Tu savais que c’est l’anniversaire de Vélo 101 dimanche 30 juin, 19 ans, comme toi, sympa le cadeau, tu l’as fait exprès ?
Haha c’est vrai que c’est un joli cadeau comme pour l’anniversaire de ma mamie (29 juin). C’était peut-être un signe !
En tout cas je félicite Velo101 pour ce chemin parcouru et je suis persuadée que c’est loin d’être terminé.
Quelle était la tactique ce matin au briefing ?
Notre tactique était pas très compliquée, nous devions être soudées et s’entraider dans chaque effort. Aucune fille n’était protégée mais on se doutait que certaines comme Eugénie Duval ou Coralie Demay (qui avait fait un beau chrono) allaient être surveillées surtout en début de course. Nous devions adopter un comportement offensif sans créer nous même les attaques mais plutôt suivre les coups et surtout, être toujours en surnombre. C’était 1 fille pour 4 minimum. En cas d’arrivée au sprint, même si on doutait fortement de cela, Eugénie était leader.
Durcir la course, vous avez couru à la perfection ? Tu confirmes ?
Dès le début de course nous étions en position idéale puisque Marie Le Net était aux avants postes. Derrière, nous n’avions plus qu’à suivre les coups sans coopérer et sans utiliser nos cartouches. Mais à 4 tours de l’arrivée, en allant chercher une attaque j’ai senti que j’étais bien et comme je n’avais personne dans la roue, je me suis dit que je pouvais tenter de faire le jump sur Marie et Lena Gerault. J’y suis parvenue, c’était top puisque nous étions à présent 2 pour 1. Lena ne passait pas de relais, c’était pénalisant pour nous alors j’ai utilisé la technique que l’on apprend chez les jeunes et j’ai fait un trou. Lena n’était pas en mesure de le boucher, j’ai attendu qu’il y ait une centaine de mètres entre elle et Marie puis je l’ai attaqué. Je suis alors revenue sur Marie et on a continué notre effort ensemble durant 3 tours. Mais l’écart a commencé à baisser puisque des filles sont sorties derrière. Aude Biannic et notre coéquipière Victorie Guilman sont alors revenues sur nous a 5km de l’arrivée. Marie qui avait fait toute la course en échappée a alors lâché à 3km quand Aude nous a attaqué.
Marie Le Net et Jade Wiel, le duo FDJ en échappée | © Thomas Maheux
A trois, vous étiez sûres de vos forces ?
Marie et moi étions déjà bien entamées mais dans nos têtes c’était impossible de perdre en étant 3 contre 1. Marie nous a averti qu’elle lâchait, avec Victorie on a décidé de ne pas collaborer avec Aude car elle était la plus fraîche et avec son numéro de l’an passé elle pouvait faire peur. De plus, derrière, seule Audrey Cordon-Ragot aurait pu rentrer mais elle était assez loin à 2km de l’arrivée. Victorie m’a alors demandé comment je me sentais pour le sprint, je lui ai dit que ça allait mais que je sentais que des crampes pouvaient arriver. Aude a lancé son sprint de très loin (600m) puis elle s’est rassise, j’ai fait signe à Victorie d’y aller puis nous avons lancé notre sprint. La victoire nous tendait alors les bras..
Tu as un tempérament offensif, c’est le genre de course que tu aimes ?
Oui totalement ! J’aime lorsque les courses sont rendues difficiles par les coureuses ou le circuit. Quand il a du spectacle et des retournements de situations. Je pense que ce samedi toute l’équipe FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope et moi-même avons réalisé la course parfaite et avons été récompensées par notre comportement offensif dès les premiers kilomètres. Nous avons pris la course en main, on n’a jamais été à contre temps et c’est grâce à ça que nous l’emportons.
Le cri de délivrance de Jade Wiel, 19 ans | © Thomas Maheux
Vous avez craint le retour d’Audrey Cordon-Ragot ou pas ?
Pour ma part je ne savais même pas que c’était Audrey Cordon Ragot qui était derrière, nous avions comme informations que les dossards et je ne savais pas lequel était le sien. Avec Marie on voulait absolument passer le dernier mur avec de l’avance sur Aude car on savait que sinon elle pouvait nous attaquer et faire l’écart. On s’est permis de récupérer quelques mètres avant qu’elle fasse la jonction avec nous pour être en mesure de répondre à ses attaques.
Comment as-tu géré la chaleur ? on mange quoi pendant une course comme ça, des gels plutôt ?
Je pense que j’ai dû boire ou du moins prendre une quinzaine de bidons durant la course. Je remercie tout particulièrement les assistants qui ont été aux petits soins avec nous. A chaque ravito (il y en avait 2) nous avions le choix entre poudre et eau, je prenais souvent les 2 et je me mouillais avec l’eau. Ils avaient aussi accroché des éponges avec du Synthol pour nous rafraîchir. Je dois avouer que sur la fin de course, je me mouillais même avec la poudre!, j’avais besoin de frais. Pour l’alimentation, je ne suis pas un exemple. En général je mange maxi 2 barres par course car je n’en ressens pas le besoin ou alors je ne trouve pas vraiment le temps. Samedi, j’ai mangé le quart d’une barre en début de course et je n’ai plus rien mangé après.. Avant le départ on a plutôt opté pour des fruits frais (pastèque, ananas) alors que d’habitude ce sont des wraps sucrés ou salés.
Podium des Championnats de France Elites Femmes | © Audrey Duval
Quel va être ton programme ?
J’ai un mois de Juillet plutôt calme avec uniquement la Course by le Tour, en revanche le mois d’août sera plus conséquent. Normalement je serai sur la première édition de la Classica San Sebastien, peut être aux Championnats d’Europe puis à la Périgord ladies, aux Championnats de France de l’avenir et enfin à Plouay en fin du mois. J’ai déjà hâte de pouvoir courir sous le maillot tricolore et de porter haut les couleurs de l’équipe.
La joie de toute une équipe | © Clémence Ducrot
La course by le Tour et les Mondiaux sont dans ton viseur désormais ?
La course by le Tour sera ma première course avec le maillot de Championne de France. C’est une grande fierté pour moi de réaliser cette course dès ma première année chez les professionnelles et encore plus sous ces belles couleurs. C’est l’objectif du mois de juillet, je ne veux pas me mettre de pression mais c’est sûr que je n’y vais pas juste pour montrer le maillot. J’espère rester sur ma lancée et réaliser de belles choses.
Pour les Mondiaux, j’espère avoir pu montrer et prouver au sélectionneur qu’il pouvait me faire confiance et que malgré mon jeune âge j’ai des ambitions tout autant importantes que les autres filles de l’équipe de France. Pour avoir vu des photos et les profils, je pense que c’est un parcours qui pourrait me convenir et que je pourrais apporter mon aide à là où les leaders pour faire briller ma nation.