Vous êtes actuellement le directeur sportif de l’équipe féminine St Michel-Auber 93, depuis combien d’années exercez-vous ce travail ? Avez-vous un poste aussi dans l’équipe masculine ?
Je suis arrivé dans le cyclisme féminin en 2010 via Elodie Touffet que je voulais relancer à la compétition suite à ces soucis en Italie. J’ai « joué » le directeur sportif adjoint au sein de l’ASPTT Dijon qui est ensuite devenue Team UCI Bourgogne féminin où j’étais officiellement DS adjoint. Etant de région Parisienne, compliqué d’aller sur Dijon tous les weekends pour les compétitions. Je me suis rapproché de l’ES Gervais-Lilas 93 fin 2011 pour proposer mes services. Durant la trêve hivernale l’ES Gervais-Lilas 93 s’est fait absorbé par le CM Aubervilliers 93.
En 2014, j’ai décidé d’arrêter cette partie Direction sportive. J’ai un autre métier à côté de cela (responsable de projet en système d’information dans le milieu agricole) et cela ne devenait plus possible de faire les deux, avec une vie de famille autour de tout ça c’était beaucoup trop sport. J’ai donc fais un break durant quelques années.
Fin 2017, Stéphane Javalet est revenu pour me proposer de reprendre la direction sportive de l’équipe dames. L’équipe semblait en perdition : un challenge que j’ai accepté, Il a fallu repartir de zéro, l’équipe Dames n’avait malheureusement pas bonne presse et le recrutement ne fut pas des plus faciles !
On a fait 2018, avec pour objectif premier de redorer le blason de l’équipe dames. Ce fut compliqué, je ne le cache pas mais j’avais cependant quelques éléments de valeurs, sportivement et humainement et un staff en or. Objectif atteint, St Michel Auber 93 version Dames faisait de nouveau envie !! Avant 2010, j’ai été directeur sportif d’une équipe masculine de 2e caté dans un club local, L’US Nemours Saint Pierre cyclisme à qui je dois d’ailleurs mes années de formations et mes brevets fédéraux.
Je n’ai jamais travaillé pour l’équipe professionnelle homme. En revanche, je voudrai créer un lien entre les hommes pro et les filles. La mixité est super importante et enrichissante. L’année dernière, nous l’avons réalisé au championnat de France à Mantes la jolie en mutualisant les infrastructures : c’était très sympa et formateur pour les filles de l’équipe ainsi que. pour le staff. C’est aussi ça la force de St Michel Auber 93.
Sébastien Bailly directeur sportif | © Thomas Maheux
Comment est venue l’idée de créer cette équipe féminine en 2012 ? Êtes-vous le précurseur de cette équipe ?
La seule structure féminine de Seine Saint Denis était en train de péricliter (ES Gervais-Lilas 93). Je n’étais pas au courant à l’époque. Mais, avec le soutien de ses partenaires, le CM Aubervilliers 93 a décidé de reprendre le flambeau. Il devenait indispensable de s’engager pour eux dans le cyclisme féminin. C’est Stéphane Javalet, le manager général qui est le précurseur de cette équipe. Il m’a fait confiance pour accompagner sportivement cette équipe en 2012 qui a eu pas mal de résultats, il faut dire qu’il y avait de sacré éléments : Mélodie Lesueur, Roxane Fournier pour en citer quelques-unes. C’est une fierté qu’une personne comme Stéphane Javalet, qui reste une figure emblématique du cyclisme vous fasse confiance !
Quel est votre passé sportif ?
Mon passé de sportif n’est pas des plus glorieux, j’étais plutôt un coureur moyen, début au CC Ponthierry Pringy en Seine et Marne, j’ai ensuite intégré la section sport-étude d’Ile de France puis porté les couleurs de l’AS Corbeil Essonne dans les années 90 drivé par les frères Gallopin. J’ai finalement privilégié mes études au vélo…
Vous êtes aussi préparateur physique, pour quel public ? En quoi cela consiste réellement ?
Préparateur physique est un terme un peu flatteur, on va dire que je fais simplement les plans d’entrainement de certains coureurs, fille ou garçon, pour citer quelques noms, Elodie Touffet, Romain Lemarchand, Damien Garcia, Roxane Fournier à l’époque. Disons que je les aide à se lancer dans le haut niveau pour qu’il puisse ensuite se retourner vers des entraineurs plus experts que moi. Je m’occupe de la partie vélo mais aussi de la préparation hivernale, musculation, renforcement, diététique, etc. Je suis curieux de tout ce qui est physio, diet, gains marginaux etc…et puis j’ai la chance de connaitre des personnes plus expertes avec qui j’ai appris pas mal de choses. Ce n’est pas mon métier, d’ailleurs, c’est plus la passion de transmettre et d’aider qu’autre chose. A ce jour, hormis donner quelques conseils à gauche et à droite, j’avoue que j’ai délaissé cette partie faute de temps, faire les choses à la va vite ne m’intéresse pas.
