Loïc Déniel, vous êtes une des chevilles ouvrières du renouveau du Tour de Bretagne féminin, comment a été renoué le fil de l’organisation ?
Frédéric Le Corre, le nouveau directeur de l’épreuve, issu de l’évènementiel sportif international, avait pris attache avec Claude Cuny, l’ancien organisateur et toujours président de l’association en vue de relancer le Tour de Bretagne Féminin. L’épreuve étant enregistrée au Club Cycliste Bigouden dont je suis le président, nous nous sommes rencontrés, le courant est très bien passé et nous avons décidé de faire repartir ensemble cette belle épreuve !
Mondiaux Juniors Femmes © Relève Skoda
Un président de l’UCI, Breton, ça aide forcément à impulser ?
C’est surtout que le Tour de Bretagne Féminin s’inscrit pleinement dans le plan de développement du cyclisme féminin initié fin 2018 par l’UCI sous l’impulsion du Président Lappartient. Il est évident qu’il y aura un certain nombre de synergies à cet effet et nous comptons sur la visite du Président sur au moins l’une des étapes du Tour de Bretagne pour bénéficier, notamment, d’un levier médiatique supplémentaire.
Vous avez décalé d’un mois vis-à-vis des éditions 2016, pourquoi ? Quels avantages y voyez-vous ?
Tout d’abord nous ne trouvions pas la date idéalement placée avec la concurrence du Tour de France qui monopolise toutes les attentions. Ensuite nous voulions trouver une date qui nous permette d’intéresser le plus grand nombre d’équipes. Placée après la Classique Morbihan (1.1) et le Grand-Prix de Plumelec-Morbihan Dames (1.1) les équipes qui y sont engagées sont déjà sur place, ce qui leur permet de réduire leurs coûts de déplacement. Nous échangeons régulièrement avec les organisateurs de ces épreuves et nous nous tenons mutuellement informés. De plus, avec les championnats nationaux qui se déroulent le 4ème week-end de juin, notre épreuve peut également servir de préparation aussi bien pour les épreuves en ligne que pour le CLM. Et dans un avenir très proche, notre épreuve pourrait également servir de plateforme de préparation en vue des JO 2024.
Le parcours comprendra 4 étapes en ligne et un contre la montre, que peut-on dire de plus à ce jour ? kilométrages, étapes, dénivellation, profils ?
Le parcours est en cours de finalisation donc pour le moment nous ne pouvons en dire plus si ce n’est que les étapes présenteront un profil varié propre à notre région et que certaines passeront ou finiront dans les villes de certaines de nos championnes.
Les 4 départements seront visités et le départ du Tour de Bretagne féminin se fera en Ille-et-Vilaine pour se terminer dans le Finistère.
Le CLM, placé en milieu d’épreuve fera plus de 30 kms, ce qui permettra aux féminines de se tester en vue des championnats nationaux de chacune.
Irez-vous chercher des « ribinous » ou autres spécialités Bretonnes pour donner une personnalité à votre épreuve ?
Effectivement, l’idée à terme est que le Tour de Bretagne Féminin ait sa propre identité dans le calendrier. Nous aimerions proposer à chaque édition une thématique cohérente avec le parcours retenu (parcours des Saints, parcours côtier, par exemple). Pour l’année de relance, nous ne sommes pas en mesure de proposer une thématique spécifique faute de temps et nous devons au préalable (re)trouver notre public. En revanche, nous préparons une belle surprise pour la dernière étape qui sera dévoilée au moment de la révélation du parcours 2019, mais nous pouvons d’ores et déjà annoncer en exclusivité à vos lecteurs qu’elle répond partiellement à votre question…
L’équipe de France Femmes sur l’Euro 2018 © UEC
Pensez-vous que 5 jours soit le format idéal pour les féminines aujourd’hui ? Pourquoi ?
Pour cette année notre but était de relancer le Tour de Bretagne Féminin et nous nous sommes donc appuyés sur l’ancien format existant, soit 5 jours de course. Cela ne veut pas dire que c’est le format idéal pour les féminines. Mais ce ne sera peut-être pas le cas pour les éditions à venir…
Quel sera le budget et comment est-il architecturé entre sponsors et collectivités ?
Il faut savoir que notre projet est axé sur un plan de développement à 5 ans (échéance JO 2024). Pour la première année nous avons plus que doublé le budget par rapport aux éditions précédentes. Ce budget (inférieur à 200K€) permettra de proposer une organisation sans fioriture avec une innovation majeure par rapport à ce qui se faisait précédemment : l’hébergement itinérant. Nous avons le soutien de Brit Hôtel, notre partenaire hôtelier, pour organiser ces aspects logistiques et mettre les équipes dans les meilleures conditions de compétition. Pour l’année 2019, nous devrions atteindre un ratio budgétaire de 70/30 partenaires publics/partenaires privés. Il est convenu, avec notre partenaire public principal, la région Bretagne, de travailler conjointement pour inverser progressivement ce ratio.
Pour les prochaines éditions, il sera également nécessaire pour ne pas dire vital, d’augmenter l’enveloppe budgétaire afin, notamment, d’augmenter la visibilité de l’événement et proposer des supports de qualité pour l’ensemble de nos partenaires.
Quels sont les sponsors privés qui vous font confiance, et partant, soutiennent le vélo au féminin ?
