Tout au long de l’été, Vélo 101 vous propose la lecture de l’enquête passionnante de David Walsh qui a fait tomber Lance Armstrong. « Les Sept péchés capitaux » (Editions Talent Sport : www.talentsport.fr, https://www.facebook.com/Talentsport2014) ont été adaptés au cinéma par Stephen Frears sous le titre « The Program » (2015), avec Ben Foster dans le rôle de Lance Armstrong, Chris O’Dowd (David Walsh), Guillaume Canet (Michele Ferrari), Elaine Cassidy (Betsy Andreu) et Denis Ménochet (Johan Bruyneel). Acheter le livre de David Walsh. Disponible chez le même éditeur : « Marc Madiot – Parlons vélo« .

CHAPITRE 4

« Les huées sont plus bruyantes que les applaudissements. »
Lance Armstrong

En 1999, Sestrières devint un point de rupture pour la presse. Ceux qui voulaient faire du journalisme prirent une direction, leurs vieux compagnons prirent l’autre route. Les choses allaient changer pour longtemps.

Il faut survivre à ce périple de 213 kilomètres à travers les Alpes. Nous commençons à la station de ski du Grand Bornand, atteignons les montées à travers le col du Télégraphe, déjà auréolées de nuages sombres, le puissant Galibier (en 1911, quand le Galibier fut intégré au Tour, seulement trois coureurs du peloton restèrent sur leur vélo, tous les autres en descendirent pour marcher), la vallée de la Maurienne et le sommet de la montée de Montgenèvre, avant de finir avec l’ascension de 11 kilomètres jusqu’à Sestrières.

En début de journée, les équipiers d’Armstrong de l’US Postal ont emmené le peloton au col du Télégraphe, permettant à leur leader de se concentrer uniquement sur la roue devant lui. Et rien d’autre. Ils se sont occupés du reste avant de foncer sur Valloire, de récupérer et de s’attaquer aux premières pentes du Galibier (8).

Il pleut. Les pics sont recouverts d’une brume glaciale. Peu de choses sapent le moral du peloton comme la pluie, la brume et un froid glacial. Le peloton roule en frissonnant. Le groupe de tête est tombé à dix coureurs, suivis par douze autres desperados une minute derrière. Armstrong est avec le groupe de devant. Facile.

Nous voici à Montgenèvre. A partir de maintenant, seuls les plus forts survivent. Un coureur l’emportera, à choisir entre Armstrong, Zülle, Fernando Escartin, Ivan Gotti et Richard Virenque. Armstrong semble toujours facile mais sans ses équipiers à ses côtés, vous devinez qu’il sera content de s’accrocher. Alors qu’ils descendent de Montgenèvre, Gotti et Escartin portent une attaque. Ils atteignent Sestrières avec 25 secondes d’avance sur les autres.

Devant eux, au-dessus d’eux, la station de ski pittoresque avec des chalets disséminés marque le dernier grand défi. Armstrong est dans le second groupe mais tout ce qu’il a à faire est de garder son dangereux rival Alex Zülle en ligne de mire. Après cinq heures et demie dans les pires conditions, il doit juste rester là. S’accrocher à ce qu’il a.

Les dernières escarmouches ce jour-là sont époustouflantes mais pas à la manière de Claudio Chiappucci. Vous ne pouvez pas avancer dans la même rivière deux fois parce que la rivière n’est pas la même et vous non plus.

A 8 kilomètres du sommet, Armstrong se lève de sa selle et lâche toute la gomme. En un kilomètre, il reprend 21 secondes à Gotti et Escartin, qui sont tous les deux anéantis (9). Son rythme ne ralentit pas. Zülle, son rival, est lâché. Armstrong a réalisé les interviews post-course avec un nouveau maillot jaune sur le dos et regagné le car de l’US Postal quand le gros du peloton peine encore jusqu’à Sestrières.

J’ai regardé la dernière ascension jusqu’à Sestrières sur un grand écran en salle de presse. Au moment de l’accélération d’Armstrong, tout le monde a pris une inspiration bien audible. Durant sa chevauchée, il y eut des rires ironiques et des têtes qui se secouaient. Tous les journalistes n’étaient pas accablés par le scepticisme – pas même une majorité – mais il y en avait assez pour former une section de sceptiques. N’était-ce pas le Tour du Renouveau pour chacun ?

Ce soir-là, j’ai appelé Alex Butler, mon responsable aux sports au Sunday Times.

