Roxane Fournier revient pour Vélo 101 sur sa dense saison 2017. La sprinteuse de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope y aura titillé les meilleures mondiales en se plaçant à maintes reprises sur le Women’s WorldTour. La Francilienne évoque aussi 2018.
Roxane, revenons ensemble sur ta saison. Tu as démarré placée dès les premiers mois : 17ème du Het Nieuwsblad à Gand, 6ème du Het-Hageland, 19ème du Tour de Drenthe (Women’s WorldTour), 4ème de la Pajot Hills Classic puis du Trofee Maarten Wynants.
Les classiques flandriennes du début de saison sont toujours un objectif pour moi. Ce sont des courses que j’adore tant par les parcours que par l’ambiance qui y règne. J’ai réalisé un début de saison correcte avec de nombreuses places d’honneur. Une progression par rapport aux années précédentes mais j’espère faire encore mieux dans les années à venir.
Restes-tu déçue de ta campagne des Flandriennes (notamment du « Ronde », le Tour des Flandres) ?
Je ne suis pas déçue mais je ne suis pas non plus 100% satisfaite surtout sur les courses hollandaises notamment avec le Ronde van Drenthe. C’est une course que j’adore. Je dirais même que c’est dans mon top 3 de mes courses préférées. Une erreur de placement dans le final m’empêche de faire mieux que 19ème. Concernant le Tour des Flandres, c’est une course qui est encore trop difficile pour moi concernant le profil très vallonné, mais j’espère m’en rapprocher dans les années futures.
Tu finis ensuite 4ème à Londres de la dernière étape de l’OVO Energy Women’s Tour (WWT).
J’ai vécu une semaine compliquée sur le Women’s Tour où j’étais fatiguée et pas du tout en jambes. Cette 4ème place sur la dernière étape m’a un peu réconforté de ma semaine dans le sens où j’ai repris confiance en moi pour le sprint, ce qui était important pour les mois qui allaient suivre.
S’ensuit le championnat de France et la victoire (collective) de Charlotte Bravard. Quel regard portes-tu sur cette journée et la main-mise de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope ?
L’équipe a fait la course parfaite. Charlotte a pris la bonne échappée et a très bien manoeuvré. Tout le monde pouvait gagner et nous avons très bien joué collectivement. C’est un titre qui nous échappe depuis plusieurs années alors il était d’autant plus beau à célébrer pour l’ensemble de l’équipe que ce soit les athlètes ou le staff technique.
Tu participes début juillet au Giro Rosa. Deux sprint massifs finalement : 4ème à San Vendemiano (1ère Hannah Barnes) et de nouveau 4ème à Roseta degli Abruzzi (1ère Lotta Lepisto). As-tu des regrets au vu de ces deux emballages ?
C’est vrai que cette année j’ai été abonnée à la 4ème place ce qui est très frustrant même s’il s’agit de courses World Tour. Je suis une sprinteuse donc on veut toujours gagner et on est toujours déçue quand on ne lève pas les bras. Je n’ai pas forcément de regrets dans le sens où à chaque fois j’ai donné le maximum de moi-même. Il m’a manqué un peu de soutien sur la toute fin où la différence se fait.
Tu enchaînes toujours placée avec le BeNe Ladies Tour, 3ème et deux fois 4ème d’étape puis une nouvelle fois Londres pour l’épreuve WWT Prudential RideLondon Classique. Tu te classes 8ème.
A l’image de ma saison je suis toujours placée mais jamais gagnante. Mais je pense qu’être régulière est quand même un signe de bonne forme et qu’on n’est pas là par hasard ! La RideLondon s’est courue dans des conditions dantesques (NDLR pluie diluvienne). C’était très dur mentalement et physiquement.
L’équipe de France réalise une belle course lors des championnats d’Europe au Danemark. Tu y règles le peloton pour la 4ème place, une dizaine de secondes derrière le trio victorieux Vos-Bronzini-Zabelinskaya. Quel sentiment restera-t-il de cet Euro ?
Forcément un sentiment de frustration surtout lorsque l’on termine au pied du podium d’un grand championnat. L’équipe de France a fait une très belle course ce jour-là. J’étais protégée pour le sprint, je gagne le sprint du peloton. Et on sait qu’un sprint pour une 4ème place est quand même différent que pour une victoire. Alors on ne sait pas ce qui serait arrivé si la victoire s’était jouée au sprint. En tout cas, cela m’a confortée dans l’idée que j’étais capable de rivaliser avec les meilleures mondiales en cas d’arrivée au sprint et cela était important pour la suite de ma saison.
Au mois d’août, deux nouveaux rendez-vous du Women’s WorldTour : le Ladies Tour of Norway et le Boels Rental Ladies Tour. Avec 4 Tops 10 à la clé dont une 3ème place à Weert où tu n’es pas passée loin.
