Année spéciale, saison cycliste compliquée, mais la bonne nouvelle que l’on a appris en pleine épidémie est la création d’une version féminine de Paris-Roubaix. La course est prévue le 25 Octobre 2020, en amont des hommes. Elles emprunteront les 17 derniers secteurs de la course masculine, soit près de 50% de pavés sur le parcours total. Mons-en-Pévèle, Carrefour de l’Arbre, vélodrome de Roubaix, tant de points mythiques que le peloton féminin découvrira, on l’espère, cet Automne.
La trouée d’Arenberg ne sera pas au programme mais une fois dans le Nord, impossible de ne pas aller mettre les roues sur ce lieu mythique. L’entrée sur la tranchée se fait doucement car une barrière est présente, et c’est parti. Ca tape énormément, le début en faux plat descendant avant un faux plat montant, on ne sent plus ses bras, il y a de gros trous entre les pavés, c’est du sport ! Une fois la trouée terminée, longue d’environ 2,5km, demi-tour et on revient par le chemin goudronné juste à côté, plus simple…
Autre point clé, qui sera lieu au menu du Paris-Roubaix féminin, le Carrefour de l’Arbre : passage stratégique chez les hommes dans le final, il en sera de même chez les filles. Pavés en mauvais état, avec la fatigue de toute la course, ça fera des dégats. Surtout qu’il y a une succession de secteurs à ce niveau avec un 1km avant d’entrer dans le Carrefour de l’Arbre, et un autre 250 mètres après la sortie. Autant dire, que ça ne débranche pas pendant une dizaine de minutes !
La FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope sur les pavés de Roubaix | © Thomas Maheux
Gilbert, Sagan, Van Avermaet, Hayman, Degenkolb, ce sont les noms des 5 derniers vainqueurs. Des gabarits entre 70kg pour le plus léger et 80kg pour le plus lourd, on a l’habitude de dire que les pavés sont difficiles pour les poids léger. Qu’en est-il pour les filles ? Au-delà du gabarit c’est une technique à part entière, un choix de matériel important notamment dans la pression des boyaux afin de « rebondir » le moins possible sur le pavé, sans pour autant augmenter considérablement le risque de crevaison. Une vraie balance à trouver, et pour cela de nombreuses équipes ont déjà été mettre les roues sur ces fameux pavés. La Boels-Dolmans, la Sunweb, la Lotto-Soudal, la FDJ Nouvelle-Aquitaine Futuroscope ont en effet effectué la reconnaissance du parcours.
La Sunweb au vélodrome | © Sunweb
Pour la formation française, le choix du vélo est le même modèle que sur les courses routes traditionnelles avec le Lapierre Xelius SL, avec des options possibles telles qu’une double guideline, des boyaux spéciaux pour les pavés, des freins supplémentaires sur le cintre, mais surtout un choix méticuleux de la pression des boyaux. Le choix d’une double guidoline ne fait pas l’unanimité, c’est 50/50 avec des coureures qui préfèrent un cintre plus fin donc ne pas mettre une double couche, et d’autres qui souhaitent un peu plus de confort. En ce qui concerne les braquets, la reconnaissance a été réalisée en 53×39 et 11×28 mais la question de mettre un 52 en gros plateau se pose. La raison ? Permettre d’avoir une cassette plus étagée en 11×25 ou 11×23 pour optimiser la ligne de chaine, très importante sur les pavés pour éviter un déraillement.
Les reconnaissances effectuées en plein été, sous 35 degrés et avec la poussière, il n’en sera très certainement pas de même fin Octobre. La pluie, le vent, la boue… risquent d’être des facteurs importants à cette première édition de l’Enfer du Nord féminin. On espère que cet évènement aura lieu et ce sera un réel spectacle !
Pour les favorites on pense évidemment à la Néerlandaise Ellen Van Dijk (Trek-Segafredo), spécialiste du contre-la-montre, qui pourra faire parler toute sa force sur les pavés. Des coureures de classiques comme Chantal Van Den Broek-Blaak, Marianne Vos, Marta Bastianelli, Lucinda Brand… entre-autres, seront très certainement aux avants-postes également.
Par Maëlle Grossetête