« Quelle étape du diable ! dit-il. Armstrong va l’emporter, maintenant, non ?
– Il va remporter le Tour, aucun doute là-dessus.
– Il ne t’a pas convaincu ? »

Je pouvais entendre de la déception dans sa voix. « Je crains que non. En fait, je pense que ça pue. Ce gars a couru le Tour de France quatre fois avant celui-ci, il a disputé neuf étapes de montagne et n’a jamais été près de l’emporter. Tout à coup, c’est un remarquable grimpeur.
– David, si nous jetons le doute sur ses performances, beaucoup de lecteurs vont être mécontents.
– Je sais cela mais je ne pense pas que nous pouvons applaudir. Il y a un jeune coureur dans l’épreuve, Christophe Bassons, j’aimerais écrire un article plus court sur lui. Il parle de dopage, expliquant que c’est toujours un gros problème. Les autres coureurs se sont retournés contre lui.
– Revenons à Armstrong une minute, David. Crois-tu qu’il soit dopé ?
– Oui, je le pense. Evidemment, je ne peux pas le prouver. Je vais parler aux gens, voir ce que les autres disent.
– Eh bien, fais en sorte de nous remettre l’article à temps pour que les avocats puissent le lire. »

C’était la première fois qu’Alex me disait ça. Ce ne serait pas la dernière. En matière d’équité, il
ne se dérobait pas.

Couvrir le Tour de France signifie passer beaucoup de temps en compagnie des journalistes avec lesquels vous voyagez. Vous n’êtes pas enchaînés ensemble comme l’étaient Brian Keenan et John McCarthy à Beyrouth mais presque. Avec ces gars, vous coordonnez les séjours à l’hôtel, vous prenez les dîners à la même table, le petit-déjeuner le lendemain et vous roulez ensemble jusqu’au départ de l’étape avant d’entreprendre le voyage de cinq ou six heures jusqu’à l’arrivée. Jour après jour. Vingt-trois jours durant.

Rupert, notre Australien itinérant, partageait la banquette arrière avec moi. Sa sélection de T-shirts éblouissante apportait chaque jour avec lui un peu de soleil des Caraïbes. Son code vestimentaire reflétait une nature facile et douce. Il aurait pu remonter le moral des proches d’un défunt rien qu’en se montrant aux funérailles. La fraîcheur de Charles, assis sur le siège conducteur, était un ravissement. Il voulait savoir encore et encore pourquoi je ne parvenais pas à apprécier Armstrong et pourquoi j’étais si peu convaincu par le Tour du Renouveau. John gardait la tête baissée, écrivant le nom de chaque coureur figurant dans une échappée, même quand nous savions qu’il serait repris d’un instant à l’autre.

Jour après jour dans la voiture, soir après soir au cours du dîner, nous parlions de la course et de ce que nous voyions. Souvent revenait mon refus d’accepter qu’il soit possible de réussir le bond réalisé par Armstrong sans se doper.

« Je ne comprends pas comment un gars peut courir le Tour de France quatre fois, ne rien montrer indiquant qu’il sera un jour candidat à la victoire finale et soudainement rouler comme l’un des plus grands participants à cette épreuve.
– Etait-il si mauvais dans ses quatre Tours précédents ? demanda Charles, lobbant la balle pour que je puisse smasher.
– Eh bien, il était toujours capable de remporter l’une des étapes de plat mais il n’entrait même pas dans la lutte pour le maillot jaune. Il était habituellement 6 minutes derrière dans le contre-la-montre, entre 7 et 30 dans la montagne.
– David, il n’avait que 21 ans quand il a couru le Tour pour la première fois, dit Charles.
– Mais Jacques Anquetil, Eddy Merckx et Bernard Hinault, qui ont tous gagné cinq Tours, ont remporté le premier auxquels ils ont participé. Greg LeMond était 3e pour son premier, 2e pour son deuxième, où il aurait dû l’emporter, et il a ensuite remporté son troisième. Armstrong a couru son troisième Tour en 1995, en bonne forme, et il a obtenu son meilleur classement, 36e. Le constat était qu’il ne courait pas assez bien le contre-la-montre et ne pouvait pas suivre en montagne. »

De temps en temps, je posais une question directement à John. »Tu étais là l’année dernière, tu as vu combien de produits la police a trouvés. Nous voici un an après et la vitesse moyenne de la course est plus élevée. Cela a-t-il un sens ? »

Une fois, il se lança : « Aujourd’hui, la vitesse de la course a beaucoup à voir avec le meilleur revêtement des routes, les vélos de conception plus légère. Et cette année, les conditions météorologiques ont été favorables. » Mais la plupart du temps, quand je disais quelque chose directement à John, il tournait légèrement la tête. De sorte que les mots rentraient dans une oreille et ressortaient de l’autre.

