Stephen, quel était votre sentiment après la première étape de l’Izoard ?
C’était un super sentiment. Nous avions un objectif de top 10 avec Shara (Gillow) et approcher le top 20 avec Eri (Yonamine) et Séverine (Eraud). C’était un objectif élevé car il y avait tout le gratin mondial et en terminant 5ème et 11ème (avec Gillow et Yonamine) nous sommes plus que satisfaits. Surtout que Shara a joué la gagne longtemps et a limité les écarts.
Il y a eu une soixantaine de filles hors délais après cette étape, est-ce un problème de crédibilité du niveau ou de délais trop courts ?
Nous avions le même calcul de délais que pour une étape des hommes, la course était très courte mais il n’y a pas de remise en cause au niveau de la crédibilité. Sur Strava, on voit que Van Vleuten a monté plus vite l’Izoard que 2/3 des hommes donc les femmes sont à leur niveau. Je ne critique pas le format parce que nous avons fait d’excellentes audiences, plus d’un million sur France TV et encore plus avec Eurosport. Le schéma est bon et nous sommes très contents du système ASO. Au départ de la poursuite, les filles n’avaient qu’une envie c’était de faire le spectacle. Cette dernière course était une belle vitrine, il n’y avait pas de points UCI à la clef. Nous testions ce format là.
Au niveau logistique, le fait de partir avant les hommes et la caravane publicitaire à Briançon a alourdit le programme. Pensez-vous qu’il serait possible d’exploiter les journées de repos du Tour de France ?
Je ne suis pas sûr. Je comprends que ça soit compliqué au niveau de l’organisation mais c’était la première et si nous nous organisons bien peut-être que nous pourrons trouver des solutions. Au niveau des horaires c’était parfait, au niveau médiatique les audiences étaient au rendez-vous, et il faut espérer avoir de plus en plus d’étapes comme celle-là. Nous pouvons aider ASO et je suis vraiment partie prenante pour voir comment nous pouvons allier logistique, sportif et rentabilité, ce dernier point étant le nerf de la guerre.
Il y avait 125 filles au départ, seulement 19 à Marseille, avec des équipes venues de très loin, n’est-ce pas frustrant pour certaines de ne pas aller au bout de l’épreuve ?
Je me dis que Marseille était la cerise sur le gâteau. Pour une seule journée les mêmes équipes seraient venues, surtout avec une audience à un million. Et une arrivée en haut de l’Izoard c’est quelque chose de magique. Et pour une femme, se dire qu’elle monte les mêmes cols que les hommes montre que pour une fois il y a une vraie parité. Moi cela ne me dérange pas. De notre côté, nous avons deux filles dans les 19 donc c’est sur que c’est vraiment du bonus. Nos sponsors étaient là, dans le stade et devant la télé.
Restez-vous partisan d’une formule de type Critérium International, sur trois jours ?
Exactement. Il faudrait arriver à s’entendre avec ASO pour faire trois étapes sur trois caractéristiques différentes, une course pour les sprinteuses, une pour les grimpeuses et une pour le contre-la-montre. Avec pourquoi pas un système de points pour éviter les écarts et les problèmes de logistique, il faut y réfléchir. Le cyclisme féminin et le public sont prêts pour avoir trois étapes donc il ne faut pas brûler les étapes, mais ce serait la formule idéale pour 2018.
Vous pensez donc qu’il y aurait une parfaite complémentarité avec le Giro Rosa et le Women’s Tour ?
On ne peut pas rajouter beaucoup plus de jours de course au calendrier avec le Giro Rosa sur 10 jours et le Women’s Tour en Angleterre sur 5 jours. Les filles courent beaucoup et sont fatiguées, trois jours c’est idéal avant d’enchaîner sur Londres et les gros déplacements que sont la Norvège et la Suède.
Vous avez déjà des vues sur le calendrier 2018. Garder les trois derniers jours du Tour cela pourrait-être compliqué malgré tout ?
Oui c’est compliqué car le dimanche de l’arrivée aux Champs-Elysées nous avons la manche du WorldTour à Londres. Pour 2018 cela peut être difficile mais nous pouvons déjà travailler pour 2019. Nous sommes ambitieux et n’avons pas peur de regarder loin devant nous. ASO fait beaucoup d’efforts et je tiens vraiment à les remercier. Même si beaucoup les critiquent sans eux nous n’aurions pas aujourd’hui une vitrine en France comme celle-ci. Il faut continuer et progresser ensemble. Il faut essayer de garder un triptyque pour l’année prochaine, dommage pour les Champs-Elysées mais pourquoi pas trouver sur la deuxième semaine, et pourquoi pas tester sur une journée de repos. Nous sommes prêts, nous avons envie de composer avec eux et de donner encore plus de visibilité à ce cyclisme féminin qui plaît de plus en plus.