Nous comptions sur le support des capitaines d’industrie bretons, mais pour être honnête avec vous, on ne l’a pas eu jusqu’à maintenant. Nous en profitons donc pour leur faire un nouvel appel du pied, car nous sommes convaincus que notre projet est différenciant et propose des valeurs d’engagement et d’équité en adéquation avec les enjeux sociétaux actuels.
En revanche, nous pouvons révéler aujourd’hui les marques qui nous font confiance : Calieco, spécialiste breton du chauffage bois & granulés, sera partenaire du maillot de leader. Cette marque fait le pari d’investir dans le cyclisme féminin pour ses valeurs et la visibilité croissante du sport féminin. Des activations de marque sur le tour et en marge de l’événement sont prévues. Ceratizit Group, fabricant de pièces en carbure, déjà impliqué fortement dans le cyclisme féminin en tant que sponsor d’épreuve (GP de Plouay, Madrid…) et avec sa propre équipe WNT-Rotor Pro Cycling (UK), a également rejoint notre pool de partenaires (partenaire du maillot de la meilleure jeune).
Nous sommes en discussions avec d’autres belles marques, notamment pour le partenariat titre, et devrions être en mesure de les dévoiler très prochainement.
Est-ce compliqué, très compliqué de motiver des annonceurs pour le sport féminin, et le cyclisme féminin ?
Je ne pense pas qu’il soit plus compliqué de motiver des annonceurs pour le sport féminin de manière générale, et le cyclisme féminin en particulier. Tout est une question de croyance aux valeurs et d’adhésion au projet. La difficulté c’est de trouver la ou les personnes qui y croient. La réalité c’est qu’aujourd’hui les entreprises sont sur-sollicitées pour du sponsoring au sens propre du terme. Nous pensons que ce temps est révolu et qu’il faut aller plus loin dans la réflexion avec les marques. L’événement sportif est devenu une plateforme intelligente et profitable d’activation de marques, pour autant cela nécessite un investissement et une implication des dites marques qui doit aller au-delà des droits de partenariat. La difficulté est donc de trouver les entreprises qui sont prêtes à entendre ce discours.
Audrey Cordon-Ragot © Trek Segafredo
Côté médias, quel est le retour ? quid des télés ?
Le retour côté médias est extrêmement positif. Nous avons déjà la garantie d’une couverture TV sous un format de diffusion qui reste à définir. Nous sommes également en discussions avec la PQR pour un partenariat transversal que nous devrions être en mesure d’annoncer très prochainement également. Enfin, le pari que nous faisons aujourd’hui est de croire à la révolution numérique du sport. D’abord, nous allons faire le nécessaire pour être actifs sur les réseaux sociaux (nos comptes twitter et Instagram sont déjà opérationnels) et un suivi en live est envisagé pour la première année. Surtout, nous allons nous rapprocher de plateformes de streaming qui sont demandeuses de contenu pour offrir, on l’espère, l’un parmi les premiers tours féminins disponibles sur ce type de plateforme.
A 5 mois de l’épreuve, quelles sont les grosses étapes qui restent à franchir ?
Parmi les priorités, il nous reste à sécuriser le volet budgétaire. Courant février, nous allons travailler sur le parcours avec la contribution des villes hôtes et de leurs clubs cyclo puis avec les préfectures pour la sécurisation du parcours. Enfin, c’est un détail…mais un détail important, nous devons encore nous mettre d’accord au sein de l’équipe d’organisation sur la couleur des maillots distinctifs, car ceux-ci devraient être différents de ce qu’on a l’habitude de voir dans le peloton français !
Quelles équipes pouvez-vous confirmer à ce jour ? selon vous quelle serait la répartition idéale entre équipes UCI/FFC et équipes régionales et Bretonnes ?
Comme nous le disions précédemment le changement de date a eu un impact positif sur la demande des équipes. Les demandes ont afflué très vite. À ce jour, 9 équipes UCI, 4 équipes nationales et 5 équipes de DN ont fait retour de leur engagement de principe.
Sachez que parmi les équipes UCI nous pourrons compter sur nos équipes françaises FDJ NOUVELLE AQUITAINE FUTUROSCOPE et CHARENTE MARITIME CYCLING TEAM mais pour connaître les autres il faudra patienter encore un peu… Concernant les DN nous pouvons également vous dire que, bien entendu, les DN bretonnes seront présentes avec l’US VERN CYCLISME et la BREIZH LADIES.
Nous aurons également la chance d’accueillir notre championne nationale du CLM et déjà lauréate de l’épreuve en 2013, Audrey Cordon-Ragot, qui nous a soutenus (et continue de le faire) tout au long du projet.
© Bzh
5 jours de course, 5 étapes c’est le format qui convient pour faire le Tour de la Bretagne ou voyez-vous des ouvertures vers un Tour tendant vers 10 jours comme le Giro Rosa ?
Comme stipulé plus haut, pour cette année de relance, 5 jours de course c’est très bien ! Après, rien n’est arrêté : nous souhaitons faire grandir l’épreuve et pourquoi pas rejoindre le Giro Rosa avec ses 10 jours de course dans un futur proche, mais pour cela il faudra aussi que toutes les parties prenantes suivent d’un point de vue économique.