Dans une interview exclusive accordée à Vélo 101, Johan Le Bon est revenu sur sa carrière professionnelle et son retour chez les amateurs (Dinan Sport Cycling) depuis 2021. Le Breton de 31 ans évoque également un éventuel retour chez les pros.
Comment s’est passé votre retour dans les rangs amateurs ?
J’ai été averti assez tard de la fin de mon contrat. Malheureusement, j’ai eu 2,3 ans de galère avec mon artère iliaque avec 3 opérations en un an. Donc j’avais peu de résultats pour postuler dans d’autres structures. J’avais une proposition intéressante de la Cambodge Cycling Academy. C’était un projet exotique on va dire. Ce qui me plaisait, ce n’était pas d’être professionnel, mais surtout de courir en Asie. Le projet me plaisait énormément et finir ma carrière là-dessus aurait pu être sympa. Malheureusement l’équipe n’a pas obtenu la licence alors qu’ils avaient plus ou moins répondu à toutes les démarches. J’avais des contacts en DN1 et c’est comme ça que je suis arrivé à Dinan.
« Je ne me prends plus du tout la tête et je pense que c’est ce qui joue énormément »
En 2022, vous avez remporté l’Essor Breton, mais aussi le Tour de Bretagne avec la présence de plusieurs équipes professionnelles. Comment expliquez-vous ces performances ?
Sur le plan personnel, pour moi, je ne fais pas le même vélo. Je n’ai pas l’impression que c’est le même vélo qu’avant avec une liberté et un réel plaisir. J’ai passé quelques années chez les professionnels donc j’ai pas mal d’expérience et je peux me permettre de gérer mes entrainements différemment. Je ne me prends plus du tout la tête et je pense que c’est ce qui joue énormément.
Vous avez remporté le Tour de Bretagne grâce à une victoire en solitaire lors de la dernière étape dans votre ville natale. C’est même vous qui avez tracé le parcours final. Difficile de rêver mieux, non ?
Le Tour de Bretagne, pour nous Bretons, c’est l’une des plus belles courses avec le Tro Bro Leon. L’organisateur m’avait demandé de modifier le circuit pour un autre plus urbain dans Lannion. Ce n’est pas évident à faire, mais on a trouvé un circuit intéressant. C’est vrai que finir un Tour de Bretagne chez soi, c’est déjà super, mais de le gagner, c’est quelque chose de fantastique que j’ai rarement vécu dans ma vie.
« Je fais du vélo pour moi et pas pour les autres »
Certains coureurs du peloton se demandent « ce que vous faites chez les amateurs ». Comment le prenez-vous ?
Je le prends bien. Ça fait plaisir, ça montre que j’ai le niveau pour être au-dessus. Avec la plupart des coureurs, j’en parle aussi sur le vélo, moi je leur explique que j’ai plus ou moins tourné la page. Certains souhaiteraient que je repasse pro, mais moi je prends du plaisir, c’est le principal. Je fais du vélo pour moi et pas pour les autres. J’ai trouvé un rythme de vie qui me convient.
Comment expliquez-vous le fait de se sentir mieux et plus épanoui chez les amateurs que chez les professionnels ?
Moi, j’ai besoin d’être proche de ma famille. J’aime ma région, j’aime courir en Bretagne. Je pense que mon caractère fait que je m’épanouis plus, je me mets moins de pression. Alors que chez les professionnels, je me la mettais assez facilement et je n’arrivais pas forcément à la gérer.
Retour sur 12 ans dans les rangs professionnels
Que retenez-vous de ces 12 saisons passées chez les professionnels ? Avez-vous des regrets ?
J’ai passé 12 bonnes saisons. Dans toutes les structures que j’ai faites, je ne me suis jamais mal senti. Ça s’est toujours très bien passé, je suis toujours parti en bon terme sauf pour la dernière bien entendu. Mais c’étaient 12 belles années. Quelques regrets ? Oui, on peut toujours avoir des regrets, mais ce n’est pas forcément ma façon d’être.
Dans une précédente interview, vous déclariez ne pas avoir « pris la vague des capteurs de puissance et des intensités ». Pensez-vous que vous auriez pu avoir une meilleure carrière en ayant pris cette vague ?
Quand je suis passé professionnel, je m’entendais extrêmement bien avec les anciens. Que ce soit chez Bretagne Schuller ou à la FDJ. Les anciens, c’était plus la génération « on roule, on roule ». C’est cette mentalité-là que j’aimais bien. Quand les capteurs de puissance et le « vélo scientifique » sont arrivés dans les années 2012-2013, je n’ai pas forcément pris la vague. Je ne sais pas si ça aurait joué sur mon palmarès. Est-ce-que ça m’aurait plu ? Je ne pense pas. Une chose est sûre, c’est ce que j’ai « raté » mais, au fond de moi, ça ne me dérange pas.
Johan Le Bon de retour chez les pros en 2023 ?
Est-ce qu’un retour chez les pros est envisageable pour l’année prochaine ?
J’ai un bon contact avec la Philippe Wagner Cycling. J’ai une proposition avec un projet intéressant. Je suis encore en pleine réflexion. C’est vrai que vivre du vélo, c’est quand même une belle chose. Par contre, si je reviens chez les professionnels, c’est le vélo que je fais actuellement. Le vélo sérieusement, mais sans prise de tête.
Qu’est-ce qui vous attire dans le projet de l’équipe Philippe Wagner Cycling ?
Les personnes qui sont dans le projet sont intéressantes. Christophe Moreau, c’est quelqu’un que je connais à force de le côtoyer dans le vélo. C’est une personne que j’apprécie. On s’est toujours dit bonjour et on a toujours discuté quand on se voyait. Sur le plan sportif, c’est une continentale, c’est sûr, mais je pense qu’ils ont un beau projet dans l’avenir.
Quel est le programme et quels sont les objectifs pour le reste de la saison ?
J’avais attrapé un petit virus la semaine dernière, c’est pour ça que ne n’ai pas participé aux championnats régionaux. La prochaine course, c’est la SportBreizh avant les championnats de France à la fin du mois. Je ne me fixe plus d’objectif. L’an dernier, j’avais ciblé les championnats de France en allant faire des stages d’altitude et c’était catastrophique. Cette année, sur le Tour de Bretagne, je ne me suis vraiment pas mis la pression. Et ça a marché, j’avais de très bonnes sensations. Je pars sur le même état d’esprit, me faire plaisir et essayer d’obtenir le meilleur résultat.