Noemi, parlez nous de votre parcours.
Je travaillais pour une autre marque de vêtements de sport avant d’être chez Santini car je parle français, anglais, espagnol et italien bien sûr. Huit ans après mes débuts chez Santini, en 1995, on m’a confié la responsabilité de la vente de tous les produits Santini en Espagne et en Amérique du sud, notamment le Chili, l’Argentine et Puerto Rico.
Vous ne vivez donc plus en Italie ?
Non, désormais j’habite en Espagne. Les premiers temps, je me déplaçais mais dès que la charge de travail est devenu plus conséquente j’ai dû déménager. Je retourne une fois par mois en Italie voir ma famille. Cela tombait bien car mon mari était muté en Espagne donc j’ai pu le suivre.
Que pensez-vous de la Vuelta, car c’est la première fois que vous participez à cet événement ?
Je suis très contente d’y participer et ce pour 21 jours. Les premiers jours ont été très actifs, je n’ai pas vraiment eu le temps d’en profiter. L’accueil en France a été merveilleux et j’adore la France, c’est un très beau pays et je ne connaissais pas le sud. J’ai beaucoup aimé Nîmes, les arènes et les gens sont très sympathiques.
Que pensez-vous de votre travail en tant que femme ? Comment gérez-vous vie de famille et travail ?
Je pense que nous, les femmes, on peut tout faire ! On peut travailler et être mère de famille à la fois. J’ai de la chance car ma fille est déjà grande, elle a 24 ans et d’ailleurs elle travaille aussi sur la Vuelta ! Maintenant qu’elle est grande c’est beaucoup plus facile de concilier famille et travail. Quand ma fille était petite, j’ai eu beaucoup de chance car mon mari était très compréhensif vis-à-vis de mon travail, des déplacements et des exigences. Quand on travaille, c’est très important d’avoir un homme à ses côtés qui t’épaule et te permet de faire tout cela.
Le monde du cyclisme est encore majoritairement masculin, qu’en pensez-vous ?
C’est essentiellement masculin oui mais cela a beaucoup changé ! Imaginez qu’en 1987 quand je suis arrivée dans ce milieu, j’étais la seule femme, particulièrement en Espagne. Mais pour moi, c’était une véritable chance car cela m’a facilité les choses. On te reconnait facilement. J’ai eu quelques commentaires comme « oh tu sais cette fille elle ne va pas durer ! » Mais il faut avoir confiance en soi et persévérer. J’ai su mettre des distances et suivre une certaine ligne de conduite et j’y suis arrivée. J’ai eu beaucoup de chance. Tous mes choix et décisions ont toujours été respectés, sûrement parce que j’ai su mettre les points sur les « i » dès le début. J’ai pu montrer ma légitimité et que j’étais une personne fiable.
Souhaitez-vous que votre fille prenne le relais plus tard ?
Ce que je souhaite réellement, c’est que ma fille soit heureuse et qu’elle fasse ce qu’elle a envie. Elle est en train de finir ses études dans le domaine juridique et elle voudrait prendre une autre direction. Là, elle travaille avec nous cet été mais je ne veux pas l’obliger à quoi que ce soit, c’est elle qui choisit, je ne veux rien imposer. Chaque personne doit suivre sa propre voie. Dans chaque profession, il faut mettre de l’amour. Si vous y mettez de la passion, cela vous rend heureux.
Propos recueillis par Mathilde Duriez