Muriel, vous pilotez les stages et séjours cyclistes DSO (Didier Soenen Organisation) avec Nicolas Soenen. En quoi le fait d’être une femme différencie vos stages de ceux de vos confrères ?
Je suis arrivée dans la société en 2006. J’étais prof de sport et je venais rejoindre Didier sur les stages durant les vacances scolaires. Je me suis alors rendue compte que les conjointes des cyclistes, souvent sportives, s’ennuyaient. Tout naturellement, nous avons créé le concept de « vacances actives » basé essentiellement sur la randonnée pédestre et la marche nordique, en plus de visites culturelles et de découvertes de beaux paysages. Ainsi, les femmes qui ne roulent pas ont leur place sur les stages cyclistes. Je m’occupe moi-même de ces activités sur le terrain, Nicolas quant à lui s’occupe de la partie cycliste.
Vous n’êtes donc par sur le vélo ?
Personnellement, non, mais nous avons une équipe d’encadrants compétente, fidèle, sérieuse, qui répond aux valeurs de DSO. Nous avons de vrais professionnels capables de coacher et de s’adapter à tous les niveaux. Leur savoir-faire est un vrai plus. Ce ne sont pas des GPS ambulants, ils sont là pour conseiller, pour partager leur passion. Sur la route, la fourchette des vitesses moyenne est très large puisqu’elle s’étend de 20 à 32 km/h, selon les groupes. Quant à Nicolas, il se joint à certains groupes en route ou en VTT car c’est important pour nous de pouvoir partager l’expérience de nos stagiaires.
Pensez-vous être en mesure un jour de proposer des stages 100 % féminins ?
Je ne suis pas certaine que ce soit une solution car nous constatons que les filles aiment la mixité. Chez nous, elles trouvent toujours un groupe qui leur convient et au contact des garçons il y a une certaine émulation. Par ailleurs, les garçons aiment aussi rouler avec des filles !
En 2017, vous proposerez le Portugal en nouveauté, comment vous est venue l’idée ?
Nicolas cherche à proposer chaque année une nouvelle destination. Le Portugal a un profil intéressant, un climat doux et des paysages variés, une facilité d’accès, de belles routes, et il est donc allé sur place pour valider ce nouveau séjour. Après ses reconnaissances sur le terrain (hébergements, parcours), il est revenu enchanté ! Je suis persuadée que le Portugal deviendra l’un des nouveaux séjours phares de DSO.
Quels en sont les trois atouts majeurs ?
C’est une destination plutôt accessible financièrement, ce qui nous a permis de choisir des lieux d’hébergement d’exception. Les paysages sont superbes et variés et le profil des parcours est parfait pour les cyclistes. Il y a peu de circulation, de la moyenne montagne et de belles routes. La nature y est encore préservée et à chaque étape son lot de surprises. Imaginez que sur une même étape vous pouvez passer de collines verdoyantes avec des cultures en terrasse puis passer un col à 1000 mètres totalement nu, redescendre à travers une forêt de parc naturel et croiser un troupeau de chevaux en liberté. Inutile de vous dire qu’après ça vous avez mérité votre beignet de morue et votre Super Bock (la bière locale).
Que pensez-vous des nouveaux terroirs comme la Croatie ou les territoires de l’ex-Yougoslavie ?
Nous regardons évidemment un peu partout pour proposer de nouvelles destinations et ces nouveaux terroirs sont attirants. Les beaux paysages sont attrayants mais il faut que la qualité des routes et des hébergements soit au rendez-vous. Quelle que soit la destination, nous testons sur le terrain en amont et cela demande du temps. Nous avons déjà d’autres projets pour 2018 mais avons besoin de les valider pour ne proposer que des produits sans mauvaises surprises.
En fonction des dates du calendrier de vos stages, comment évolue le profil de vos stagiaires ?
Nous avons suffisamment de coachs pour satisfaire tous les niveaux dès le début de saison où se mêlent déjà coursiers, cyclosportifs et cyclotouristes répartis sur plusieurs groupes. Mais il est vrai que la proportion de cyclistes qui cherchent la performance est plus importante en février-mars alors qu’à partir d’avril la tendance s’inverse et nous accueillons davantage de cyclistes « contemplatifs ». Quoi qu’il en soit, à toutes les périodes vous trouverez le groupe qui vous correspond.
Vous êtes du Nord, or vous ne proposez aucun stage autour de Paris-Roubaix et des classiques flandriennes, pourquoi ?
Dans un passé récent, nous avions un programme revisitant les classiques du Nord mais il a bien fallu se rendre à l’évidence : le Nord attire moins que l’Espagne ou la Corse et quelque part c’est bien dommage car les deux ont leurs atouts. Nous avons de très beaux paysages, l’accueil est chaleureux et l’ambiance sur les classiques est vraiment unique mais… Nous avons néanmoins notre week-end fin août sur le Ch’ti Bike Tour, la grande fête du vélo dans les Hauts de France qui rassemble toutes les familles du vélo et fait découvrir notre région.
On voit de plus en plus de cyclistes anglo-saxons, pourquoi ne les captez-vous pas plus ?
Chez DSO, 30 % de nos stagiaires sont étrangers, Belges et Suisses pour la plupart, mais nous captons aussi depuis quelques années des Canadiens. Tous sont francophones il est vrai mais il s’agit d’une volonté de DSO. Nous attachons en effet une grande importance à la convivialité sur nos stages et si tout le monde parle la même langue c’est bien plus facile.
Les cyclistes utilisent de plus en plus les capteurs de puissance, est-ce une tendance lourde chez DSO ?
En effet. Chaque soir sur nos stages nos coachs abordent différents thèmes lors de conférences. L’une d’elles est notamment consacrée à l’entraînement. Durant cette séance, ils font un gros travail de vulgarisation des capteurs de puissance : utilité, compréhension, utilisation, interprétation des résultats etc. Et tout ceci est validé lors de certaines sorties où le travail spécifique est abordé au moyen de quelques séquences durant lesquelles les cyclistes sont amenés à rouler « aux watts ». Ces séances sont extrêmement enrichissantes, quel que soit le niveau des cyclistes.