Juliette Labous revient pour Vélo 101 sur sa très prometteuse première saison pro à la Team Sunweb. Une année palpitante vécue par la formation néerlandaise (2ème du Women’s WorldTour 2017) et à laquelle a contribué de fort belle manière la jeune Franc-Comtoise.
Juliette, avais-tu de l’appréhension au démarrage de la saison, ta première chez les pros, à seulement 18 ans ? Ta première course était le Circuit du Het-Hageland je crois.
J’étais très impatiente de commencer cette saison, je ne savais pas trop à quel niveau je me situais par rapport au peloton élites donc j’avais vraiment hâte ! J’ai été plutôt contente de cette première course (c’était bien le Circuit Het-Hageland) même si j’avais été un peu trop sur le devant du peloton, à prendre beaucoup de vent et que j’avais donc été lâchée du peloton à un tour de l’arrivée !
Tu as ensuite vite embrayé avec une première confirmation dès mars et cette belle présence lors du Trofeo Binda (manche du Women’s WorldTour) disputé en Italie avec toute la crème mondiale. C’est d’ailleurs ta coéquipière Coryn Rivera qui l’emporte.
Oui sur cette épreuve j’ai beaucoup appris et j’ai pu aider l’équipe assez loin dans la course, je m’étais un peu impressionnée. Et le fait que Coryn ait gagné, c’était vraiment énorme pour nous ! La première victoire World Tour pour notre équipe sous l’appellation Team Sunweb.
Tu participes début avril au succès final d’Ellen Van Dijk lors du Healthy Ageing Tour.
C’était la première fois que j’étais amenée à défendre un maillot de leader. C’était une course par étapes rendue difficile par le CLM individuel et par équipes (mon premier), par les bordures, le plat et mes premières étapes longues (dont une de 165 km). Ça a été une très bonne expérience et encore une fois un bel apprentissage surtout que nous avions réussi à garder le maillot Jaune d’Ellen du début à la fin !
D’autres belles prestations suivent, comme cette 14ème place dans le Yorkshire puis ces deux Tops 10 en Bretagne (9ème de La Classique Morbihan et 10ème du GP de Plumelec-Morbihan au sommet de Cadoudal) ou encore une 4ème place sur le National CLM.
Le Tour du Yorkshire a été un peu un déclic pour moi cette saison. Nous avions fait une course tactiquement au top (Coryn 2ème avait réglé le sprint de l’échappée), et c’était ma première échappée sur une course de ce niveau. C’était quelque chose de grand pour moi de faire ce Top 15 parmi les meilleures mondiales. J’ai en effet obtenu mes premiers Tops 10 UCI en Bretagne avec l’équipe de France, ce qui était encourageant pour la suite ! J’ai été un peu déçue sur le championnat de France CLM car je n’avais pas eu de bonnes sensations, mais ma 2ème place en Espoir et ma 4ème place scratch étaient très satisfaisantes pour cette première année Elite !
Enfin arrive le 9 juillet et cette première victoire (sous le maillot bleu) à Krasna Lipa en République Tchèque lors du Tour de Feminin. Peux-tu nous raconter cette journée et cette épreuve en particulier ?
Ce fut une journée très particulière pour moi. J’étais tombée sur une des précédentes étapes, j’avais fini dans les 5 dernières du CLM suite à un ennui mécanique (on ne pouvait pas toutes être suivies sur ce chrono), alors cette victoire avait un petit goût de revanche. Et ça venait aussi récompenser toute l’équipe après des belles courses collectivement ! C’était aussi une étape spéciale car on avait été arrêtées près d’une heure suite à une grosse chute dans le peloton. C’était donc une très grosse satisfaction de gagner ma première course UCI Elite !
Tu finis placée à Herning lors des Championnats d’Europe Espoirs. Quels sentiments en retiens-tu ?
J’avais été déçue de mes sensations sur le contre-la-montre, mais une 6ème place sur un sprint massif après une course de mouvements où j’avais laissé pas mal d’énergie m’avait satisfaite.
Second acte de très belle facture sur le Women’s WorldTour avec le Ladies Tour of Norway, le Tour de Norvège féminin, au mois d’août. A la clé, une 9ème place finale et un 6ème temps sur le prologue. Tu en as surpris plus d’un(e).
Et je me suis également moi-même surprise ! Ma 6ème place sur le prologue m’avait déjà rendue très contente et mon premier Top 10 sur le WWT m’a marquée, surtout après des étapes difficiles et un beau travail d’équipe pour Ellen Van Dijk !
De l’extérieur, la Team Sunweb apparaît comme une équipe hyper soudée, un collectif huilé. On l’a vu à maintes reprises et notamment sur les classiques où des coureuses (qui peuvent être leaders sur d’autres courses) comme Ellen Van Dijk ou Leah Kirchmann par exemple « se sont mises à plat ventre » pour une autre. Y-a-t-il un esprit particulier au sein de la formation ?
Oui je pense que notre équipe est l’une des plus structurée chez les filles, si ce n’est la plus structurée. Et l’esprit d’équipe est l’une des valeurs les plus importantes de l’équipe. Il y a toujours une bonne ambiance de travail, de la motivation et il y a une très bonne cohésion / entente entre toutes !
Comment as-tu vécu d’ailleurs le splendide succès de la Team Sunweb sur le contre-la-montre par équipes lors des Mondiaux de Bergen ?
Je suis très fière de faire partie de l’équipe qui est devenue championne du Monde du contre-la-montre par équipes. Je ne faisais pas partie des six coureuses qui ont participé le jour J, mais ce résultat est à l’image de tout le travail effectué par l’équipe en général depuis le mois de janvier ! J’espère faire partie dans ces prochaines années de ce groupe des Mondiaux !
Un mot sur le VC Morteau-Montbenoit, ton club, brillant vainqueur de la Coupe de France DN Dames cette année avec de plus une formation très jeune (beaucoup de Juniors).
Cela a été pour moi un club très formateur qui se donne beaucoup pour les filles. La création de la DN en 2015, et les résultats obtenus par l’équipe en sont la preuve ! Beaucoup de Mortuaciennes font également partie du Pôle Espoirs Franche-Comté (dont je fais partie depuis 2012) et je pense que cela joue également beaucoup sur la dynamique au sein du club et de la région !
Quels objectifs et perspectives te fixes-tu pour l’an prochain ?
Je suis toujours dans une perspective d’apprentissage et de développement, même si j’aurai normalement des rôles plus importants sur certaines courses. Au niveau des objectifs en terme de résultats, je viserai les championnats de France (Elites et Espoirs), d’Europe (Espoirs) et du Monde (un Top 10 au CLM par exemple).
Par Franck Fruch