Alors, on revenait à Charles. « C’est insensé. Des coureurs propres rouleraient plus vite que la génération EPO ? Qu’en penses-tu, Charles ? Des revêtements plus lisses ? Des vents favorables tous les jours ? Des vélos plus légers ? Ou ces leaders sont-ils dopés, comme le dit Bassons ? » (10)

« Je ne peux pas aller contre ta logique, répondit Charles, mais il est vraiment difficile de croire qu’un gars qui a eu un cancer, un cancer assez sérieux, reviendrait et mettrait cette merde dans son corps.
– Je sais, c’est le problème. C’est dur à croire. Mais d’un autre côté, quelle drogue te donnent-ils quand tu récupères d’un cancer ? De l’EPO. Y a-t-il des effets secondaires ? Apparemment, beaucoup moins qu’avec d’autres substances. Le résultat est que tu ne peux pas aller plus vite sans EPO qu’avec. Et on nous demande de croire que c’est possible. »

J’avais partagé une voiture avec John dès le Tour 1984 mais Sestrières marqua un tournant dans notre relation. Il ne pouvait pas vivre sur cette course sans accéder à certains coureurs, à savoir les Américains et Lance. Il faisait le boulot de base d’un journaliste mieux que la plupart mais pour lui, le meilleur se produisait le soir à l’hôtel de l’équipe, quand il pouvait décrocher quinze ou vingt minutes d’interview avec l’un de ses coureurs préférés.

Son attrait pour la compagnie des stars m’agaçait parce qu’il n’était jamais contrebalancé par une quelconque expression d’inquiétude vis-à-vis des coureurs moins connus et dont la carrière pouvait être détruite par ceux qui se dopaient. Je ne l’ai jamais entendu se poser de questions au sujet de Christophe Bassons et de la possibilité que sa carrière soit en train de lui être volée. De même que je ne l’ai jamais entendu manifester de compréhension vis-à-vis de l’injustice que Paul avait exposée dans son livre Rough Ride.

J’en avais marre de la duplicité. Les tests étaient inutiles parce qu’il n’y avait aucun test pour la substance de choix, l’EPO. Au lieu de cela, l’Union cycliste internationale (UCI) essayait de contrôler son abus en excluant des courses les coureurs dont le taux d’hématocrite dépassait 50%, ce qui était considéré comme dangereux pour la santé d’un coureur mais pas comme une preuve de dopage. Ce n’était pas une preuve mais tout le monde savait que le taux d’hématocrite atteignait généralement 50% à cause d’un abus d’EPO.

Charles était curieux. Il parla au Dr Léon Schattenberg qui fai- sait partie de la commission médicale de l’UCI. Il estimait que la limitation du taux d’hématocrite garantissait que les coureurs propres n’avaient pas à en découdre avec des coureurs au taux d’hématocrite ridiculement haut et que ceci était mieux que rien. Inspiré par l’application de Charles, je suis moi aussi allé parler à Schattenberg.

« A partir des tests sanguins que vous réalisez, vous connaissez le taux d’hématocrite de chaque coureur sur le Tour de France ?
– C’est cela, dit-il.
– Je ne vais pas demander le taux d’hématocrite de chaque coureur car je sais que vous expliquerez que c’est une information médicale à caractère privé. Je ne vais pas demander la moyenne pour chaque équipe mais pouvez-vous dire, d’après vos tests sanguins, quel est le taux d’hématocrite moyen pour les coureurs du Tour de France cette année ? Pas de noms, juste la moyenne générale ?
– Je suis désolé, dit-il, je ne peux pas vous donner cette information.
– Pourquoi ?
– Parce que ce n’est pas une information que je suis autorisé à communiquer.
– La raison pour laquelle vous ne communiquez pas cette information, c’est que si vous le faisiez, le public verrait que cette moyenne est bien plus élevée qu’elle ne devrait l’être. Il réaliserait qu’un tas de gars dans cette course utilisent de l’EPO. »

Schattenberg n’était pas responsable de ce qui était en fait une dissimulation. L’UCI dirait que sans un test pour l’EPO, les mains de ses responsables étaient liées. Mais ils auraient pu faire plus, même si c’était pour affirmer publiquement que le taux d’hématocrite était inhabituellement élevé (surtout dans certaines équipes), car le comité directeur était bien conscient que ce Tour n’était pas propre (11).

L’UCI exprima son mécontentement à l’équipe en privé mais ce fut tout. Le comité directeur pouvait difficilement ignorer que la plupart des coureurs de cette équipe utilisaient de l’EPO. Quelques-uns des représentants les plus réfléchis de notre métier aiment dire que si vous devenez journaliste sportif, il est préférable d’aimer l’écriture plus que le sport. J’aimais le sport. J’aimais le rôle que les journalistes sportifs pouvaient jouer dans le sport : affliger celui qui était dans le confort, réconforter celui qui était affligé, comme les nouveaux reporters avaient l’habitude de dire. Ce rôle ne consistait plus, à mes yeux, à sourire devant le podium, en conférence de presse, et à rassurer les organisateurs et les compétiteurs en leur disant : « Il n’y a personne ici à part nous autres, poules mouillées. »

La police française et les douanes nous avaient forcés à ouvrir les yeux en 1998 et je n’allais pas les fermer à nouveau. Je n’avais pas envie d’être dupe juste par amour du sport. Je n’avais pas envie de me comporter comme un agent à la solde de l’UCI en rendant dupes les lecteurs et les fans. Ceci était supposé être le Tour du Renouveau ! Jusqu’ici, il y avait une foule de questions mais pas de réponse.

