Le peloton de la Haute Route va quitter définitivement Saint-Lary Soulan après deux nuits passées dans une vallée reposante qui appelle au calme. Pour, forcément, commencer par monter un col dès 7h30 du matin. Ce sera la montée d’Azet, du versant opposé à celui qui a mis les coureurs en difficulté la veille. Le sommet atteint, un événement impensable pour ces grimpeurs va se produire. Soixante kilomètres de vallée les attendent, ce qui veut dire aucune longue ascension pendant près de deux heures. De quoi récupérer sur des routes étroites et vallonnées, qui sillonnent la campagne pyrénéenne pour arriver au pied du Port de Bales. L’approche est facilement abordable avec des pentes à deux ou trois pour cents, mais d’un seul coup la route se cabre et les sept derniers kilomètres sont un vrai calvaire dans ce décor désertique. Chacun fait en fonction des forces qu’il lui reste et les participants se retrouvent éparpillés sur la route.
La descente neutralisée sur Luchon fait du bien et permet un retour dans une magnifique vallée, plein de verdure avant d’attaquer Peyresourde. Et ces dix kilomètres d’ascension en plein soleil méritent bien une récompense. L’organisation avait conseillé à tout le monde de prendre un peu de monnaie sur lui, afin de s’en servir au sommet. Pour un ravitaillement un peu spécial. Depuis plus de 30 ans, une cabane est installée et vend des crêpes. A cinquante centimes l’unité, nous ne sommes pas ici dans un business touristique mais bien dans un lieu de rencontres. Les gens font la queue et enchaînent les assiettes comme d’autres enchaînent les cols. La bonne ambiance qui y règne ainsi que les jeux à disposition donnent envie de rester mais il faut repartir et terminer cette grosse journée.
Par la montée vers la station de Peyragudes. Elle n’est pas très longue, seulement trois kilomètres après la courte descente de Peyresourde, mais qu’est ce que ça fait mal ! Le vent de face, qui ne s’était pas encore montré de la semaine, souffle comme pour renvoyer les coureurs à basse altitude. Mais tous veulent arriver à la station, d’autant plus qu’hier soir tout le monde y logeait. Avec un panorama somptueux et un air plus frais, cela valait le coup de forcer sur les pédales. Il ne reste plus qu’aujourd’hui le col de Menté sur la longue route qui mène les concurrents à Toulouse, où l’arrivée de la Haute Route Pyrénées 2016 sera jugée. Un dernier effort de 169 kilomètres avant le bonheur de la ligne d’arrivée.
C’est ce que se disent également ces américains qui sont venus gravir les plus beaux cols du massif franco-espagnol. Imprégnés de la culture cyclisme, ils ont peaufiné leur préparation sur home-trainer, en simulant des montées de cols. Ils avaient bien préparé leur affaire et, après un gros travail hivernal, vont pouvoir dire : « I did it ! »