En ce début juillet qui rime chaque année avec feux d’artifices, le 14, bal des pompiers, le 13, Vélo 101 a mélangé les couleurs, comme on mixte les Tours, les capitales, de Bruxelles à Paris et Milan pour l’économie et le vélo. Depuis le 6, c’est tous les jours qu’on en voit de toutes les couleurs, jaune forcément sépia, 100, 50 ans oblige, forcément.
On passe au vert, synonyme de fort et de Sagan, puis au blanc avec Krys, mais sans crise, si ce n’est de sourires, et on arrête son char, férocement Leclerc avec ses pois, et le poids de la jeunesse dans le Tour. Tout ça pour les gars, les filles, c’est bien connu, aiment le pastel, mais pas que, va pour le rose, alors direction Sondrio, merci Saris et Powertap, Chiuro, la région de la Valtellina, ses vignobles en terrasses et bienvenue sur le Giro, non, le Gir’haut les filles.
© Vélo 101
Le Giro Rosa, c’est rien moins que la course à étapes de référence du calendrier, 10 jours, crée en 1988, 32ème rendez-vous cette année, un Tour forcément régionalisé, une source d’inspiration pour celles et ceux qui veulent avancer en France et ailleurs. Loin, très loin du « 3 semaines comme les hommes », un égalitarisme revendiqué mais la garantie de tuer dans l’oeuf une progression inéluctable.
Le parfait équilibre, disons-nous, compte-tenu des forces en présence ; un détail qui n’en est pas qu’un : le linge sèche qui sur les barrières, sur les fils disparates, sur les antennes des voitures, …tout ça chez un bon 2/3 des équipes, bienvenue dans le Tour, l’autre Tour de juillet, loin du gigantisme, et à visage humain, avec le sourire des filles en présence et presque en permanence.
© Yvanka Bouman Fiets
Heureusement, il fait très beau sur Chiuro et Sondrio en ce matin de jour 6, comme 12, les kilomètres en côte du clm du jour, divisé par deux, les filles motivées par le général qui vont jouer gros et l’immense majorité des filles qui veut passer le cut et profiter d’un jour de semi-repos.
10% des filles sont pros et ont tout ce qui va avec : un salaire décent, du temps pour bien s’entraîner, et le matériel qui va bien. C’est un chrono en côte avec des parties plates voire descendantes, les prolongateurs, les roues lenticulaires, … sont obligatoires et pourtant pas mal de filles vont faire ce chrono avec leur seul vélo, celui de route. Dans ce paysage carbone, il y a clairement les marques qui ont le bon goût de féminiser leurs équipes men, Sunweb et Cervélo, Boels-Dolmans et Spé, Ridley et Lotto-Soudal, Lapierre et FDJ-NA, Canyon-Sram, CCC et Liv….
Yvanka Bouman Fiets
Bien-être matériel ou pas, vélo solo, sur le Giro Rosa, c’est le cyclisme à visage humain, sourires, facilité des contacts, viralité des réseaux sociaux, entraide, solidarité, les filles n’ont pas les moyens des hommes mais ont au moins autant d’idées pour valoriser leurs partenaires, ceux qui ont la riche idée, en plus d’être visionnaires, de soutenir ce beau sport en tous genres.
Pour nous, c’est café Segafredo et vélo : le Trek qui va bien, bienvenue dans le bus du team piloté par des références à ma gauche : Anna Teutenberg, à ma droite Giorgia Bronzoni, multi-championne, une as! Et pas seulement au volant en course !
© Vélo 101
Sympa la visite du bus, les capitaines de route sont devant, places immuables, la plupart des sièges ont le bouquin qui va bien pour se changer les idées.
Comme le Tour, le Giro Rosa a sa banque comme partenaire majeur, le LCL version rose, c’est Iccrea, Gruppo Bancario Cooperativo. La comparaison s’arrête là, les équipes se garent comme elles peuvent, la sécurité est quelquefois limite dixit Audrey et beaucoup trop de filles, l’organisation manque de moyens, d’humains, d’idées ? Pour faire comme les autres courses du calendrier féminin, en un mot progresser étapes par étapes.
10% de professionnelles et une qui est sur une autre planète : Annemiek Van Vleuten, Deutch women du team Australien Mitchelton-Scott. Dès que ça grimpe, on a l’impression qu’elle enclenche la survitesse quand les autres donnent tout pour la 2ème place. Gavia ou pas, finalement pas grimpé à cause des risques de glissements de terrain, là c’est égalité Giro/Giro Rosa.
© Vélo 101
Ce Giro Rosa est bien balancé, 10 jours, une première étape en clm par équipes pour souder les effectifs, 3 étapes plates, la montagne entre-lardée de l’étape 6 à Chiuro, ce mercredi, un clm de 12 km, « presque une journée de repos pour beaucoup de filles. A commencer par Audrey Cordon-Ragot, elle a vécu une de ses pires journées sur le vélo la veille et il va y avoir beaucoup à faire pour aider l’Italienne Elisa Longo-Borghini à se rapprocher du podium au général, la 3ème place du jour est un bon premier investissement.
Il reste beaucoup à faire pour que ce cyclisme-là soit reconnu, ça prendra du temps forcément, et on ne parle pas des traitements des fins de mois. Malgré toute la tendance est bonne, comme les audiences télé des Championnats de France, comme la Raï 3 qui profite des moments chiants du Tour ! pour nous passer un chouette résumé de 15′ de l’étape du Giro Rosa, là-aussi bonne pioche et bonne expo du vélo au féminin.
Oui, la tendance est bonne : les équipes hommes du World Tour ont leur pendant au féminin, les classiques majeures aussi, vivement un Paris-Roubaix ! En France, il reste à créer, développer, relancer un Tour, une grande boucle, un Giro, …et le Tour de Bretagne 2.0 comme dit Audrey dans son itv à retrouver mardi 16 Juillet, est mieux qu’une première étape.
On a passé une super journée, et vu des championnes qui ne demandent qu’un peu plus de moyens. Comme la tendance est au cyclo-cross chez les champions du moment, on souhaite plein de beaux projets nouveaux, un feu d’artifice même ! avec des projections 3.0: une équipe hommes, une équipe femmes, et un groupe homme/femmes pour le cyclo-cross. Une histoire en 365, une année complète d’exposition et la garantie pour un annonceur de toucher toutes les cibles. Vivement 2020, pas seulement parce qu’on aura 20 ans.