3 sec.
3. Eric Mela (VC Porto-Vecchio) à 1’05 »
4. Lionel Baudoin (CMC) à 1’14 »
5. Joris Bagnol (AC Beaumes-de-Venise) à 1’29 »
6. Basile Monvoisin (VC Porto-Vecchio) à 2’11 »
7. Gerome Romey (Mimosa Sprint Mandelieu) à 2’36 »
8. Adrien Buresi (VC Fiumorbu) à 2’37 »
9. Gérard Tighe (SC Cortenais) à 2’39 »
10. Carlos Agosta-Flores (CMC) à 2’43 »
Classement 99 km :
1. Joris Bagnol (AC Beaumes-de-Venise) en 3h01’14 »
2. Lionel Baudoin (CMC) à 1 sec.
3. Nicolas Martin (AS Corbeil-Essonnes) à 5 sec.
4. Patrick Vega (VC Genevillois) à 3’31 »
5. Basile Monvoisin (VC Porto-Vecchio) à 6’54 »
6. Eric Mela (VC Porto-Vecchio) à 7’44 »
7. Dume Bellini (CESR) à 7’44 »
8. Jean?Marc Angelotti (CESR) à 10’17 »
9. Gerome Romey (Mimosa Sprint Mandelieu) à 10’17 »
10. Carlos Agosta-Flores (CMC) à 11’01 »
Classement général final :
1. Nicolas Martin (AS Corbeil-Essonnes) en 3h27’51 »
2. Lionel Baudoin (CMC) en 3h28’57 »
3. Joris Bagnol (AC Beaumes-de-Venise) en 3h29’12 »
4. Eric Mela (VC Porto-Vecchio) en 3h26’31 »
5. Basile Monvoisin (VC Porto-Vecchio) en 3h36’47 »
6. Dume Bellini en 3h38’29 »
7. Gerome Romey (Mimosa Sprint Mandelieu) en 3h40’36 »
8. Carlos Agosta-Flores (CMC) en 3h41’26 »
9. Jean?Marc Angelotti (CESR) en 3h42’26 »
10. Marc Perruchot en 3h50’06 »