Deux jours après la performance d’Armstrong à Sestrières, j’errais dans la salle de presse, n’éprouvant rien d’autre que de la tristesse pour ce qui était en train de se passer. Le scepticisme ressenti par beaucoup au moment où il s’éleva tel un aigle dans cette première étape de montagne était moins évident maintenant que la vision de la victoire d’Armstrong prenait forme et il était mieux d’accepter, voire de saluer sa performance.

Il y en avait quelques-uns qui, je le savais, ne changeraient pas facilement d’avis, des gars qui ne voulaient pas nourrir l’imagination. Philippe Bouvet, journaliste cycliste en chef à L’Equipe, était le fils d’un ancien professionnel. Il avait grandi avec ce sport. Durant les deux premières semaines, Philippe avait écrit d’un ton interrogatif sur Armstrong et le cyclisme.

Il pensait que le Tour se courait « à deux vitesses » parce que beaucoup de coureurs – mais pas tous – utilisaient de l’EPO. Il décrivait Armstrong comme un « extraterrestre ». Il ne fallait pas avoir du génie pour comprendre ce qui traversait exactement l’esprit de Philippe. Ce n’était pas l’optimisme teinté de rose dans lequel les organisateurs auraient aimé le voir baigner.

« Qu’en penses-tu ? ai-je demandé.
– Il y a une nouvelle forme de cyclisme, a-t-il répondu. Tu vois des choses que tu ne comprends pas. Le dopage en cyclisme est une histoire ancienne mais ces dernières années, la manipulation du sang des coureurs a changé la nature de la compétition. Ce que nous obtenons est une parodie de compétition. C’est en train de tuer le sport. Je peux encore écrire sur le cyclisme mais pas de la même façon, pas avec ma vieille passion. Le cyclisme doit changer. »

La croyance de Philippe selon laquelle l’EPO était en train de tuer le sport était importante. Presque toujours, la première ligne de défense des dopés, quand on leur pose une question sur cette affaire, est de dire que poser cette question nuit au sport. Pendant plusieurs années, l’ancien président de l’UCI, Hein Verbruggen, a reproché aux journalistes de « trop parler de dopage ».

Aux yeux d’un nombre trop important de coureurs et d’administrateurs, le dopage était toujours un problème datant d’hier. « Peut-être y a-t-il eu un problème… J’espère que le cyclisme va se renouveler et nous devrions commencer maintenant », avait dit Armstrong le premier jour. Il voulait que l’on oublie quand la nécessité était de ne pas oublier. De fait, la première tâche de n’importe qui se souciant du sport, en laissant de côté des concepts poussiéreux comme le journa- lisme et la vérité, était de se lever et de crier : « Stop ! »

Parmi les journalistes qui se souciaient du sport au-delà d’un carnaval de trois semaines à travers la France en juillet, il était courant d’éprouver de la tristesse et on répugnait à s’enflammer. La chronique quotidienne de Jean-Michel Rouet dans L’Equipe exprimait l’incrédulité au sujet de la renaissance d’Armstrong et de l’idée d’un Tour du Renouveau. Son approche s’appuyait sur une expérience amère. « Ce qu’on a appris l’année dernière, c’est que n’importe qui dans ce sport pouvait nous baiser », dit-il.

Rouet campa sur sa position d’incrédulité, comme un autre journaliste français qui avait de la suite dans les idées et qui travaillait alors à Ouest France, Jean-François Quénet. « Je n’ai pas écrit une seule ligne enthousiaste au sujet d’Armstrong, m’a-t-il dit. Ils nous ont dit que le cyclisme changerait mais il n’a pas changé. Après ce qui s’est passé l’année dernière, ils ont expliqué que cette course serait plus lente, parce qu’il n’y aurait pas de dopage. La course de cette année sera la plus rapide de l’histoire. »

Le cyclisme professionnel a toujours pratiqué l’omerta et cela a joué un rôle significatif dans le maintien d’une culture du dopage. Mais c’est plus qu’une loi du silence qui est à l’œuvre ici et ce n’est pas une coïncidence si le mot sicilien « omerta » a été tellement associé au peloton. Quand un coureur brise le silence, il peut s’attendre à une réponse de type mafieuse.

Après son contre-la-montre individuel à Metz, Christophe Bassons a suivi à la télé, dans sa chambre d’hôtel, le passage des leaders. Ils roulaient à une vitesse à laquelle il ne pouvait pas croire, sachant que la course contre la montre avait jadis été sa spécialité. Il était particulièrement intéressé par la performance d’Armstrong car leurs profils physiologiques n’étaient pas très différents. Même taille, même poids. La VO2 max d’Armstrong était de 83, celle de Bassons de 85. Consi- dérée comme le baromètre clé du potentiel athlétique, la VO2 max est la capacité maximale du corps d’un individu à transporter et à utiliser l’oxygène. Quand Antoine Vayer fit le calcul, il indiqua à Bassons qu’il aurait fini six kilomètres derrière Armstrong s’ils étaient partis au même moment.

