Evoquons d’emblée le facteur météo : selon les estimations à 2 jours du départ, le vent devrait être de Nord Est, et modéré avec 30 km/h, 10-11°C maxi en température. Ce vent qui soufflera souvent de face peut jouer un rôle en retardant les attaques des principaux leaders.
Le pavé pourrait être sec à de nombreux endroits suite à l’absence prévue de précipitation sur les derniers jours. Mais sur certains points, les importantes pluies tombées en début de semaine ont créé d’importants « réservoirs » d’eau sous forme de grosses flaques. Ces mêmes flaques qui vont ramener de l’eau avec le passage des voitures ouvreuses. L’adhérence sera donc être inégale, ce qui va favoriser les coureurs les plus adroits.
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Ces flandriennes 2019 sont quelque peu à l’image du début de saison : en dehors de Julian Alaphilippe qui semble « voler » à peu près quelque soit le terrain mis sous ses roues – pour preuve ses 8 victoires dont 2 monuments selon notre classification (Strade Bianche et Milan San Remo). A part le puncheur français donc, et de l’avis même de nombreux coureurs le niveau est extrêmement élevé et resserré cette année.
Il suffit de voir Zdenek Stybar (Deceuninck Quick Step) qui possède 2 victoires cette année sur des flandriennes (Het Nieuwsblad et Grand Prix E3) mais qui a coincé avant même l’explication finale sur le Tour des Flandres. Pour sa défense, Paris-Roubaix l’a toujours mieux convenu que le Ronde comme en témoignent ces 5 places dans les 10 premiers dont 2 fois 2ème alors qu’il n’a jamais fait mieux que 8ème sur le Tour des Flandres.
L’équipe Deceuninck Quick Step est d’ailleurs passée légèrement à côté du Tour des Flandres alors qu’elle avait pesé sur chacune des courses précédentes. L’étonnante 2ème place de Kasper Asgreen est plutôt « l’arbre qui cache la forêt » mais ce superbe accessit du coureur danois qui n’était pourtant pas prévu sur la course, est davantage dû à des circonstances de course favorables qu’à une réelle supériorité sur les coureurs ayant terminé dans le petit groupe arrivé sur ses talons.
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De son côté, Peter Sagan (Bora Hansgrohe), l’épouvantail depuis plusieurs saisons, est présent mais il ne pèse pas sur la course comme à son habitude. Est-ce le fait qu’il traine encore un « vieux » virus contracté en stage de début de saison ou encore ses ennuis personnels comme la presse se plait parfois le pointer ? Toujours est-il qu’on attend « le Sagan » tel qu’on le connait : spectaculaire, offensif puis s’échappant ou réglant un petit groupe au sprint.
Le cas Greg Van Avermaet (CCC) est relativement similaire au coureur slovaque cette année : toujours placé mais jamais gagnant. Il s’est montré à son avantage dimanche dernier mais parfaitement placé aux avant-postes, il n’a pourtant pas pu réagir sur l’accélération d’Albertoo Bettiol (Education First). Son équipe CCC team semble bien moins forte que la BMC et le champion olympique n’aura pas de plan B pour faire diversion.
Parmi les costauds actuels, retrouvons Oliver Naesen (AG2R La Mondiale) qui était parmi les plus forts dimanche dernier et d’une manière générale depuis le début de la saison (souvenons de son échappée sur Paris-Nice dans les cols de l’arrière pays niçois, ainsi que son final à Milan San Remo). Quelques jours avant le Tour des Flandres il s’était plaint d’un début de bronchite qui ne semble finalement pas l’avoir beaucoup affecté. Il pourrait créer la surprise en étant à 100% de ses moyens. Aidé de Stijn Vandenbergh très en vue sur le Ronde et Alexis Gougeard qui semble revenu à son top, Oliver Naesen peut franchir la marche et permettre aux AG2R la mondiale de faire encore mieux qu’en 2018.
Wout Van Aert (Jumbo-Visma) peut également s’imposer : il possède l’adresse, l’explosivité et a la distance dans les jambes. Même son âge ne semble pas un handicap, comme il a pu le montrer dans un passé récent sur les classiques (incluant les Strade Bianche) et déjà sur Paris-Roubaix 2018. Il a largement assimilé le type d’effort supérieur à 6 heures, lui, l’homme de l’explosivité sur l’heure du cyclo-cross. Il sera là à Roubaix.
Il est à noter que Paris-Roubaix est une course qui demande moins d’explosivité que le Tour des Flandres ainsi que d’autres classiques flandriennes. Nous sommes plus sur le registre du « rouleau compresseur » au fil des secteurs pavés. Dont le kilométrage total sera de 54 km selon les organisateurs.
Sur ce schéma de course, il s’agit davantage de force pure. Nous pouvons ainsi estimer que les coureurs comme Sagan ou Van Avermaet seront forcément dans le final.
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Des surprises restent évidemment possibles. Car qui aurait parié sur la 2ème place de Silvan Dillier en 2018, rescapé de l’échappée matinale ou encore la victoire de Mathew Hayman en 2016 ?
Parmi les outsiders, Nils Politt (Katusha – Alpecin), Sep Vanmarcke ou Sebastian Langeveld (Education First) ou encore John Degenkolb (Trek Segafredo) seront aussi à surveiller. Ils n’ont pas donné autant de garanties que les favoris cités plus haut mais leur régularité sur l’épreuve et leur début de saison leur permettent d’envisager la victoire.
Enfin, les chances françaises sont relativement minces mais sans remonter à la victoire de Frédéric Guesdon qui s’était imposé en 1997 à la surprise générale, ils peuvent rééditer la performance de Sébastien Turgot, 2ème en 2012 sous les couleurs d’Europcar.
Dans la nouvelle équipe Total Direct Energie, Anthony Turgis et Adrien Petit réalisent de belles performances depuis le début de la saison et peuvent espérer briller. Damien Gaudin pourrait être un atout précieux dans ces conditions. Ils auront mission de pallier l’absence de Niki Terpstra, pas une mince affaire, mais ils aiment, ils adorent même, la reine des classiques.
Damien en 2018 en reco de la Trouée d’Arenberg | © Damien Gaudin
Pour Arnaud Démare (Groupama FDJ) c’est davantage l’inconnu. En grande condition, on sait le coureur capable de jouer les 1ers rôles mais sa saison 2019 ne rend pas vraiment optimiste quant à ses chances d’être dans le final. Paris-Roubaix est l’ultime occasion se sauver sa saison des classiques Flandriennes, réponse dimanche vers 17 heures.