Emile Arbes, jeune retraité féru de bicyclette, nous a accueillis dans sa demeure à Buzy (Pyrénées-Atlantiques), au pied des Pyrénées et de l’Aubisque, plus précisément dans son garage… Oui mais attention, notre personnage cache bien son jeu : une partie de son garage comporte des tas de pièces détachées et quelques bicyclettes en état de réparation. Quoi de plus banal ? Nous avons dit « une partie » car la pièce la plus intéressante et la plus importante se trouve derrière une porte ornée d’un poème traitant de l’exercice vélocipédique : une cinquantaine de vélos (cinquante-deux pour être exact) tous bien rangés et, en bonus, une fiche détaillée des caractéristiques et du coureur qui a roulé dessus ! On pourrait même appeler cela le « musée du vélo de course », car toutes les époques y sont représentées, de 1907 à 1990 !
Alors bien sûr, il y a quelques répliques des machines de Bobet, Bartali, ou encore de Merckx, mais elles sont « à s’y méprendre », selon ses dires, et on ne peut guère dire le contraire car, comme il se plaît à le faire remarquer, « après l’acquisition du vélo (principalement sur des sites Internet d’enchères ou grâce à des connaissances), j’ajoute la décoration d’origine puis j’essaie de trouver le bidon de la même époque et je cherche à restituer des détails assez intéressants comme les poignées de freins couleur or du Peugeot de Bernard Thévenet de 1975, son premier Tour de France victorieux. » Mais il y a aussi des pièces de musée remarquables comme, entre autres, le dernier vélo de la carrière de Luis Ocaña (original), deux autres appartenant à Bernard Hinault (dont le frère d’Emile, Hubert Arbes, fut le coéquipier pendant sept saisons), une des premières bicyclettes de la société Eddy Merckx couleur chrome ainsi que quelques maillots authentiques comme celui du contre-la-montre d’Edouard Janssen, de l’équipe Molteni.
Emile tient aussi à nous présenter une réplique du vélo de Roger Lapébie, qui lui a permis de gagner le Tour de France 1937 face à l’Italien Vicini pour 7’17 », lequel devait rétropédaler pour changer de vitesse (imaginez la perte de temps et d’énergie !), ce qui fit dire aux Italiens que leur machine les désavantageait par rapport au Français. Enfin, petite devinette : savez-vous pourquoi les bouteilles de verre ont été remplacées par des bidons en tôle ? Question de poids ? Que nenni, la réponse est assez surprenante et Emile la connaît sur le bout des doigts ! « C’est en 1910 que Jean-Pierre Candessoucens, coureur des Eaux-Bonnes près de Laruns, chute bousculé par un enfant qui s’est approché trop près du peloton pour l’encourager dans l’étape Perpignan-Luchon. La bouteille d’eau se brise et les éclats de verre lui ouvrent sérieusement la paume des mains. C’est en voyant la scène qu’Henri Desgranges, le patron de la Grande Boucle, interdit les récipients en verre pour les remplacer par des bidons en tôle. »
Signalons enfin que notre collectionneur cherche des lieux d’expositions pour faire partager au public sa passion du vélo à travers le temps ! Sa collection est à découvrir sur http://velosvintage2.ultim-blog.com. Vélo 101.TV consacrera bientôt un reportage à cette sublime collection historique. (Medhi Casaurang)