Les 3 Ballons, c’est un mythe, l’une des plus dures, sinon la plus dure de France. Il appartiendra à chacun d’apprécier : 213 kilomètres et 4400 mètres de dénivelé pour les adeptes du grand parcours, 125 kilomètres et 2760 mètres pour ceux du « petit ». Bref, une classique qui a pour effet d’attirer chaque année des milliers de participants : pas moins de 1781 classés sur le grand parcours, qui séduit d’ailleurs plus que la version allégée (653 classés). C’est que le mythe fascine, et bien au-delà des frontières, avec le déferlement dans les Vosges du sud de nombreux cyclos belges et néerlandais qui n’ont d’ailleurs pas hésité à truster les premières places des classements. En atteste la victoire de Bart Van Damme en 6h32’04 » (!) sur le 213 kilomètres devant Michiel Minnaert et Kenny Nijssen.
Le mythe était d’autant plus à l’honneur de cette édition 2017 que les organisateurs ont choisi de retourner à la Planche des Belles Filles, cette ascension popularisée par le Tour de France, qui l’empruntera pour la troisième fois le 5 juillet prochain après 2012 (victoire de Chris Froome) et 2014 (victoire de Vincenzo Nibali). L’arrivée à la Planche des Belles Filles est toujours une belle idée, même si sur un plan logistique un finish dissocié du site de départ, situé lui à Luxeuil-les-Bains, à une cinquantaine de kilomètres, reste une complication dont on se passerait volontiers. Pour bénéficier des navettes, une réservation et un surcoût étaient nécessaires. Les autres, à moins d’une organisation personnelle, auront été quittes pour faire du rab sur la selle…
La météo, heureusement, était de la partie. Et le soleil n’a fait que magnifier les cols mythiques des Vosges franchis un à un. Car plus que 3 Ballons, ce sont six ascensions majeures qu’il convenait de gravir, soit largement de quoi être ballonnés à l’arrivée. Mais avant d’en découdre avec la montagne, l’interminable file de cyclosportifs s’est étalée sur une portion initiale rapide d’une trentaine de kilomètres. Si c’est la formule idéale pour se mettre en jambes, un tel départ pour un tel peloton élève considérablement le danger. Quand enfin la première bosse se sera présentée, mieux valait être bien placé car la route se rétrécissait soudain pour commencer cette fois à égréner les concurrents avant d’attaquer les choses sérieuses dans le Ballon de Servance.
Ce premier Ballon s’avère assez dur, 7 % de pente irrégulière sur une petite dizaine de kilomètres par-delà une petite route forestière, étroite, avec un mauvais rendement. Après une descente technique pleine de soubresauts, d’où la nécessité de bien tenir le guidon, le col d’Oderen (un long faux plat roulant dont les derniers kilomètres seulement sont plus pentus) marquait la progression vers le Grand Ballon, point culminant des Vosges (1424 mètres), monté par le Markstein. Assez raide dans sa partie initiale, le col s’est monté sur la plaque jusqu’au sommet pour les plus costauds, à 25-30 km/h. Passé le ravitaillement du Markstein, qui ne manquait de rien (eau, coca, fruits secs, pâtes de fruits, gels, saucisson…), un magnifique panorama s’offrait alors aux cyclos sur la route des crêtes qui mène au sommet du Grand Ballon, un peu plus raide avant la bascule.
Au passage, on a peine à croire que certaines personnes aient encore assez peu de scrupules à souiller de tels paysages. On pense à ces armadas de Belges réunis en teams qui prennent nos routes pour des poubelles en se débarrassant de leurs déchets dans la nature. Si l’éducation doit passer par des sanctions, alors vivement le carton rouge.
Au bas du Grand Ballon et sa descente technique, la menace d’une disqualification était d’ailleurs brandie par l’organisation envers quiconque couperait le feu rouge traversant la N66 à Bitschwiller-lès-Thann. Les contrôleurs auront invité tout le monde à marquer l’arrêt. Une question de sécurité avant tout mais un bémol pour qui avait fait la différence dans le Grand Ballon et se retrouvait coincé deux minutes au feu rouge.
De là, il restait à franchir le col de Hundsruck après 150 kilomètres dans les pattes, puis le Ballon d’Alsace et ses 10 bornes régulières à 7/8 %. La descente sur Giromagny, encore quelques petits casse-pattes, puis venait enfin l’ascension finale vers la Planche des Belles Filles, dans laquelle chacun aura fait comme il pouvait avec ce qu’il lui restait d’énergie. Un finish court mais costaud avec des portions à plus de 15 % dont la rampe finale spécialement réalisée pour le Tour de France il y a cinq ans.
Là-haut, les prestations classiques du Grand Trophée (classement rapide, repas traditionnel, cérémonie de remise des prix) auront ragaillardi en partie des cyclos partageant la conscience d’avoir bouclé l’une des épreuves qui fait désormais référence au calendrier cyclosportif.
Classement 213 km :
1. Bart Van Damme en 6h32’04 »
2. Michiel Minnaert en 6h32’21 »
3. Kenny Nijssen en 6h32’32 »
4. David De Vecchi en 6h33’26 »
5. Bob Michels en 6h34’54 »
6. Baptiste Domanico en 6h37’19 »
7. Tim Alleman en 6h38’14 »
8. Erik Franssen en 6h38’50 »
9. Renaud Vincent en 6h40’18 »
10. Koen Van Geyt en 6h40’53 »
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45 et 1ère Dame. Ils Van Der Moeren en 6h58’47 »
Classement 125 km :
1. Thomas Devaux en 3h59’58 »
2. Raphael Ruffinoni en 4h02’24 »
3. Bram Schitte-Catte en 4h03’02 »
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59 et 1ère Dame. Guusje Waalboer en 4h45’10 »