Sur le Tour de Norvège, ça n’allait pas du tout. Je n’étais pas en forme et je me sentais vraiment fatiguée. J’ai subi toute la semaine et pris zéro plaisir. Je me suis ensuite reposée chez moi car je voulais performer sur le Boels Ladies Tour et le Madrid Challenge. Sur le Boels (NDLR Le Tour des Pays-Bas), je me suis sentie bien toute la semaine, sur les sprints mais aussi sur les parcours vallonnés et cela est important pour moi de montrer que je ne suis pas qu’une sprinteuse ! Je termine 3ème d’une étape à la photo-finish. Forcément déçue de passer si près d’une gagne en World Tour.
Enfin, sur le Madrid Challenge by la Vuelta (épreuve finale du WWT), tu te classes 3ème mais tu étais en tête à seulement 50m de la ligne avant d’être remontée par Jolien D’Hoore et Coryn Rivera.
Ce jour-là, j’ai tenté le tout pour le tout pour ne pas avoir de regrets. Toute la course j’avais les bonnes jambes qui tournaient bien. J’avais vraiment envie de gagner et je sentais que c’était possible. J’ai lancé le sprint sur la gauche de la route assez tôt car j’ai eu peur de me faire enfermer. J’y ai cru mais je sentais que ça revenait de derrière et que je perdais de la vitesse. C’est très frustrant mais je sais qu’un jour ça marchera.
Au final, on a l’impression (et tu n’as que 26 ans) que tu as passé un cap au niveau mondial malgré le fait que tu n’aies pu gagner. Tu t’es montrée très régulière en haut de la hiérarchie des sprinteuses.
Pour moi, ma saison 2017 a été bonne. Certes je n’ai pas de victoire alors que j’en avais eu 3 lors des 2 dernières années, mais cette année j’ai été beaucoup plus régulière ce qui est pour moi un signe de forme et de progression. De plus cette année mon calendrier était basé sur un programme plus tourné World Tour donc forcément les victoires sont plus dures à aller chercher mais c’est ce vers quoi je veux aller. J’ai montré ma place dans les sprints mais également dans des courses au profil plus accidenté comme certaines classiques belges.
Les championnats de France 2018 qui se dérouleront dans les Yvelines doivent j’imagine te motiver en tant que Francilienne ?
Je suis très contente que les championnats de France soient dans les Yvelines. C’est à côté de chez mes parents et je sais que j’aurai du monde pour me soutenir. Je ne sais pas encore comment sera le circuit. J’espère qu’il pourra me convenir.
Un mot sur La Route de France qui renaît en 2018, épreuve sur laquelle tu t’es illustrée par le passé.
Je suis également très contente que la Route de France fasse son retour en 2018. C’est une très belle course, très bien organisée avec des bénévoles qui se dévouent jour et nuit pour la mettre en place chaque année. Elle mériterait une plus grande couverture médiatique. Forcément pour moi c’est une course que je porte dans mon coeur puisque j’ai gagné 2 étapes en 2016 et qu’elle est organisée par des personnes que je connais depuis toute petite.
Concernant 2018 et la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope, tu as rempilé 2 ans et le recrutement semble, en partie, avoir été pensé autour de toi, avec l’arrivée de l’Australienne Lauren Kitchen.
J’ai résigné 2 ans à la FDJ-Nouvelle Aquitaine. C’était important pour moi et pour l’équipe de s’engager sur du plus long terme, car chaque année c’était compliqué de faire des choix et d’être dans le flou. Cela va me permettre de faire mon sport et mon métier dans les meilleures conditions pour les 2 années à venir. Pour 2018 l’équipe est pour moi vraiment belle, avec des jeunes et des filles d’expérience, et des filles pour tout type de terrain. Je suis certaine que cette année sera fructueuse. Je suis forcément contente du recrutement qui a été fait et j’espère que cela pourra m’aider lors des arrivées au sprint.
Quels objectifs et perspectives te fixes-tu pour l’an prochain ?
Pour l’an prochain, je veux vraiment me donner les moyens de réussir. Pour cela j’ai décidé de ne pas faire de piste cet hiver pour vraiment me reposer car ça faisait 3-4 ans que j’enchaînais sans trop de repos. Ça n’a pas été facile comme décision mais c’était le moment pour le faire. J’ai également changé d’entraîneur pour me relancer et me redonner un nouvel élan de motivation. J’ai fixé 2 points clé dans ma saison. Tout le debut de saison jusqu’à mi-avril avec les classiques belges et hollandaises et ensuite de juillet à septembre avec les courses par étapes et donc les arrivées massives.
Par Franck Fruch