La nuit de Sestrières, Bassons et ses équipiers ont regardé les temps forts de la course, comment l’Américain sema ses rivaux dans la montagne. Ils furent sidérés par la facilité avec laquelle il les distança. Ils n’y croyaient pas. Bassons continua de dire à chaque journaliste croisant son chemin que la culture du dopage n’appartenait pas au passé.

Son refus d’observer la loi du silence était un défi pour les leaders du peloton, surtout pour le porteur du maillot jaune. Armstrong était plus qu’heureux de s’occuper de cette jeune pousse rebelle.

Le matin suivant sa victoire à Sestrières, le maillot jaune décida que la course du lendemain devait être modérée jusqu’à l’approche de la première montée. Le patron a le droit de faire cela et normalement, un tel décret est scrupuleusement observé. Mais Bassons pensa « Allez au diable ! De toute façon, je suis le mouton noir », et il lança une offensive en défiant la trêve informelle.

Bassons échappé, Armstrong fit un signe de la tête à ses équipiers de l’US Postal. Ils le poursuivirent immédiatement. Il ne leur fallut pas beaucoup de temps pour reprendre le coureur échappé. Quand ils le rejoignirent, Armstrong posa sa main sur l’épaule de Bassons, indiquant qu’il avait quelque chose d’important à dire, comme le ferait un boss de la mafia après avoir décidé d’infliger personnellement la punition :

« Qu’es-tu en train de faire ? demanda Armstrong.
– Je dispute la course. J’attaque.
– Tu sais que ce que tu dis aux journalistes, ce n’est pas bon pour le cyclisme.
– Je dis simplement ce que je pense. J’ai dit qu’il y avait toujours du dopage.
– Si tu es ici pour ça, ce serait mieux de rentrer chez toi et de trouver un autre type de boulot.
– Je ne partirai pas avant d’avoir fait bouger les choses. Si j’ai des choses à dire, je les dirai.
– Ah… Va te faire foutre. »

A ce moment-là, la propre équipe de Bassons s’était retournée contre lui, estimant qu’elle était fragilisée au sein du peloton à cause de ses déclarations tapageuses. Ses équipiers lui indiquèrent qu’il devait arrêter, il répondit qu’il ne le ferait pas. Mais la pression commença à se faire sentir. Deux jours après la réprimande, il quitta l’hôtel de l’équipe à Saint-Galmier et abandonna la course.

Ce matin-là, nous avons quitté Saint-Galmier. La nouvelle de l’abandon de Bassons fut donnée sur la radio du Tour. Le soir précédent, il avait craqué. Sa fiancée Pascale et son ami Antoine l’avaient imploré de rester mais il ne pouvait pas supporter l’hostilité venant de ses propres compagnons. Dans la voiture, j’ai vociféré au sujet du traitement auquel il avait été soumis, surtout par Armstrong. Charles et Rupert ont acquiescé. John demeura silencieux.

Quelque part sur la route menant à Saint-Flour, nous sommes passés sous une bannière tendue haut en travers de la route : « POUR UN TOUR PROPRE, VOUS DEVEZ AVOIR BASSONS. » Voir cela fut le point culminant de ma journée.

Avant sa brimade contre Bassons, je ne considérais pas Armstrong comme autre chose qu’un tricheur quasi certain, l’un des très nombreux cyclistes professionnels toujours accros à la vieille piqûre dopante. Son traitement envers Bassons révélait un mauvais côté de sa nature. Presque un sociopathe.

Le lendemain du départ de Bassons, il y avait plusieurs articles citant ses camarades professionnels. La sympathie pour le coureur parti était pratiquement absente. « Il ne s’est pas blessé, alors pourquoi est-il rentré chez lui ? », dit quelqu’un. Le sentiment général était qu’il s’était comporté de manière non professionnelle. C’était un moment important pour le Tour. Le nouveau patron avait envoyé un message : celui qui brisait la loi du silence recevrait des coups.

« Est-ce qu’un coureur propre, un coureur faisant du sport sans se doper, aurait traité Bassons comme Armstrong l’a fait ? ai-je demandé au cours d’un autre débat dans la voiture.
– Je ne pense pas », dit Charles avec son style mesuré.

On pouvait entendre un léger souffle d’air monter dans le nez de John.
Armstrong défendit avec succès le maillot jaune dans la traversée des Alpes. Sa position semblait inattaquable, même avec deux journées dans les Pyrénées à suivre. Bassons banni, il n’y aurait plus de contestation de l’intérieur. Mais les quotidiens français demeuraient un obstacle. Le Monde et Libération, peut-être les deux plus réfléchis, se montraient moqueurs, si ce n’est dédaigneux, et les rédacteurs les plus importants de L’Équipe – Philippe Bouvet, Jean-Michel Rouet et Pierre Ballester – n’y croyaient clairement pas.

