Roglic, Vingegaard et Yates en vedettes du GP de Denain
Si l’on avait dit à Dominique Serrano, président du comité d’organisation du Grand Prix de Denain, qu’un triple vainqueur de Grands Tours se présenterait au départ, il en aurait sûrement douté. Et si l’on avait ajouté qu’il serait accompagné du second du dernier Tour de France, ou encore du meilleur jeune de la Grande Boucle 2016, il aurait carrément refusé tout crédit à de telles affirmations. Pourtant, c’est bien vrai ! Primoz Roglic (Jumbo-Visma), Jonas Vingegaard (Jumbo-Visma) et Adam Yates (INEOS-Grenadiers) seront bien au départ de la course des portes du Hainaut. Et ce n’est pas tout ! La guest list s’étend également à Daniel Felipe Martinez (INEOS-Grenadiers) ou Omar Fraile (INEOS-Grenadiers), grimpeurs réputés et spécialistes des Grands Tours, qui poursuivent donc dans les Hauts de France leur voyage printanier dans l’Hexagone, sur la lancée de Paris-Nice. Mais que viennent-ils tous faire sur la deuxième manche de la Coupe de France ?
Primoz Roglic sort tout juste d’une semaine de course à Paris Nice, qu’il a conclu par une victoire au classement général | © Jumbo Visma
Vraisemblablement, il ne s’agit pas de jouer la victoire, encore que Primoz Roglic en serait capable dans un grand jour. Mais les pavés et plaines du Nord ne devraient effectivement pas jouer en la faveur de ces cadors des cimes. En fait, ils viennent avec le Tour de France en tête. En effet, la cinquième étape de la Ronde de Juillet empruntera 19,4 kilomètres de chemins agricoles, propices aux attaques et aux écarts. Le nivellement du niveau en montagne pourrait même rendre ce moment davantage décisif que les étapes reines, larguant les moins à l’aise au classement général à un retard irrémédiable. Ainsi, Roglic, Yates et consorts gouteront aux pavés des portes du Hainaut, sans toutefois se mesurer à la difficulté des tronçons qu’ils rencontreront le jour J. En effet, ce jeudi, aucun secteur ne dépassera le kilomètre de long. Le 6 juillet, ils y seront tous supérieurs. Ainsi, il semble davantage s’agir d’une entrée en matière qu’une réelle préparation pour Primoz Roglic, Adam Yates ou encore Jonas Vingegaard, qui n’ont jamais participé au moindre Monument pavé (Tour des Flandres ou Paris-Roubaix). En revanche, les deux premiers nommés avaient pris part à l’étape reliant Arras à Roubaix sur le Tour 2018, dont le final était également marqué par de tels segments. Les deux hommes avaient conclu la journée côte à côte, dans le peloton des favoris.
D’un parcours réservé aux meilleurs classicmen des sprinteurs
Historiquement, le Grand Prix de Denain est une classique qui se joue au sprint. C’est bien simple, depuis l’an 2000, le 10e s’est classé à treize reprises dans le temps du vainqueur. Et depuis 2008, il n’a jamais fini à plus de trois infimes secondes. Dès lors, il serait relativement surprenant de voir débouler un homme seul dans les rues de Denain ce jeudi après-midi.
Le parcours du GP de Denain 2022 | © Gp de Denain
Cependant, cette course offre de quoi faire une sélection significative. En effet, ses douze secteurs pavés répartis sur les 100 derniers kilomètres offrent aux équipes des spécialistes de la surface l’opportunité d’éliminer quelques-uns de leurs adversaires. A une trentaine de kilomètres de l’arrivée, un enchaînement de quatre tronçons y sera particulièrement propice, d’autant plus qu’il inclura un peu de dénivelé, à l’image du secteur n°9, de Maing à Quérénaing, long de 800 mètres et intégralement en montée.
