Muriel, pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Muriel Reggiani, et je me suis mise au vélo il y a cinq ans. Je fais du sport depuis que je suis gamine, j’ai commencé par la natation, j’en ai fait jusque mes 21 ans. Après ma grossesse j’ai commencé à faire énormément de course à pied, mais sans faire de compétitions, je m’entraînais c’est tout. J’ai fait des raids multisports, avec du VTT, de la course à pied et du canöe… Finalement je me suis mise au vélo de route, et depuis trois ans je fais des compétitions.
Qu’est ce que vous apporte ce passé de nageuse ?
L’entraînement à la natation est très difficile, il faut faire beaucoup de longueur, c’est rébarbatif… On retrouve peut-être ce côté là dans le vélo, dans l’entraînement… C’est long, il faut avoir du temps. Après le fait d’avoir nagé m’a apporté ce goût pour la compétition, et la « niaque » aussi. Mais j’apprécie le vélo parce que c’est un réel exutoire, je décompresse quand je pars rouler.
Appréciez-vous l’ambiance des cyclosportives ? Vous vous entendez bien avec les autres concurrentes ?
Oui, je trouve sympa comme ambiance ! Après il y a quand même une certaine rivalité chez les femmes, avec un gros esprit de compétition… Moi quand j’en vois une qui décroche en pleine course, je vais lui dire de se mettre derrière moi et de me suivre… Je suis plus dans le partage en fait, mais c’est peut-être parce que je suis un peu novice. Et puis c’est mon caractère.
Que faut-il faire à votre avis pour avoir plus de féminines au départ des cyclos ?
Peut-être qu’il faudrait organiser un départ différé, ce serait pas mal. Parce que c’est vrai que ça frotte beaucoup.. Mais moi j’aime bien être mélangée aux hommes, ça ne me dérange pas. Après il faudrait songer à préparer des cadeaux d’après-course pour les femmes. Recevoir un t-shirt taille L comme tous les autres hommes qui participent, ce n’est pas trop intéressant… après ça ne me dérange pas plus que ça, je ne suis pas une féministe avérée. Je sais que ça ne m’intéresserait pas de participer aux courses 100 % féminines, même si ce serait bien que l’attitude des hommes doit changer un peu. C’est un milieu macho !
On a vu que de plus en plus de cyclos organisent des épreuves pour les jeunes… Qu’en pensez-vous ? Est-ce qu’un jour vous pensez qu’on verra autant de femmes que d’hommes au départ d’une cyclo ?
Les courses pour les jeunes, c’est bien, c’était une bonne idée à lancer. Je pense que ça peut créer une certaine émulation, des vocations… En revanche, je pense que jamais nous aurons une parfaite équité entre les cyclistes hommes et femmes. On est de plus en plus à courir, mais on ne sera jamais le même nombre. Peut-être en pratique simple de ce sport oui, mais pas en compétition.
Vous avez des références, des modèles dans le sport ? Quand on vous parle de Jeannie Longo ou Pauline Ferrand-Prévot, qu’est ce que ça vous évoque ?
Je n’ai jamais eu de modèle ou d’idole, mais ce qui est sûr c’est que j’aime tous les sports. Dans la famille on aime tout ! Jeannie Longo est une grande sportive c’est sûr, mais elle ne m’a pas plus marquée que ça. Je me sens plus proche d’une Pauline Ferrand-Prévot, même si je suis bien plus âgée qu’elle. Je trouve qu’elle est plus représentative du sport féminin, et qu’elle sait être féminine.
Qu’est ce que vous espérez pour la saison prochaine ?
Je compte bien participer aux plus d’épreuves possibles, je sais que je début de saison n’est pas vraiment mon fort, mais je vais essayer d’y aller crescendo. J’aimerais bien découvrir la haute-montagne en course également. J’ai envie de découvrir, d’apprendre.
On a vu que les entraîneurs, les capteurs de puissance, etc..ont fait leur apparition depuis les années 2000 chez les hommes, penses-vous que vous les femmes, allez vivre la même évolution ?
Je pense que c’est déjà bien amorcé et que ça va se démocratiser de plus en plus. En ce qui me concerne, je m’entraîne encore aux sensations, sans artifices, à « l’ancienne » si l’on peut dire. Mais je pense que, si je veux passer un cap, je vais devoir m’y mettre.
Comment faites-vous pour allier vie de famille, vie professionnelle, et passion du vélo (on rappelle que vous avez une fille de 9 ans et un garçon de 19 ans)?
Tout est question d’organisation mais on est rôdé à la maison car on vit « sport ». Mon fils fait du rugby à haut niveau, ma fille de l’athlétisme et de la danse, mon mari du vélo aussi. Ce n’est pas tous les jours facile, il y a parfois des sacrifices à faire, mais je compose avec pour essayer de contenter tout ce petit monde.