L’Equipe faisant partie de l’organisation détentrice du Tour de France et le quotidien consacrant beaucoup de pages à la couverture de la course, ce refus de s’enflammer pour le futur champion était significatif. C’était presque comme si une reconnaissance officielle était refusée au leader de la course. Armstrong le sentait. Une semaine avant la fin de l’épreuve, il rencontra Ballester à Saint-Gaudens, dernière arrivée d’étape avant les Pyrénées.

Ils se connaissaient. Ballester était allé à Austin (Texas) pour interviewer Armstrong durant sa convalescence après son cancer. Cette amitié ne comptait pas beaucoup à Saint-Gaudens au moment où le coureur prit le bras de Ballester pour le tirer vers lui et dit, en parlant assez fort pour que les autres entendent : « Ce journaliste n’est pas professionnel. » Ballester était sidéré. « Eh, Lance, tu ne peux pas en rester là. De quoi est-il question ? » Mais Armstrong avait disparu dans le car de l’équipe US Postal.

Ce soir-là, Armstrong a appelé Ballester sur son téléphone portable, se plaignant que L’Equipe ne soit pas juste avec lui. Comme tout bon journaliste, Ballester a convaincu le coureur que la meilleure façon d’exprimer son sentiment d’injustice était d’accorder une interview au quotidien. Ils arrangèrent cela pour le jour suivant. Armstrong commença par exprimer sa déception au sujet de ce qu’il considérait comme un traitement injuste dans la presse. Ballester pensa : « Très bien, cela fait partie de l’histoire. » Mais il avait des questions en rapport avec le dopage qui donneraient au coureur l’occasion de mettre fin aux spéculations.

« Utilisez-vous un quelconque certificat médical ?
– Non, dit Armstrong.
– Absolument aucun ? Pas pour des corticostéroïdes ou de l’EPO ?
– Rien.
– Avez-vous jamais utilisé ce produit pour traiter votre cancer ?
– Non, jamais.
– Prenez-vous une quelconque médication pour empêcher tout retour de votre cancer ?
– Non, absolument rien. Je dois simplement consulter mon cancérologue, le Dr Einhorn, tous les quatre mois. »

Ballester est un interviewer tenace, qui va droit au but et qui est complètement insensible à la réputation de la personne interviewée. Son article sur Armstrong n’était pas l’hymne élogieux habituellement joué aux athlètes à la veille de leur plus grand triomphe. Les dénégations d’Armstrong étaient assez convaincantes, excepté son insistance sur le fait qu’il n’avait pas été traité avec de l’EPO durant sa convalescence après son cancer, alors qu’il l’avait été. Sous la pression, il semblait ne pas pouvoir admettre utiliser de l’EPO même quand c’était légal et approprié d’en utiliser, comme composante normale d’un traitement contre le cancer.

Jean-Marie Leblanc, organisateur du Tour de France, était furieux contre Ballester à cause de ce qu’il considérait comme une interview injuste et excessivement agressive. Leblanc fit savoir à Ballester ce qu’il pensait, se plaignant que l’échange ressemble à « un interrogatoire de police ». Il arrangea également une rencontre avec Jean-Michel Rouet, responsable de la rubrique cyclisme du quotidien.

Le matin suivant, j’ai rencontré Rouet. Il indiqua combien Leblanc était contrarié par la couverture de la course par L’Equipe, en particulier le traitement réservé à Armstrong. S’il avait travaillé pour un quotidien totalement indépendant de l’épreuve, Rouet aurait peut-être écouté les reproches de Leblanc mais ils n’auraient pas franchi ses murs intérieurs. Là, c’était différent.

Leblanc et lui avaient été collègues. Ils étaient maintenant les branches d’un même arbre. D’un point de vue commercial, le Tour était une bénédiction pour un quotidien car le tirage et la publicité augmentaient durant le mois de juillet. Au sein de l’organisation, l’organisateur du Tour de France était plus haut dans la chaîne alimentaire que le responsable de la rubrique cyclisme du quotidien.

Sentant que Rouet avait été secoué par sa conversation avec Leblanc, j’ai lu chaque article du quotidien durant les cinq derniers jours et il n’était pas difficile de détecter un changement dans la position de L’Equipe. Ils étaient moins durs envers Armstrong, l’acceptant comme vainqueur du Tour de France.

