Tandis que les Dolomites sont derrière nous, ce sont d’autres difficultés qui se dressent à présent devant nous dans les Alpes Suisses. Histoire de rappeler que la (haute) route est encore longue jusqu’à Genève. Et ce n’est rien de le dire au moment de s’attaquer à une étape marathon de 177 kilomètres (3600 mètres de dénivelé) entre Saint-Moritz et Andermatt. Elle va nous offrir de nouveaux panoramas : de larges routes en parfait état, des paysages verts à perte de vue, et des cols toujours. Le Julierpass (2284 mètres), le Lenzerheidepass (1549 mètres) et l’Oberalppass (2046 mètres).
Changement de décor, changement de pays, changement de règles aussi. En entrant en Suisse, la Haute Route doit se plier à la réglementation helvétique, beaucoup plus stricte qu’elle ne l’est en Italie ou chez nous en France. Les autorités ont accepté le passage des cyclos sur leur territoire, mais ce sera à leur façon. Jusqu’à Genève, seules les montées de cols seront désormais chronométrées. Les descentes et vallées se feront en convois neutralisés par petits groupes de cinquante maximum, avec obligation de respecter scrupuleusement le Code de la route : arrêt aux feux et respect des vitesses, sous peine d’exclusion de la course…
Un changement radical de réglementation quand on déboule d’Italie où les carabiniers vous ouvrent la route, où l’on trouve toujours beaucoup de monde pour vous encourager lors des traversées de villages.
La sacro-sainte neutralité helvétique devient ici de l’indifférence à l’égard des cyclos. Et les basses températures au départ extrêmement matinal (6h30) de l’une des plus anciennes et des plus chics station de ski de Suisse, Saint-Moritz, à 1800 mètres, finissent de saper le moral. Dans un vent froid et glacial et par un plafond bas qui rendra impossible de se réchauffer, ils sont nombreux à mettre la flèche. D’autant plus que puisque chacun roule à l’économie dans les vallées, l’épreuve se mue en course de côtes. Les ascensions se montent plus vite et font inexorablement plus de dégâts. On sent en outre une bonne fatigue générale tant le dénivelé s’accumule dans les jambes depuis cinq jours. A tous les finishers de cette étape marathon, donc, un grand bravo !
Trois cols étaient donc au programme. Le Julierpass d’abord, grimpé dans le brouillard glacé pour les premiers, sous la pluie pour les autres, dès le départ de Saint-Moritz, et déjà un bon révélateur de l’état de fraîcheur. Son pied est exigeant, avec un petit kilomètre à plus de 10 % et s’il s’adoucit ensuite, il présente tout de même le long de ses 7 kilomètres une pente moyenne de 6,7 %. Suit le Lenzerheidepass et sa longue montée (14 kilomètres), abordable malgré quelques passages à 10 % là encore. Avant l’Oberalppass, long (20 kilomètres), pas très difficile les deux premiers tiers (pente moyenne de 4,4 %), mais beaucoup plus exigeant sur les 6 derniers kilomètres, avec un passage à 11 %.
Aux temps cumulés dans les trois ascensions, c’est Stefan Kirchmair qui l’a encore emporté en 1h45’38 », devant Paul Hamblett (1h49’32 ») et Matheo Jacquemoud (1h51’06 »). A noter la 4ème place de l’ancienne championne du monde du contre-la-montre Emma Pooley (1h52’11 »), tout juste retraitée des pelotons féminins.
Deux étapes restent encore à couvrir dans les Alpes Suisses, la prochaine entre Andermatt et Crans-Montana (142 km, 3000 mètres) via le Furkapass (2436 mètres), Bratschpass (1092 mètres) et Crans-Montana (1500 mètres).
Classement 5ème étape :
1. Stefan Kirchmair en 1h45’38 »
2. Paul Hamblett en 1h49’32 »
3. Matheo Jacquemoud en 1h51’06 »
4 et 1ère Dame. Emma Pooley en 1h52’11 »
5. Rafael Wyss en 1h52’22 »
6. Heiko Hefner en 1h52’50 »
7. Matteo Podesta en 1h53’05 »
8. Casper Nagtegaal en 1h53’38 »
9. Sergio Costa en 1h53’39 »
10. Stéphane Kamerzin en 1h53’41 »