Beth, pouvez-vous vous présenter ?
De base, je suis physiothérapeute dans le cyclisme depuis quelques années. Je suis passée par l’équipe HTC-High Road où j’ai rencontré Ronny Lauke, je suis désormais manager de Canyon-Sram Racing. Nous avons travaillé ensemble chez Velocio-Sram ou j’ai commencé à occuper de plus en plus la fonction de directeur sportif. Quand l’équipe s’est arrêtée l’année dernière, ça a été une opportunité pour Ronny et moi de monter une nouvelle équipe, Canyon-Sram Racing, où nous partageons le management de l’équipe.
Le cap de la mi-saison désormais dépassé, quel premier bilan pouvez-vous en faire ?
Le bilan a dépassé nos attentes. C’est notre première saison seulement. L’ambiance au sein de l’équipe est superbe. Nous avons connu plusieurs succès, bien que l’on n’ait pas dominé le circuit féminin. Je pense que nous avons posé les bases de nos fondations pour les saisons prochaines.
Au terme de cette première saison, y a-t-il des choses que vous trouvez à redire ?
Pas vraiment. La seule chose qui nous a fait défaut, ce sont les blessées. Notre effectif n’est composé que de 9 filles, c’est un petit groupe. Notre capitaine de route Trixi Worrack a été touchée au genou suite à une mauvaise chute au mois de mars. Elle a été indisponible 2 mois, ça compte lorsque l’effectif est restreint. Ça a parfois été compliqué à gérer pour faire tourner l’effectif, rajoutant de la pression supplémentaire chez les filles.
Sous quels aspects aller vous pouvoir vous améliorer pour les saisons prochaines ?
Au regard de ce qu’on pu faire nos 9 filles cette saison, il apparaît évident que nous avons du retard en montagne. Elles se sont bien débrouillées sur les classiques et courses d’un jour et sont aussi très fortes sur le plat ou les contres-la-montre, mais elles doivent progresser sur les ascensions.
Cela va-t-il passer par un recrutement ?
En effet, pour une équipe UCI Wolrd Tour, nous devons augmenter notre effectif. J’aimerais que nous puissions passer à 12 compétitrices l’année prochaine. Je suis en discussions pour, mais je ne suis pas encore en mesure d’avancer une arrivée pour 2017. Je peux seulement vous dire que les 9 filles présentes en 2016 repartiront avec nous la saison prochaine. Celles dont la fin de leur contrat est prévue pour la fin d’année seront reconduites.
Vous avez parlé du partenariat entre l’équipe et Canyon. Sur quelle durée court ce contrat ?
Il est signé sur 3 ans. Tout comme Sram le cosponsor et Rapha, notre équipementier textile. 3 ans, cela nous donne de la sécurité pour appréhender l’avenir.
On connaît Canyon pour être très impliqué avec ses équipes professionnelles. Y a-t-il eu un échange entre les filles de l’équipe et la marque pour développer les futurs vélos de la gamme féminine ?
Oui, toutes les filles ont participé à cet échange. Canyon aime faire du lien avec ses équipes. Ils viennent parfois rouler avec les filles la veille de la course pour échanger avec elles, ou restent après la course pour connaître leurs impressions. Canyon cherche à développer des cadres spécifiques pour femmes et nos filles font partie du processus de développement.
Quel regard portez-vous sur le développement du cyclisme féminin ?
Le cyclisme devient de plus en plus populaire auprès des femmes, pas seulement au niveau de la compétition. Les femmes aiment s’amuser autour de ce sport, créer une communauté. Le cyclisme n’est pas un sport que les femmes ont connu lorsqu’elles étaient jeunes, elles le découvrent plus tard. Mais cela devient alors un vrai style de vie. Il y a des événements qui se développent, notamment initiés par notre partenaire Rapha tels que la Rapha Women’s 100 ou la Rapha Women’s Prestige. Ce sont ce genre de rassemblements qui impliquent le public féminin.
Quel est votre avis sur l’arrêt de l’équipe Rabo Liv Women à la fin de la saison ?
Cela fait longtemps que Rabobank s’investit dans le cyclisme néerlandais. Ça va être une grosse perte je pense pur la fédération néerlandaise de cyclisme. Après, il y a des rumeurs qui disent que l’équipe pourrait continuer. Je pense qu’il y a beaucoup d’équipes qui attendent l’issue qui va être donnée à Rabo Liv Women car chaque coureuse de cette équipe est très forte. Elles seront convoitées si elles sont libérées.
En France, certains managers disent qu’il est plus facile de diriger des hommes que des femmes. Que pensez-vous de cela ?
C’est très sympa de manager une équipe féminine pourtant ! Avec Ronny Lauke, nous n’avons aucune difficulté a les diriger. Nos filles ont de la personnalité, du talent. Cela a créé un bon groupe qui, on l’espère, va tenir la route à l’avenir et nous sommes fiers de ça.