Je ne sais pas quelle influence l’organisateur du Tour de France a pu exercer au sujet de ce qui s’est passé dans L’Equipe, quelles conséquences (s’il y en a eu) ont été agitées ou pointées ; mais les questions n’étaient plus formulées dans les titres et le quotidien semblait, d’une certaine façon, suspendre l’expression de son incrédulité. Ils ne se sont jamais abaissés à jouer les cheerleaders et Bouvet, Rouet et Ballester sont restés en accord avec leur scepticisme mais vous ne pouviez plus dire : « L’Equipe ne croit pas Armstrong. »

J’étais en train d’apprendre des leçons et la première était que dans une affaire de produits dopants, vous savez que vous touchez un point sensible quand quelqu’un ayant du pouvoir vous avertit d’arrêter. Et éventuellement, vous suggère gentiment de vous rappeler qui étale le beurre sur votre croissant.

Quasiment dix ans plus tôt, quand Paul avait quitté le peloton et écrit Rough Ride, le chœur des reproches de ses anciens compagnons s’était fait bruyant et menaçant. L’un de ses anciens équipiers tenta de l’agresser physiquement. Il avait craché dans la soupe. Plusieurs de ses nouveaux collègues dans la tente de presse ne valaient pas beaucoup mieux. Ils buvaient au même bol à petites gorgées.

Le dernier défi important d’Armstrong dans la course n’était pas les Pyrénées ni le contre-la-montre individuel au Futuroscope, l’avant-dernier jour. C’était une enquête du journaliste du Monde Benoît Hopquin qui indiquait qu’il avait été testé positif, plus tôt dans la course, pour un corticostéroïde interdit. De telles substances peuvent être autorisées sous prescription mais Armstrong n’avait pas indiqué en avoir une quand il avait signé son formulaire de contrôle antidopage. Lors d’une conférence de presse à Saint-Gaudens, Hopquin demanda ce qui s’était passé.

Sans l’ombre d’une hésitation, Armstrong pressa le bouton « Attaque » et qualifia Le Monde de « presse de caniveau ». Puis, se tournant vers Hopquin, il dit : « M. Le Monde, me traitez-vous de dopé et de menteur ? » Le journaliste était déconcerté par l’agression d’Armstrong. Tous les autres journalistes dans la pièce restèrent silencieux, craignant qu’une intervention ne dirige le courroux d’Armstrong contre eux.

Le Monde publia l’histoire de la cortisone, affirmant qu’il avait été testé positif, mais l’UCI rédigea rapidement un communiqué expliquant qu’il ne s’agissait pas d’un test positif et qu’elle avait reçu une prescription pour une substance trouvée dans l’urine d’Armstrong. Elle demandait aussi aux journalistes d’être prudents avant d’écrire sur la question. Dans son communiqué, l’UCI ne précisait pas quand elle avait reçu la prescription de l’équipe US Postal (12).

Le Tour avança jusqu’à Paris. Et Lance Armstrong, qui avait consacré en partie les années qui avaient suivi sa précédente participation au Tour à se faire ôter un testicule, des kystes aux poumons et des lésions cérébrales, ne montra aucun signe de vulnérabilité. Le matin de la dernière étape, les coureurs furent transférés en train du Futuroscope jusqu’à Arpajon, au sud de Paris. Seuls trois d’entre nous firent ce voyage en voiture : John obtint une interview en tête-à-tête avec Lance et voyagea dans le train en tant qu’invité.

L’histoire avait déjà divisé la salle de presse et même divisé notre petit groupe de quatre. Un journaliste néerlandais se plaignit des Français auprès de moi : « Il n’y a aucune preuve. Aux Pays-Bas, tout le monde accorde du crédit à Armstrong. » J’ai demandé ce qui se passerait si les soupçons de dopage se révélaient fondées. Il me regarda avec pitié : « Tout le monde sait que les coureurs du Tour de France sont dopés. Si vous n’acceptez pas cela, vous ne devriez pas couvrir ce sport. » Et nous autres, qui posons les questions, sommes cyniques ?

Armstrong avait un contrôle absolu sur la course. Pour un petit nombre de journalistes décroissant dans la tente de presse, ceci était inquiétant. Chez les autres, l’admiration tuait toute suspicion ou question. Quelques-uns de ceux qui en savaient le plus au sujet de ce que nous étions en train de voir en disaient le moins.

Dans mon esprit, le camp des pro-Lance encourageait un grand sport sur un chemin le menant tout droit à l’hospice. Près de Paris, Jean-Marie Leblanc déclara que le Tour « avait été sauvé ». Dieu bénisse son âme de commerçant.

Le jour où la course est arrivée sur les Champs-Élysées, le gros titre en en-tête de l’article que j’avais écrit pour le Sunday Times disait : LE CONTE DE FÉES CABOSSÉ. J’étais fier de cela parce que, écrit de Londres, il offrait un soutien qu’il était difficile de trouver sur l’épreuve.

