Sam Bennett avait frappé très fort en 2020 en remportant deux étapes du Tour de France (dont celle des Champs-Elysées) et en s’adjugeant le maillot vert alors qu’il courrait pour l’équipe Deceuninck-Quick Step. Il a ensuite remporté deux étapes du Tour d’Espagne avant de se voir disqualifier pour sa seconde victoire pour un coup d’épaule. Début 2021, il continue de briller et de s’imposer comme le meilleur sprinteur du moment avant qu’une blessure au genou le tienne éloigné du peloton et brouille sa relation avec la Deceuninck-Quick Step. Un peu oublié par le milieu du cyclisme, devenu papa entre temps, il décide de revenir dans l’équipe Bora-Hansgrohe qui l’a vu grandir. Longuement interviewé par nos confrères britanniques du magazine « Cyclingnews », il a fait part de son retour auprès de son ancienne équipe et surtout de ses prétentions, laissant à penser qu’il pourrait revenir plus fort que jamais.
Un sentiment amer d’être un peu oublié du peloton
C’était le 9 mai dernier lors d’une séance d’entraînement. Sam Bennett se cognait le genou contre le guidon. Un accident somme toute assez banal pour un cycliste, mais qui a demandé quelques semaines de repos affectant la préparation du cycliste irlandais au point de ne pas pouvoir participer au Tour de France 2021. Une blessure qui avait notamment été mise en doute par Patrick Lefevere, le manager général de la Deceuninck-Quick Step, qui pensait davantage à une peur de l’échec et l’avait remplacé au pied levé par Mark Cavendish. Blessé physiquement et sans doute moralement aussi par les doutes du manager, l’irlandais a préféré ne pas répondre.
La seconde moitié de l’année 2021 avait été compliquée pour le sprinter qui s’est confié à nos confrères : « Ce n’était pas pendant le Tour, mais vers octobre, novembre, j’étais comme ‘on m’oublie ici’ » avant de poursuivre amer : « Le monde du cyclisme passe rapidement à autre chose. Une fois que vous êtes blessé et que vous êtes out, la vie continue et tout le monde s’en fiche ». Sam Bennett a donc fait profil bas durant cette période profitant de ces moments pour récupérer de sa blessure, mais aussi se focaliser sur sa famille et notamment sur l’arrivée de son fils en décembre dernier. Il a cependant repris l’entraînement en travaillant dur depuis la fin de l’année.
Un retour au bercail avec l’équipe Bora-Hansgrohe
Alors que les deux années passées avec la Deceuninck-QuickStep se sont terminées en eau de boudin, le coureur de 31 ans espère retrouver un second souffle avec l’équipe allemande Bora-Hansgrohe. C’est l’équipe qui l’a fait passer professionnel et l’a vu grandir. Son départ vers la Deceuninck-QuickStep s’est fait en 2019 du fait de la concurrence trop importante avec deux autres sprinters préférés par les sponsors malgré le fait que l’irlandais était plus rapide. Commentant son retour dans l’équipe allemande, Sam Bennett explique : « J’ai eu du succès ici avant. J’avais vraiment du succès » avant de poursuivre : « Je me suis trouvé ici, je me suis vraiment découvert avec [l’entraîneur] Dan Lorang. J’ai vraiment bien travaillé avec lui. Donc, les discussions ont en quelque sorte commencé, nous avons commencé à parler ».
Le sprinteur semble ravi de ce retour : « Vous savez, c’est motivant quand vous êtes vraiment désiré dans une équipe. Vous voulez être dans une équipe où l’on vous veut. Si vous êtes dans une équipe et qu’on ne veut pas vraiment de vous, ce n’est pas un bon environnement. Donc, je me suis senti très bien accueilli ici. C’était agréable. Surtout quand je suis revenu, j’ai eu l’impression de rentrer à la maison ». Il poursuit : « Tout était parfait et le moment était propice » avant d’ajouter : « C’était une évidence. Cela m’a vraiment plu. Je savais que je me réinstallais dans un endroit où je pouvais réussir. C’est ce dont j’avais vraiment besoin et ce que je voulais. Et une fois que j’aurai les opportunités et un parcours clair, je sais que je serai en mesure de vraiment atteindre ces objectifs ».
La saison 2021 gâchée de Sam Bennett aurait pu être la meilleure
Sam Bennett a évoqué la sensation d’une saison 2021 gâchée alors qu’elle aurait pu être l’une de ses meilleures saisons : « Pour moi, en tant qu’athlète, cela aurait dû être l’une des meilleures années de ma carrière, juste en termes d’âge et d’expérience. J’avais obtenu les grands résultats ; j’avais fait beaucoup de ce que je voulais faire. D’accord, dans certains objectifs comme San Remo et les Championnats du monde, je ne me suis pas encore approché, mais j’ai fait beaucoup de ce que je voulais. Et donc, ça aurait vraiment dû être une de mes meilleures années ».
Le sprinter irlandais né en Belgique poursuit : « C’était donc l’une des choses les plus difficiles pour moi, parce que, vous savez, j’ai 31 ans maintenant. En tant que sprinteur, vous espérez que la vitesse reste là pour quelques années encore. Rester à la maison avec une blessure me rongeait. Comme une opportunité gâchée, une autre année de perdue. La seule chose qui a sauvé ma saison, c’est que peu de coureurs obtiennent sept victoires dans l’année ».
Le maillot vert comme objectif 2022
Se refusant à reparler des critiques de Patrick Lefevere, Sam Bennett préfère se focaliser sur la saison à venir. Sa blessure au genou n’étant plus qu’un mauvais souvenir, le coureur sait qu’il faut être patient pour revenir à son meilleur niveau. L’irlandais assure qu’il travaille dur, mais souhaite aussi se donner le temps nécessaire pour retrouver son niveau, privilégiant un départ lent plutôt que de « rouler n’importe comment ». Bien que prévu au départ de la Saudi Tour et de l’UAE Tour, le coureur pourrait éviter ces courses s’il ne se sent pas encore prêt.
Il faut effectivement savoir que le sprinter a d’autres objectifs bien plus importants pour la saison : « Je n’ai jamais visé les Mondiaux et je sais que la course de cette année est pour un sprinter. Et évidemment, le Tour de France est aussi une course importante. Et en tant que sprinteur, vous devez être capable d’aller toute l’année. Je dois être bon au départ pour prouver que je suis de retour, que je suis capable d’aller sur le Tour. Mais aussi, pour être juste à ce moment-là et pour être fort plus tard dans l’année, aussi ».
Sam Bennett pense qu’il peut faire mieux qu’en 2020
Répondant à la question de nos confrères sur sa préférence entre gagner des étapes et le maillot vert, le sprinter n’a pas hésité longtemps : « Je veux le maillot vert, évidemment. Je veux vraiment me battre pour l’avoir. Mais je détesterais ne pas avoir de victoires d’étape dans la lutte pour le maillot vert, et ensuite me retrouver dans la dernière semaine avec ce maillot hors de portée et sans avoir encore gagné d’étape. Il doit donc y avoir un équilibre sain entre la lutte pour les étapes et la lutte pour le vert ».
Alors que le maillot de vainqueur du classement par points est aussi l’objectif d’autres coureurs, notamment de Wout van Aert, Sam Bennet prévient : « Le fait est que mes meilleures jambes étaient quand je travaillais avec Dan Lorang. Je serai plus fort au prochain Tour de France que la dernière fois que j’y étais ».