Isabelle, quel a été ton parcours professionnel avant de travailler pour Katusha Sports ?
J’ai déménagé à Genève en août dernier pour m’occuper de la communication et de la construction de la marque Katusha Sports. A l’origine, je travaillais pour une entreprise en sponsoring sportif et marketing événementiel à Londres. Je touchais alors à plusieurs sports comme la voile, le rugby, le golf. J’ai eu une courte expérience en mode sportive. Et c’est à cette occasion que j’ai connu le projet Katusha. C’est alors qu’ils m’ont approchée. La marque a été lancée au mois d’avril, en même temps que le Tour des Flandres. Depuis lors, elle grandit petit à petit. Nous avons lancé plusieurs magasins un peu partout en Europe, en Suisse, à Barcelone ou encore à Copenhague.
Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents dans ce marché ultra-concurrentiel du textile cycliste ?
Nous voulons proposer des produits techniques et performants, mais qui paraissent décontractés et contemporains. Peu de marques proposent déjà cela. Nous voulions vraiment présenter les choses sous un angle différent avec un look moderne pour toucher une nouvelle génération de cyclistes. Ainsi, nous tranchons avec l’aspect vintage que proposent d’autres marques, bien qu’il n’y ait rien de mal à cela. Les matériaux que nous utilisons sont de première qualité. Pour notre gamme estivale, nous avons opté pour la technologie 37.5 qui permet d’évacuer la transpiration aussi rapidement que possible et qui permet au corps de rester à une température de 37,5 °. En ce qui concerne la gamme hiver, nous utilisions un tissu Schoeller. La fibre a la particularité de s’étendre quand le corps est chaud pour laisser passer plus d’air et de se rétracter lorsqu’il fait froid.
Quelles sont vos relations avec l’équipe cycliste ?
Les coureurs commenceront à utiliser ces équipements la saison prochaine. Cette année, ils ont utilisé des produits similaires. Nous nous sommes concentrés sur le grand public. Nous manquions de temps pour proposer des produits qui soient absolument parfaits et sans défauts aux coureurs de l’équipe. Certains coureurs ont néanmoins contribué à développer ces produits comme Marco Haller et Alexander Kristoff. Nous voulions qu’ils nous fassent leurs retours, eux étaient demandeurs, tout a bien fonctionné. Pour Alexander par exemple, c’était parfait : il s’entraîne en Norvège l’hiver dans de très rudes conditions.
Comment la relation s’est-elle construite avec les coureurs professionnels ?
Nous sommes posés autour d’une table pour discuter. Nous leur avons demandé ce qu’ils attendaient de leur équipement, ce qu’ils voulaient avoir, ce qu’ils voulaient changer. De ces notes, nous avons tenté de dessiner ces produits. Dès qu’ils étaient fabriqués, nous les avons envoyés aux coureurs. Ils les ont portés à l’entraînement, pas simplement testés. Ils nous ont alors fait leurs retours, nous disant ce qu’ils avaient apprécié et ce qu’ils n’avaient pas aimé. Après plusieurs retours de ce type nous avons pu aboutir au produit final. Si ça fonctionne pour les pros, nous sommes assez confiants quant au fait que ça fonctionnera pour tous les cyclistes.
Quelle est la volonté de Katusha en lançant cette marque ?
L’équipe est la propriété d’Igor Makarov qui a longtemps été son seul investisseur. L’idée avec Katusha Sports c’est que la marque devienne assez rentable pour que l’équipe professionnelle puisse à terme s’autofinancer, sans sponsor. Devenir une équipe entièrement autonome financièrement serait quelque chose d’assez nouveau en cyclisme. C’est aussi la raison pour laquelle l’équipe s’est internationalisée cette année sans oublier ses racines russes.
En dehors de cette gamme sportive, vous avez lancé une gamme urbaine.
Nous avons lancé la ligne Commuter, plus casual il y a deux mois à destination des hommes et des femmes, là où la gamme performance n’est pour l’heure destinée qu’aux hommes (la gamme féminine sera pour cet été). Pour cette collection, nous avons suivi le même principe que pour la gamme performance. Nous voulions donc des vêtements qui soient à la fois performants et tendance. Chaque vêtement possède un petit détail qui le rend adapté à la pratique du cyclisme dans un environnement urbain. Mais dans le même temps, personne ne peut dire au premier coup d’oeil qu’il s’agit d’un vêtement destiné à la pratique du cyclisme. C’est ce que nous voulions. Deux collections composent cette gamme : la Very, qui est la plus tendance et la Chill qui est plus décontractée.
Que pensez-vous du marché féminin ?
Nous aurions aimé proposer une gamme féminine cette année. Nous ne l’avons pas fait car nous voulions faire les choses correctement avant de la lancer. Nous ne voulions pas proposer une version féminine des modèles masculins. Nous voulions un design qui soit propre au public féminin. Evidemment, ce marché n’est pas aussi étendu que le marché masculin. Mais il prend de plus en plus d’ampleur et ce, rapidement. C’est particulièrement le cas au Royaume-Uni et dans les pays du Nord de l’Europe. Nous avons un distributeur en Asie qui a vu les images du kit. Il est lui aussi confiant quant au fait de pouvoir vendre nos produits.
Songez-vous à développer cette gamme féminine en partenariat avec une équipe professionnelle ?
J’adorerais ! Mais nous devons prendre les choses étape après étape et devons nous assurer que nous faisons les choses correctement avant de nous associer à une équipe professionnelle. En attendant, nous allons développer cette gamme avec des ambassadrices. Nous allons lancer ce programme en 2017, mais cela ne concernera pas uniquement des professionnelles.
Comment comptez-vous commercialiser vos produits ?
Nous croyons au contact avec les clients. C’est de cette manière que nous pouvons discuter avec eux, que nous pouvons leur permettre d’essayer nos produits. Et comme on dit, « l’essayer c’est l’adopter. » C’est pourquoi nous comptons nous développer au travers des boutiques. Pour faire passer le message suivant : nos produits sont faits par des coureurs, pour des coureurs et commercialisés par des coureurs.