« Cela n’a pas été le Tour de la renaissance, ai-je écrit dans le deuxième paragraphe. Plutôt un retour aux bonnes vieilles méthodes : le dopage au sein du peloton était l’affaire des coureurs, pas la nôtre. La loi du silence supplantait toutes les autres. »

Pour l’article, j’avais parlé au Dr Armand Mégret, chef de la commission médicale de la Fédération française de cyclisme. Je lui avais demandé s’il croyait à un Tour à « deux vitesses ». « Si par cette expression, vous entendez qu’il y a des coureurs propres et d’autres qui ne le sont pas, alors la réponse est oui, ceci est du cyclisme à deux vitesses. Le dopage n’a pas été éradiqué. »

Je voyais en Gilles Delion un autre Kimmage, un Bassons plus vieux. A cette époque-là, c’était un vétéran de 32 ans. Il avait perdu son innocence depuis longtemps mais il avait été un coureur jeune, talentueux et ambitieux. Pour son premier Tour, il avait fini 15e, 21 places de mieux que le meilleur classement d’Armstrong dans ses quatre premiers Tours. Mais Delion ne se dopa pas et sa carrière alla en déclinant.

Il fut interrogé au sujet du Tour du Renouveau : « Cela me fait rire. Le renouveau ne touche qu’une partie du peloton. » En écrivant sur Delion, Kimmage ou Bassons, je me sentais beaucoup mieux dans mon job.

De même, j’espérais que les lecteurs du Sunday Times réfléchiraient un peu avant d’aimer ce nouveau héros. « Pendant trop longtemps, le journalisme sportif a consisté à soutenir les sportifs de façon inconditionnelle, à suspendre les doutes légitimes et à raconter des épopées sportives héroïques. Bien sûr, il y a des occasions où il est juste d’applaudir mais il y en a d’autres où il est tout aussi correct de garder les bras ballants. »

Cet après-midi-là sur les Champs-Élysées, je n’avais pas envie d’applaudir le vainqueur du Tour de France.

NOTES
(8). Chose amusante. Dans un hôpital de l’Indiana en 1996, Betsy Andreu entendit Lance Armstrong dire à un médecin qu’il avait utilisé des substances améliorant la performance. Betsy fit jurer à son mari Frankie qu’il ne ferait jamais la même chose. Betsy regarda les deux premières semaines du Tour de France 1999 à la télé, dans sa maison de Dearborn (Michigan). Elle vit Frankie conduire son ami Lance aux premières ascensions ce jour-là et secoua la tête. « C’était la première étape de montagne, celle de Sestrières, et quand ils ont commencé l’ascension, Frankie était devant une ligne de coureurs US Postal. Frankie est aussi bon grimpeur que le pape est athée, quasiment. Que diable se passe-t-il ? me suis-je dit. » Elle a appelé son mari et lui a dit qu’elle ne croyait plus à une course propre de sa part. Il était trop fatigué pour se disputer avec elle mais les problèmes de Lance ne faisaient que commencer. Plus tard, Betsy rappela ce qui s’était passé une nuit, au cours d’un dîner tardif à Nice, quelques mois avant la course de 1999. Pepe Marti, entraîneur de l’équipe US Postal, arriva pour fournir à Armstrong ce qui était, lui dit-on, de l’EPO. Le dîner eut lieu tard parce que Marti arrivait d’Espagne et pensait qu’il était « plus prudent de traverser la frontière de nuit ». Armstrong prit un sac en papier marron des mains de Marti, le leva et prononça les mots « or liquide ».

(9). Dans son autobiographie Il n’y a pas que le vélo dans la vie, Armstrong explique qu’il rentrait presque dans le siège arrière des motos qui l’escortaient et combien cela semblait aisé.

(10). Nous savons maintenant que durant les deux premières semaines du Tour, Armstrong, Tyler Hamilton et Kevin Livingston ont utilisé de l’EPO tous les trois ou quatre jours, se faisant eux-mêmes les injections rapidement puis plaçant les seringues dans des canettes de Coca qu’ils écrasaient jusqu’à les rendre plates. Le Dr Luis del Moral se débarrassait alors des canettes contenant les seringues le plus vite possible.

(11). Dans son livre The Secret Race, Tyler Hamilton écrit que les tests sanguins d’avant-course de l’UCI montraient que la plupart des coureurs de l’US Postal avaient un taux d’hématocrite juste en dessous ou au-dessus de 50% (en 1999, la limite à ne pas dépasser était 51). Les chiffres élevés étaient dus à l’utilisation d’EPO.

(12). Emma O’Reilly, masseuse d’Armstrong à cette époque, explique dans L.A. Confidentiel – Les secrets de Lance Armstrong qu’elle était présente la nuit où Armstrong et deux officiels de l’équipe décidèrent de demander au docteur de l’équipe, Luis del Moral, de rédiger et d’antidater une prescription médicale pour contourner le problème. Bien plus tard, dans une déclaration sous serment à l’Agence américaine antidopage (USADA), Jonathan Vaughters déclara qu’il avait entendu, à l’intérieur de l’équipe, qu’Armstrong avait utilisé le Kenacort, corticostéroïde interdit, avant le Tour, et que c’est cela que le test avait détecté.

A suivre le mardi 26 juillet…