Les cyclosportifs vont devoir s’y faire quand Gran Fondo est accolé à Santini, c’est qu’il s’agit d’aller visiter les mythes. Début juin, c’est le Stelvio et le Mortirolo d’un coup d’un seul, pour la Gran Fondo Stelvio, à Bormio qui mérite le détour et qu’on vous recommande tellement c’est majestueux, et ce 17 juin, c’est le Ventoux par deux côtés au choix selon les ambitions. Trois cols parmi les plus exigeants au monde, et que les organisateurs ont su parfaitement mettre en valeur, cette GF Mont Ventoux en a encore été la parfaite illustration.
Tout commence par le village partenaires situé en plein cœur de Vaison-la-Romaine, un vrai village où une bonne vingtaine d’exposants donnent envie de rester un bon moment avant d’accéder aux files d’attente pour récupérer son pack course. Ça passe ensuite par la cabine d’essayage où les coureurs ajustent les tailles du superbe maillot offert à l’inscription, un maillot coureur, cintré, très agréable à porter et qu’on reverra sûrement souvent « à l’entraînement ». Seuls soucis, tout le monde ne le porte pas (on est en France), les cuissards ne sont pas forcément assortis, et pas facile pour se reconnaître. Très bon point, le dossard, lui, permet de bien se retrouver : parcours choisi, catégorie d’âge, prénom, drapeau et même un rappel « ne jetez pas » et roulez à droite ! On vous rassure, taille de dossard normale.
7h30, dimanche 17 juin, entre 2000 et 2500 coureurs sont annoncés au départ. Il fait grand beau, tout le monde ou presque est en court, il y a presque autant de nations présentes qu’à la Coupe du monde, les coureurs Italiens et Néerlandais en plus, deux kilomètres neutralisés et puis c’est parti pour de vrai. Départ assez tranquille, comme si tout le monde voulait admirer les paysages qui vont nous être proposés et dont on ne se lasse jamais. Les difficultés vont crescendo, après Puyméras, c’est le col de la Peyronière, 5 kms, 5% de moyenne, l’entame idéale au km 19, ensuite c’est le col des Aires sur 3 kilomètres, en deux parties, la montée de Brantes (le village des peintres) qui rime avec exigeante mais courte et ensuite le sommet plus roulant avec le Ventoux à droite qui nous attend patiemment. Vallée du Toulourenc de nouveau, les grosses pluies des semaines passées ont gonflé la rivière.
Au kilomètre quarante, premier des six ravitos non testés mais dont chacun s’accorde à dire qu’ils sont un des énormes plus de cette GF Ventoux, certains bénévoles proposent même des barres à la volée, plutôt rare et bon esprit. Les coureurs ont choisi à l’engagement 78 : montée par Sault, 2390 mètres de dénivellation ou 135 kms, montée par Bedoin, 3330 mètres de D+ et là, à la bifurcation, il s’agit de valider le choix. A droite, remontée sur Aurel puis le pied du Ventoux, à gauche Montbrun-les-bains, un des plus beaux villages de France, pied du col de Macuègne qui se termine par le col de l’homme mort à 1213 mètres, après 15 kilomètres de montée et 600 mètres d’élévation. Pas encore de quoi faire des hommes morts mais une montée qui use surtout que les 19 degrés de la ligne de départ sont largement revus à la hausse.
Ce qui use plus les organismes, c’est la longue transition entre Ferrassières et Sault par Saint Trinit et les « grandes oreilles » du plateau d’Albion. Le parcours est passé de 127 à 135 kilomètres, fini le retour par Aurel et clin d’œil aux Routes du Ventoux qui seront remplacées par la Cyclo Ventoux Sud, le 16 septembre. Ça roule très vite et mieux vaut ne pas rester isolé dans ces contrées. Le plus dur reste à venir. Sault, Monieux, les gorges de la Nesque sans voiture en face, la classe, si vous venez pour le Ventoux, vous reviendrez pour les gorges de la Nesque, c’est certain. Villes-sur-Auzon, Flassan, depuis 3 heures pour les meilleurs et bien plus pour les autres, le Ventoux nous fait de l’œil, c’est l’heure de l’attaquer, pas tout à fait au kilomètre zéro, mais un peu avant Sainte Colombe, au milieu des cerisiers, tout à gauche il y a le sommet et tout à gauche après le virage de Saint Estève, voilà le programme.
