En deux jours et deux courses, le circuit olympique de Rio a conquis les adeptes d’un cyclisme à suspense trop rarement entrevu ces derniers temps. L’ascension de la Vista Chinesa avait été annoncée comme l’élément majeur du parcours et il devait être l’élément déclencheur de la course. Si la montée a encore une fois permis aux plus fortes de faire la différence, tout s’est finalement joué sur l’autre versant de la montagne. Avec cinquante secondes d’avance au début de la dernière descente, Annemiek Van Vleuten (Pays-Bas) et Mata Abbott (Etats-Unis) étaient partis pour se disputer la victoire. Mais la Néerlandaise, qui avait distancé l’Américaine au bout de quelques lacets, manque un freinage sur un des derniers virages et chute très lourdement. Elle filait assurément vers l’or mais à l’instar de Nibali hier, elle perd tout espoir sur cette erreur de trajectoire.
On pense alors que Mata Abbott n’a plus qu’à appuyer fort sur les pédales dans les bouts droits qu’il reste à parcourir. Avec un léger vent de dos et près de quarante secondes en bas de la descente, c’est à son tour de tendre les bras vers l’or. Mais la cycliste de 30 ans, vainqueur d’une étape sur le dernier Giro Féminin au mois de juillet, va craquer et voir son avance fondre à grande vitesse. Encore en tête pour quelques secondes à la flamme rouge, elle se fait déborder aux 250 mètres par trois concurrentes pour finir au pied du podium. Cruelle déception pour un scénario qui serait presque comparable à celui vécu par Rafal Majka hier si le Polonais n’avait pas pris de médaille. Si tout a été incertain en fin de course, le calme avait pourtant régné sur les premiers kilomètres.
La pistarde Lotte Kopecky (Belgique) avait ouvert seule les hostilités pour attaquer le premier tour de la petite boucle en tête. Habituée aux épreuves d’endurance sur piste, la Belge a rapidement pris près de trois minutes au peloton mais s’est fait reprendre avant l’entrée sur le grand circuit. Les Françaises ne sont pas citées parmis les favorites au départ, logique au vu de l’exigence du parcours et de leur forme actuelle. C’est pourquoi Audrey Cordon (France) tente sa chance à plus de cinquante kilomètres du but mais sa tentative échoue un peu plus loin. Pauline Ferrand-Prevot (France) aura quant à elle à peine plus de réussite, tout du moins assez pour croire quelques instants à l’exploit. Sortie avec Elena Cecchini (Italie), Gracie Elvin (Australie), Malgorzta Jasinska (Pologne), Anisha Vekemans (Belgique), Marianne Vos (Pays-Bas) et Trixi Worrack (Allemagne), les sept filles s’entendent très bien pour arriver 1’15 » avant le peloton au pied de Vista Chinesa. Mais sous l’impulsion des Américaines, les cartes vont être redistribuées.
Le peloton explose. On ne dénombre plus qu’une dizaine d’unités à l’avant alors que les grands noms du cyclisme féminin commencent à se faire lâcher, un à un. Pauline Ferrand-Prevot n’est pas au mieux tout comme, plus surprenant, Megan Garnier (Etats-Unis). L’hécatombe continue avec Vos et Armistead (Grande-Bretagne) qui lâchent à leur tour. Devant, les petits gabarits d’Abbott et de Van Vleuten s’envolent et filent vers le destin qu’on leur connaît. Derrière, elles sont trois à basculer ensemble et à mener la chasse. Elisa Longo-Borghini (Italie), Emma Johansson (Suède) et Anna Van der Breggen (Pays-Bas) ne se doutent pas un seul instant qu’elles seront à nouveau ensemble sur le podium.
L’entente est parfaite entre les trois filles. Elle aperçoivent rapidement Abbott en point de mire le long de la plage et rentrent au moment de lancer leur sprint. Se sachant moins rapide, Longo-Borghini s’est sacrifiée dans le dernier kilomètre pour revenir sur l’Américaine et prendre le bronze. Anna Van der Breggen, plus puissante que la Suédoise Johansson, décroche l’or olympique. Elle venge ainsi sa compatriote Van Vleuten, promise à la victoire mais défaite sur une grosse chute, dont les premières nouvelles sont apparemment rassurantes.
Le circuit olympique de Rio aura tenu toutes ses promesses, de par sa difficulté et sa dangerosité, mais surtout par le suspense qu’il a été capable de générer pendant deux jours. Il laisse maitenant la place aux épreuves contre-la-montre toutes deux programmées mercredi.
Classement :
1. Anna Van der Breggen (Pays-Bas) les 136,9 km en 3h51’27 » (35,5 km/h)
2. Emma Johansson (Suède) m.t.
3. Elisa Longo-Borghini (Italie) m.t.
4. Mara Abbott (Etats-Unis) à 4 sec.
5. Elizabeth Armitstead (Grande-Bretagne) à 20 sec.
6. Katarzyna Niewiadoma (Pologne) m.t.
7. Flavia Oliveira (Brésil) m.t.
8. Jolanda Neff (Suisse) m.t.
9. Marianne Vos (Pays-Bas) à 1’14 »
10. Ashleigh Moolman (Afrique du Sud) m.t.