Cela dit, les 22 dernières bornes ne parcourront que 600 mètres de pavés, de quoi laisser le temps d’un regroupement général si la chasse est soutenue et l’avant de la course désorganisé. L’an passé, une quarantaine de concurrent franchit ainsi simultanément la ligne d’arrivée. Mais si cette statistique illustre la probabilité d’un sprint, elle démontre aussi l’existence d’une certaine sélection. Voilà toute l’ambiguïté du Grand Prix de Denain.
Le profil du GP de Denain 2022 | © Gp de Denain
Dont Pascal Ackermann ou Dylan Van Baarle pourraient se délecter
Si les sprinteurs du plateau ont aussi leurs cadors, ceux-ci ne paraissent pas dans leur plus grande forme. Commençons tout d’abord par Pascal Ackermann : quadruple vainqueur d’étapes en Grand Tour, l’allemand ne réussit pas à trouver ses marques chez UAE Team, qu’il a rejoint cet hiver en provenance de la BORA-Hansgrohe. Sur Tirreno-Adriatico, il n’a pas fait mieux que 6e, malgré trois sprints finaux. Mais il faut aussi noter que la présence de Tadej Pogacar dans l’équipe réduisait nettement son train, tout comme sur l’UAE Tour, où il fut également décevant. Ce jeudi, il bénéficiera enfin d’un collectif pleinement dévoué à sa personne. Et espère bien en profiter pour renouer avec le succès.
L’affiche du GP de Denain 2022 célébrant la victoire de Jasper Philipsen l’an passé | © Gp de Denain
Même son de cloche du côté de Jordi Meeus (BORA-Hansgrohe). Déchaîné en fin de saison dernière, lors de laquelle il a accumulé victoires et podiums, le belge n’a fini qu’une seule fois dans le top 10 cette saison, en 19 jours de course. C’était une 7e place, à Faro, sur le Tour d’Algarve. Et sur les classiques belges, il fut également largué, relégué au-delà de la 100e place. Une nouvelle contre-performance ce jeudi à Denain plongerait le natif de Lommel dans l’inquiétude quant à sa forme.
Cette méforme des deux meilleurs sprinteurs sur le papier pourrait éventuellement profiter au Team Arkéa – Samsic, et son tandem McLay – Capiot. En effet, le premier s’est classé 4e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, quand le second s’est adjugé la 7e place de l’épreuve flandrienne. Le premier a brillé sur le Tour d’Arabie Saoudite (deux fois 2e), le second a levé les bras sur le GP la Marseillaise. Débarrassé du gratin de la concurrence à Denain, le tandem infernal des rouges et noirs pourrait bien y faire mouche.
S’il se trouvait débarrassé de toute servitude, Dylan Van Baarle (INEOS-Grenadiers) devrait également peser sur le cours de la course. En effet, s’il est un équipier irréprochable, le dauphin de Julian Alaphilippe sur les derniers championnats du monde sait parfaitement saisir sa chance. Il l’a d’ailleurs prouvé l’an dernier sur A Travers les Flandres. Il raffole des pavés et sait parfaitement sprinter. Le GP de Denain lui plait bien.
L’an passé, Dylan Van Baarle avait remporté A Travers les Flandres après un long raid en solitaire de 50 kilomètres | © A Travers les Flandres
Enfin, les chances tricolores ne seront pas nulles. En amenant Clément Venturini et Marc Sarreau dans les Hauts de France, AG2R Citroën nourrit de sérieuses ambitions. Discret en ce début de saison sur route, le rhodanien s’est toutefois classé 5e des mondiaux de cyclocross en janvier. Quant au natif de Vierzon, son entame de saison s’avère pour l’instant loin de son potentiel, mais l’éclair peut intervenir à tout instant !
Diffusion TV du GP de Denain
Eurosport assurera un direct télévisé pdurant deux heures. France 3 Hauts-de-France, Bretagne et Normandie, diffuseront également le Grand Prix de Denain – Porte du Hainaut.
Par Jean-Guillaume Langrognet