Claire, depuis le 1er juillet, tu fais partie d’une équipe de cyclistes féminines qui parcourt les routes du Tour de France, 24 heures avant les professionnels. Quel bilan tires-tu aux deux tiers du parcours ?
Parties comme on est, on devrait arriver au bout. Tout le monde est très déterminé à montrer que les filles peuvent faire du vélo comme les garçons. L’équipe est très soudée. Nous ne nous connaissions pas avant le départ et le courant passe très bien entre nous. C’est ce qui nous aide à traverser les difficultés. Car forcément des blessures commencent à apparaître depuis quelques jours. Nous avons laissé derrière nous ce qui constitue à mon sens, la partie la plus difficile. Celle de neuf jours consécutifs avec les Pyrénées. Nous aborderons les Alpes relativement sereines.
Quels sont les principaux pépins physiques que vous avez rencontrés ?
Ils viennent surtout des articulations. Nous avons eu pas mal de problèmes au niveau des rotules. Nous en avons discuté avec le kiné de la FDJ et nous avons été rassurées. Il nous disait que ses coureurs connaissaient les mêmes problèmes sur des Grands Tours. Même chose au niveau du tendon d’Achille.
Adoptez-vous une sorte de course d’équipe pour tirer profit des qualités intrinsèques de chacune ?
On part ensemble, on arrive ensemble. Nous ne sommes pas sur un format course. Le but est de s’entraider. Celles qui sont capables de prendre des relais sur le plat les prennent. Celles qui sont dans des jours plus difficiles restent tranquillement au chaud de manière à ce que l’on avance le plus vite possible. Ça crée forcément de l’entraide.
Vous appelez les cyclistes régionaux à rouler avec vous. Cet appel a-t-il été suivi ?
Nous avons accueilli pas mal de monde sur deux étapes. La première au départ du Mont-Saint-Michel. Les Bretonnes et les Normandes sont venues rouler avec nous et nous étions un beau peloton d’une trentaine. La deuxième, c’est l’étape du Ventoux où nous avions une locale, Amandine Martin. Il y a eu une belle mobilisation. Nous avons même eu des mots sur la route. C’était une première ! Quand nous sommes un gros peloton, les gens se retournent plus et s’intéressent davantage à ce que l’on fait. C’est beaucoup plus porteur comme message.
Avant Paris, quels sont les obstacles qui vous inquiétaient le plus ?
Ce sont moins les étapes alpestres que l’étape jurassienne entre Bourg-en-Bresse et Culoz. L’étape était très longue, avec un gros dénivelé. Ce qui voulait dire beaucoup de temps de selle et peu de temps de récupération. En ce qui concerne les Alpes, ça grimpe, certes, mais les étapes sont plus courtes. C’est la raison pour laquelle je les appréhende moins.
A l’inverse, les contre-la-montre sont presque des journées de récupération supplémentaires…
Oui, ce sont des petites pauses pour nous. Nous ne les disputons pas sous la forme contre la montre. On déroule les jambes, ça nous permet de récupérer, mais aussi de nous lever plus tard, de nous coucher plus tôt. Nous passons beaucoup plus de temps sur le vélo que ce que nous avons l’habitude de faire, jusqu’à dix heures de selle, et plus que les professionnels puisque nous roulons moins vite.
Vous êtes suivies médicalement durant cette aventure. Avez-vous déjà eu des retours sur cette première partie de parcours ?
Non, pour l’heure, les données médicales sont simplement récoltées par l’équipe médicale qui nous suit. Elles seront traitées ensuite. On remarque simplement que le cœur ne monte pas autant qu’avant avec la fatigue et le manque de sommeil. C’est aussi ce que remarquent les cardiologues de manière générale. En ce qui concerne le poids, nous avons été étonnées de constater que nous n’avions pas perdu tant que cela puisque nous avons pris en masse musculaire. En ce qui concerne la masse grasse, nous avons eu un prélèvement lors de la journée de repos qui indiquait qu’elle avait diminué. La seconde devrait le confirmer. Le vélo fait perdre du poids, c’est une certitude.