Mercredi 27 mai. Voilà trois jours que les participants extra-Polynésiens à la Ronde Tahitienne ont pris leurs quartiers à Tahiti et ses îles, notamment Moorea où le groupe est en résidence jusqu’à vendredi. Doucement mais sûrement, l’acclimatation à la chaleur humide se fait. Le décalage horaire – douze heures de moins qu’en France – s’élimine également au fil des splendides nuits étoilées dans cet archipel parmi les plus isolés du monde. Et voilà que la patte revient !
Pour s’en convaincre, l’attachant Vélo Club de Tahiti invite ce matin ses hôtes cyclosportifs à tourner les jambes sur la route unique qui ceinture l’île sur plus de 60 kilomètres. Une belle chaussée, dans l’ensemble, doublée de chaque côté d’une piste cyclable sur laquelle il convient toutefois de se méfier des gravillons projetés par les véhicules, ce qui engendre inévitablement quelques crevaisons quand un peloton d’une vingtaine de cyclos s’y déplace comme ce matin. Mais encore une fois, on pourrait tomber beaucoup plus mal pour remplacer une chambre à air, surtout quand la crevaison intervient en contrebas de la fascinante et très appropriée… montagne percée !
Après chaque courbe se présente un nouveau panorama de toute beauté auquel on ne peut que succomber. Au départ de Pao Pao et de la baie de Cook que domine le mont Rotui dont les pentes verdoyantes se jettent dans le Pacifique, le groupe dispose de quelques kilomètres pour se mettre dans le rythme avant de franchir une colline en haut de laquelle s’offre une vision panoramique éblouissante sur l’ouest de Tahiti et le lagon aux multiples nuances de bleu vers lequel la route plonge alors. Une fois passé la baie de Vaiare dans laquelle débarquent chaque jour les passagers effectuant la traversée entre Tahiti et Moorea, la route rejoint la façade maritime et son époustouflant lagon, ombragée par une flore exotique : cocotiers, bananiers, ‘aitos…
C’est ainsi que la sortie du matin s’accomplit, sur cette route tracée entre le lagon aux eaux calmes, où dominent des teintes allant du bleu profond aux diverses tonalités de vert, et les premières pentes montagneuses parsemées de végétation qui s’élèvent prodigieusement dans le ciel ensoleillé. Tout cycliste, gagné par un désir contemplatif, s’émerveille dans ces paysages féériques. Pourtant le rythme est soutenu. C’est qu’il y a une Ronde Tahitienne à préparer et il est important, à quatre jours de l’événement, de savoir où en sont les jambes. Le ravitaillement en eau de coco puisée à même la noix puis la dégustation de sa chair offrent un rafraîchissement de circonstance. Avant de rejoindre l’usine de jus de fruits Rotui, dirigée par un fana de vélo, Jean-Michel Monnot, pour définitivement assouvir sa soif !
Au terme de notre sortie, le vélo posé au cœur de l’usine, le VC Tahiti nous invite en effet à découvrir comment se fabrique les plus savoureux jus de fruits qu’il nous ait été donné de goûter. A Moorea, sur les pentes volcaniques du mont Rotui, on cultive le Queen Tahiti, considéré comme l’une des meilleures variétés d’ananas au monde pour son goût si parfumé. Ici, le fruit exotique a été décliné en jus mais également en vins particulièrement nobles, produits entièrement à partir de l’ananas. C’est aussi l’occasion de redécouvrir les bienfaits de ce fruit, tout particulièrement recommandé après un repas copieux car il facilite la digestion. Consommé en jus de fruit, l’ananas est aussi l’allié des sportifs car il diminue les douleurs musculaires grâce à son enzyme, la broméline.
De l’ananas, il y en aura également au menu du soir à l’occasion d’un copieux buffet autour de produits tahitiens. La grande table est dressée pour accueillir l’ensemble du groupe pour une soirée pleine de convivialité. En marge de cette dégustation de produits exotiques, la soirée est consacrée à un spectacle de danse traditionnelle, mêlant déhanchés hypnotiques des vahinés, danses guerrières réservées aux hommes ou autres spectaculaires danses du feu. Un grand moment qui laissera assurément au visiteur un souvenir unique de son séjour à Moorea.