Audrey Cordon-Ragot | © Rueda
Demain tu seras au départ des championnats du monde de contre-la-montre par équipe, avec Wiggle High 5, l’une des dernières courses de l’équipe. Quelles sont tes ambitions et celles de tes coéquipières ? Cette épreuve aura t-elle une saveur particulière pour vous ?
C’est la deuxième fois de ma carrière que je participe au mondial de chrono par équipe et ça sera aussi la dernière, cela me rend plutôt nostalgique. J’ai toujours aimé cette discipline, la plus difficile à mon avis, car tu vas toujours plus loin dans la douleur. Tu ne peux pas te dire « j’ai mal j’appuie moins fort », non car si tu fais ça tu te retrouves dans la pampa au bout de 5 kilomètres. C’est un vrai effort d’équipe et c’est pour ça qu’on souhaite performer, pour prouver qu’ensemble, malgré les conditions exécrables on a toujours été une EQUIPE.
Ensuite viendront la course en ligne et le contre-la-montre individuel avec l’équipe de France. Comment t’es-tu préparée à ces grands rendez-vous ?
J’ai intégré le groupe cible olympique du contre-la-montre et j’ai pu, grâce à la FFC, participer à un stage chrono après le Tour de Hollande, ce qui m’a permis de me préparer particulièrement pour cet exercice. Pour la route je n’y pense pas vraiment, je verrais le jour J comment les jambes répondent, mais inutile de vous dire que le terrain n’est pas celui que j’affectionne le plus.
4ème du championnat d’Europe de chrono début août à Glasgow, que peux-tu espérer la semaine prochaine à Innsbruck ? Comment trouves-tu le parcours ? Il te convient ?
C’est un parcours assez similaire à Glasgow en terme de dénivelé avec un départ plutôt plat et exposé au vent, puis une deuxième moitié plutôt difficile. Ça me convient bien car j’aime les changements de rythme, j’espère juste avoir récupéré du par équipe car il y a seulement un jour de récupération entre les deux épreuves. Objectivement un top 10 serait une belle performance à ce niveau.
Pour ce qui est de la course en ligne, annoncée pour grimpeuses, une stratégie d’anticipation pourrait être la clé de la réussite pour l’équipe de France ? Tu auras probablement le rôle de capitaine de route, qu’est ce qui te plaît avec cette casquette sur la tête ?
J’aime rassembler l’équipe, faire comprendre aux filles que sans le groupe on arrive à rien. Nous n’avons pas de super stars en montagne, les Hollandaises ont prouvé qu’à la pédale elles seront l’équipe difficilement contestable. A nous de profiter du marquage et d’aller le plus loin possible dans la course. Là encore je pense qu’un top 10 serait un bon résultat pour l’équipe.
L’an prochain tu feras partie de la nouvelle équipe Trek Factory Racing. Pourquoi ce choix ?
Le projet me parle, c’est ce que je souhaite à l’avenir pour le cyclisme féminin français. Etre membre de ce dernier est un rêve qui devient réalité, c’est ce que j’ai toujours défendu et ça me donne une crédibilité quant à mon avenir. J’ai envie de casser le plafond de verre qui me sépare de mon 100% et j’espère que cette structure va m’aider.
Audrey Cordon-Ragot | © Bruno Perrel
Une grande partie de la saison équipière, tu as su saisir les opportunités et terminer 6ème de l’Amstel Gold Race et récemment 3ème sur la Madrid Challenge by la Vuelta. Ça ne te manque pas de gagner ? Un objectif pour l’an prochain ?
C’est difficile à croire quand on regarde mon palmarès mais j’aime gagner, je suis une gagneuse dans l’âme. On m’a endormi ces dernières années mais je ne compte pas être porteuse d’eau chez Trek. Je souhaite terminer sur d’autres podiums World Tour et je pense en être capable.
Quelle est la plus belle course que tu revenais de remporter ?
Je rêverais de gagner l’Amstel, je suis passée si près que j’ai ce goût d’inachevé. La Hollande comme la Belgique sont les temples du cyclisme et n’importe quel coureur vous le dira, gagner une classique là-bas c’est comme toucher le Graal.
Quel regard portes-tu sur le cyclisme féminin français ? Selon toi, qu’est ce qui pourrait le faire grandir encore plus ?
Le cyclisme féminin français est très talentueux mais manque de confiance en lui. La FDJ fait un travail formidable pour se professionnaliser et offrir les meilleures conditions à leurs coureurs c’est indéniable mais dans n’importe quel sport ce qui fait qu’un sportif progresse c’est l’adversité. Tant qu’il n’y aura qu’une et unique équipe en France, qui malheureusement ne peut pas engager tous nos talents, nous passerons à côté de trop bons éléments. Plus d’équipes « professionnelles » pour plus de filles professionnelles pour un niveau qui ne cessera d’augmenter à l’instar des autres grandes nations du cyclisme.
Cycliste professionnelle, un caractère de championne, du charisme, est ce que monter une structure féminine est une idée dans un coin de ta tête ?
Ça l’est. On a tous plus ou moins une vocation, et si la mienne était de faire en sorte que le plus beau sport du monde se conjugue aussi au féminin ?
Par Maëlle Grossetête