David Gaudu – interview exclusive

Vélo 101 : Pour commencer, comment allez-vous ? Aussi bien mentalement que physiquement ?

David Gaudu : Ça va ! J’ai bien récupéré et je me sens d’attaque vous la suite de la saison !

Finalement, votre forfait pour Liège – Bastogne – Liège n’était peut-être qu’un mal pour un bien vue l’énorme chute ?

Absolument (rires) ! Me connaissant, j’aurais forcément été pris dedans !

David Gaudu dans les studios Cyanide

Les chutes, produit du World Tour ou des oreillettes ? L’avis de David Gaudu

Est-ce que vous remarquez un accroissement de la tension et des chutes dans le peloton, surtout dans les courses World Tour ?

Ouais… après il y a toujours eu des chutes… Est-ce que c’est à cause des oreillettes ? Je ne saurais pas dire, peut-être que à l’inverse ce renforcerait encore la nervosité et ça la déplacerait encore plus tôt dans la course. Mais c’est sûr que les oreillettes jouent dans la tension régnant dans certains endroits clés, où tout le monde cherche à être placé sans que tout le monde n’ait la place, et donc forcément ça chute. Et effectivement, l’enjeu des points UCI peut participer à l’accroissement de la tension en incitant les coureurs à gagner une place ou deux, ou quelques secondes sur les courses par étapes… Tous ces phénomènes là font inéluctablement monter la tension.

Par rapport aux oreillettes, vous avez eu l’opportunité des participer à des courses sans (JO et Championnats de France). Est-ce que vous avez pu y remarquer une différence, ou, à l’inverse, pas du tout ?

Je dirais que c’est encore différent parce que ce sont des courses d’une journée, et les championnats sont encore plus spécifiques. Bon sur les derniers championnats de France, j’ai atténué cette tension en étant échappé mais j’ai quand même pu la ressentir. Le fait que ce soit un circuit offre d’ailleurs une connaissance des endroits stratégiques au fil des tours et renforce alors la tension pour y être bien placé.

Comment gérez-vous cette tension pendant la course ?

Pfff… On est un peu des bêtes à foin (rires). On y va sans trop se poser de questions. J’ai la chance d’avoir des équipiers comme Stefan Küng ou Kevin Geniets. Grâce à leur gestion de la prise de risque et leur expérience, ils frottent extrêmement bien et me permettent de rester placé. Donc il faut leur faire confiance et suivre leur roue au maximum.

David Gaudu s’est réjoui sur les réseaux sociaux de sa visite des studios Cyanide

Ressenti et ambitions de David Gaudu

Cette saison, vous avez gagné en World Tour sur le Tour d’Algarve avant de chuter à Paris-Nice, d’être en retrait sur le Tour du Pays-Basque et d’être contraint au forfait pour Liège – Bastogne – Liège. Comment percevez-vous votre début de saison, aux aspects contrastés ?

Ce n’est pas un bon début de saison. Mais je retiens tout de même avoir eu la chance de lever les bras au Tour d’Algarve sur une arrivée au sommet. Après la malchance s’est enchaînée. Je ne suis pas dans la première bordure à Paris-Nice et du coup je tombe. On me détecte une fracture de l’apophyse épineuse de la cinquième vertèbre dorsale. Puis je suis contaminé à la COVID-19. J’arrive au Pays Basque fatigué, j’en ressors complètement cramé. Je chope la première grippe / bronchite qui passe. Et je me retrouve finalement donc cloué au lit pendant 5/6 jours et dois déclarer forfait pour Liège – Bastogne – Liège. Evidemment, ce n’est pas ce qu’on espérait, mais à partir de maintenant on décide d’oublier tout ça pour repartir d’une page blanche. Je suis quelqu’un qui relativise assez vite, qui a de l’orgueil et qui a emmagasiné beaucoup de frustration ! Ça me donne beaucoup d’envie pour le Tour parce que je ne veux pas rester sur ces échecs !

Les yeux rivés sur le Tour

Justement, cette frustration et cette relative fraîcheur physique, est-ce que ce n’est pas un avantage maintenant pour les prochaines échéances ?

Faudra voir… On s’est posé la question avec l’équipe. Et on a constaté que j’aurais à peu près le même nombre de jours de course que Carapaz, Vingegaard ou Kelderman l’an passé sur le Tour. Donc effectivement, peut-être que finalement ce sera un mal pour un bien. Mais ça on ne le saura que le moment venu.

David Gaudu a remporté la 2e étape du Tour d’Algarve au mois de février

En ce moment la Groupama-FDJ cartonne. Au Tour des Alpes Thibaut Pinot a gagné une étape et Michael Storer et Attila Valter ont intégré le top 5 du classement général. Puis au Tour de Romandie l’équipe a failli remporter le classement par équipes. Est-ce que vous pensez que la Groupama-FDJ peut être une force collective sur le Tour de France ?

