Le sprint surréaliste de Dan McLay il y a un an dans les rues de Denain est resté dans les mémoires, unanimement reconnu comme l’un des rushs les plus époustouflants de l’année. L’image est gravée, elle a fait le buzz partout, ce qui n’aurait jamais été possible sans la retransmission en direct du Grand Prix de Denain. Ce dispositif, adopté par l’organisateur en 2015 puis 2016, est pourtant aujourd’hui remis en question.
La baisse des subventions publiques allouées par Valenciennes Métropole (5.000 euros au lieu de 15.000) et le retrait de partenaires privés à hauteur de 20.000 euros ne permettent pas pour l’heure au Grand Prix de Denain de boucler un budget qui s’élevait l’an passé à 280.000 euros. La situation financière de l’organisation étant mise à mal, des coupes budgétaires sont nécessaires. Et c’est la ligne importante représentée par la diffusion en direct de l’épreuve que Dominique Serrano et son équipe sont sur le point de couper.
« Le paradoxe, dans le vélo, au-delà d’une course comme le Tour de France, c’est que non seulement nous ne touchons pas de droits mais qu’en plus nous sommes obligés de payer la production des images, souligne Dominique Serrano à Vélo 101. Pour nous, un direct représente entre 80.000 et 90.000 euros. Et même si nous bénéficions du partenariat entre la Ligue Nationale de Cyclisme (LNC) et Eurosport, il nous faut tout de même mettre quelques 50.000 euros de notre poche. Alors, forcément, le désengagement de partenaires nous invite à couper cette ligne en priorité. »
Installé en Hors Classe depuis l’an passé, le Grand Prix de Denain avait bénéficié de 2h30 de direct en 2016. Pour une diffusion dans cinquante-neuf pays. Aux moindres retombées qu’entraînerait pour les partenaires le retrait de la télévision, c’est tout le territoire du Hainaut qui risquerait de ne pas être valorisé le jeudi 13 avril prochain, à une époque où les médias braquent plus volontiers leurs projecteurs sur la ville de Denain pour évoquer sa pauvreté et son fort taux de chômage – c’était encore le cas au 20 heures de France 2 hier.
Si Eurosport sera présent dans tous les cas sous forme de résumé, ce qui est garanti dans le cadre du partenariat de la Coupe de France (en marge de la couverture de quatre manches en direct), l’ensemble du comité d’organisation espère encore pouvoir pallier cette situation délicate en comptant sur de nouveaux soutiens. Sa situation sera évoquée aujourd’hui au conseil d’administration de la LNC, et Dominique Serrano doit encore rencontrer cette semaine le Député-Maire de Denain. Ce n’est qu’à l’issue de ces rencontres qu’une décision sera prise. « Nous allons tout faire pour que le direct puisse avoir lieu mais nous n’irons pas non plus mettre en danger la pérennité de l’organisation pour cela », affirme Dominique Serrano.