Finalement, le grand parcours c’est 116 kilomètres plus 19, ceux de la montée du Ventoux qui, comme le Stelvio dont la difficulté est assez proche, se monte différemment selon qu’il est pris en début d’épreuve ou en col unique ou, comme sur la GF Ventoux, en fin de cyclo où tous les efforts consentis pèsent sur les organismes. Très bon point, beaucoup de spectateurs sont au bord de la route et encouragent tous les coureurs, il y a des ravitos et des containeurs sont là pour nous alléger des quelques grammes des emballages, c’est toujours ça de pris.
Les premiers du parcours 135 kms ont mis 4h23’49 », les derniers des 1172 classés ont mis 9h15’37 », sur le parcours 78 kms, le rapport est encore plus marqué 2h43’34 » pour le vainqueur et 7h49′ 22″ à l’autre bout du classement, c’est dire que la différence entre Sault et Bedoin permet à chacun et chacune de trouver son bonheur et apprécier comme il se doit l’arrivée au sommet et la médaille qui l’accompagne. L’occasion pour nous de souligner un des bémols et donc suggestion pour 2019 (l’autre étant le plateau-repas pas à la hauteur du reste de la prestation), en effet au ravito du sommet, remise des médailles, récupération des puces, et remboursement de la caution sont tellement rapprochés qu’on n’est pas complètement sûrs qu’à certains moments, il restait de la place pour franchir le tapis d’arrivée et on exagère à peine.
A part ça, et en conclusion de cette magnifique journée, « ne changez rien » l’organisation est vraiment huilée, les paysages magnifiques, pas trop de voitures et c’est du plaisir surtout après! Le Ventoux a cette magie d’attirer les foules, on l’a dit, des fous aussi comme ces 3 vikings venus du 76 faire le 78 kms, qui n’avaient jamais monté « que » le côté Jacques Anquetil et qui l’ont fait, histoire d’enchaîner après le marathon de Paris, quand même. Bravo également aux 5,6 filles, débutantes ou presque qui ont choisi de partir en fin de paquet, à leur rythme, pour pouvoir profiter sans stress, la solidarité féminine face au Ventoux.
Classement du Granfondo (135 km) :
1. Benjamin Buchetet (VC Corbas) 4h23’49’’
2. Loïc Buchetet 4h23’50
3. Julien Sauvigné 4h24’45’’
4. Mickael Rodriguez (UC Pontcharra) 4h26’31’’
5. Damien Vuillier (Roue d’Or Noidans) 4h26’38’’
6. Alexander Duncan (Cycles Froidevaux) 4h26’58’’
7. Guy Le Monnier de Gouville (Cercle Gambetta Orléans Loiret) 4h28’02’’
8. Cédric Sagnol (Vélo Club Feurs Balbigny) 4h28’20’’
9. Vincent Astouric 4h31’43’’
10. Matthias Van Aken 4h32’37’’
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86. Hannah Fandel (Post SV Tübingen) 5h09’06’’
149. Anne Peters (Team Beilken/RSC Oldenburg) 5h22’32’’
186. Agnès Duhail (Team Outdoor Poli) 5h30’04’’
Classement du Granfondo (78 km) :
1. Digan Schiari-Muller (Sprinter Club Briançon) 2h43’34’’
2. Roberto Napolitano (Team Zola Biella Biking) 2h43’34’’
3. Cyril Bourdon (Team Calvisson VTT) 2h44’48’’
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30. Anne-Laure Ferrent 3h05’11’’