Ouais, en début de saison Marc Madiot a annoncé cinq noms prévus d’office sur le Tour. Il s’agit de Pinot, Küng, Storer, Madouas et moi. Et parmi ce groupe, il y a déjà deux podiums en Monument cette année (Madouas sur le Tour des Flandres et Küng à Paris-Roubaix). S’y ajoute donc Thibaut Pinot que l’on ne présente plus et qui revient fort cette année. Et il ne faut pas oublier les deux victoires d’étape de Michael Storer sur la Vuelta l’an passé. Donc ouais ça va être un gros « cartel » !

David Gaudu, Twitch et les jeux vidéos, une passion

Si vous êtes invité et présent ici, dans les studios de Cyanide, ce n’est pas par pur hasard. Adepte de la plateforme Twitch et du jeu vidéo Pro Cycling Manager, vous avez d’ailleurs profité de votre indisponibilité pour vous adonner à votre chaîne. Est-ce que c’est un sujet de discussion que vous avez au sein du peloton ?

Si l’on parle purement de Cyanide et Pro Cycling Manager, les coureurs n’y jouent pas forcément beaucoup. Mais un coureur cycliste connaît Pro Cycling Manager. Je pense notamment à Valentin Madouas ou Quentin Pacher avec qui on peut en rigoler de temps en temps. Après si l’on parle de Twitch plus généralement, je sais que Julien Bernard fait aussi des lives. Mais ils portent plus sur Call of Duty ou servent de débrief des futures échéances. Mais avec lui on en parle un petit peu dans le peloton ouais.

La référence de David Gaudu à Pro Cycling Manager, à l’arrivée de la 2e étape du Tour du Pays Basque

Un humour imprégné par cet univers

En foot, on sait que des joueurs se plaignent de leur note à chaque fois que sort un nouvel opus. Est-ce qu’il arrive dans le cyclisme que des coureurs grognent parce que leur note en montagne est un peu trop faible ?

J’avais gueulé juste un fois l’an passé sur une DB (Database – proposée par la communauté en substitution de celle du jeu) pour rigoler. Je crois que c’était pour l’arrivée d’Arrate. Elle convient mieux aux puncheurs dans le jeu alors qu’en réalité elle est plutôt réservée aux grimpeurs. Donc pour pouvoir reproduire virtuellement mon succès réel, j’avais demandé un petit peu plus de punch, c’était parti un peu trop loin d’ailleurs… (rires). Mais non sérieusement on n’est pas du genre à s’intéresser et à critiquer nos notes. Ce n’est pas que l’on s’en fiche mais on reste assez humbles à ce sujet-là. On sait aussi que à la différence de FIFA, où la note qui compte c’est la note sur FUT, là sur PCM la note va évoluer en mode carrière.

A l’arrivée d’une étape du Tour du Pays-Basque, vous écrivez en légende d’un post instagram « plus de barre jaune ni rouge ». A cet égard est-ce qu’il vous arrive de penser à PCM en course, et que la stratégie de jeu puisse influencer vos choix ?

Non je ne dirais pas ça… A part les collègues avec qui il m’arrive de parler jeux vidéo dans le peloton, je ne pense absolument pas à PCM sur le vélo.

Comme nous, David Gaudu a pu tester les jeux Pro Cycling Manager et Tour de France

Est-ce que vous choisissez souvent la Groupama-FDJ quand vous jouez à PCM ?

La plupart du temps oui, d’autant plus que la plupart du temps où je joue à PCM je le fais en stream. Donc je ne me verrais pas montrer une autre image que celle de l’équipe Groupama-FDJ et de ses sponsors.

Est-ce que David Gaudu est toujours leader quand vous prenez la Groupama-FDJ ?

Systématiquement oui (rires) !

Twitch, plus une passion qu’un canal de communication

Et pour finir cet entretien, je voulais revenir avec vous sur Twitch, plateforme que vous utilisez pour streamer vos parties mais aussi pour échanger avec vos fans. Qu’est-ce que vous apporte de plus ce réseau social par rapport à des canaux de communication plus traditionnels ?

Je ne le prends pas comme un média, mais plus comme un élément où je peux m’évader et m’épanouir. Il y a 5-6 ans, dans le vélo, ça aurait encore été tabou de dire que ma passion ce sont les jeux vidéo. Maintenant j’assume complètement. C’est pareil que Thibaut Pinot qui reste avec ses chèvres ! J’ai toujours voulu faire des Twitch. Mais je n’ai jamais osé me lancer à cause de ma timidité. J’ai fini par m’y essayer, une fois, deux fois, et maintenant c’est devenu une véritable passion !

Par Jean-Guillaume Langrognet