Les sponsors sont-ils identiques dans l’équipe masculine et féminine ? Les féminines touchent-elles aussi un salaire ?
Oui, les sponsors du CM Aubervilliers 93 financent tout le club, du loisir aux pros. Côtés équipements, c’est la même chose, avec des dotations adaptées aux besoins (nombre de jours de course par exemple).
Notre équipe femmes est une équipe amateur de Division Nationale. Elle dispose des mêmes moyens que notre équipe amateur de Division Nationale chez les hommes. Les coureuses ne sont pas des professionnelles, mais elles sont aidées dans leur pratique au même titre que les élites amateurs hommes. Le cas des pros hommes est à part, puisqu’ils sont professionnels. A niveau égal, nous raisonnons sur une base égalitaire entre les hommes et les femmes.
Les nouveaux vélos des équipes amateurs | © St-Michel-Auber 93
Comment s’est passé le mercato cet hiver ? Est-ce vous qui démarchez directement les féminines ?
Les filles sont plutôt venues à moi que l’inverse ! C’est une belle récompense pour l’ensemble de la structure, pour les personnes qui ont œuvrées autour de moi en 2018 : assistants, mécano, manager et coureuses évidemment. Comme je l’ai dit plus haut, on partait de très loin.
Le calendrier de la coupe de France 2019 est passé de 12 à 6 épreuves, comment expliquez-vous cela ? Qu’en pensez-vous ?
Il me semble que la diminution des CDF est une volonté de la fédération afin de privilégier le cyclisme féminin régional pour assurer des taux de participations plus important sur les courses. Je ne suis pas convaincu par l’idée. En Ile de France, au risque de me faire des ennemis, on ne progresse pas. Une équipe DN dames, à mon sens, c’est une équipe qui doit servir de tremplin aux filles pour aller dans des équipes UCI. Il faut donc avoir un calendrier de courses un peu plus « dur » que les courses régionales. Pour ma part, en 2018, nous irons plutôt en Belgique nous aguerrir que sur le circuit régional.
L’effectif au complet pour 2019 | © St-Michel-Auber 93
De plus, une nouvelle épreuve a fait son apparition : le contre-la-montre par équipe, une bonne idée selon vous ? Comment allez-vous travailler cela avec votre équipe ?
Les épreuves CLM sont bien trop rares, autant chez les femmes que chez les hommes d’ailleurs, alors on ne va pas se plaindre mais plutôt se réjouir de l’arrivée d’une épreuve de ce type ! C’est un exercice assez éprouvant mas aussi très technique qu’il va falloir travailler si on veut prétendre à quelque chose. On a déjà commencé à la bosser en stage en Espagne la semaine passée.
Quelles sont les objectifs à court et à long terme de l’équipe ?
Sportivement, être acteur sur l’ensemble des compétitions auxquelles nous allons prendre le départ et plus particulièrement sur les coupes de France. Podium individuel et par équipe. L’équipe 2019 est super homogène, elles peuvent toutes prétendre à de belles performances sans exceptions !
Les championnats de France piste et les championnats de France route Elite et Espoirs.
Un peu plus loin dans le temps, nous avons quelques jeunes pépites qui peuvent prétendre une sélection aux JO 2024. Alors on se doit aussi de les accompagner.
Au-delà du sport, faire une équipe charismatique qui donne envie. Le cyclisme est un sport qui fait rêver, on le voit chez les hommes, on se doit de cultiver cela aussi et surtout au niveau féminin. C’est aussi mon ambition pour 2019.
Dégustation du sponsor St Michel pour les filles en Espagne | © St-Michel-Auber 93
Le cyclisme féminin ne cesse de se professionnaliser, d’après vous, quels sont les problèmes majeurs et comment les atténuer ?
Le cyclisme féminin a fait pas mal de chemin ces 5 dernières années c’est vrai mais il n’est malheureusement pas aussi médiatisé, reconnu et financé que le cyclisme masculin. Ces trois paramètres sont interdépendants. On ne pourra pas résoudre l’un d’eux sans agir sur l’ensemble d’entre eux. Du côté de la structure, on pense que c’est aux instances et aux principaux acteurs du cyclisme de se saisir de ce problème. Bien sûr, si St Michel Auber 93 continue de grandir chez les hommes, l’équipe femmes grandira également.
Plutôt madeleine ou galette St Michel au ravito ?
La palette de gâteaux St Michel est très riche, on va dire Donuts 🙂