Anna, peux-tu te présenter aux internautes de Vélo 101 ?
Bonjour à tous, je suis Anna, autrichienne de nationalité mais je vis en Espagne à cause de mes études (raison officielle) et du climat (raison non-officielle). Depuis que je suis enfant j’ai toujours aimé le sport. Dans mon adolescence, je courrais de manière récréative jusqu’à ce qu’un ami me suggère de faire de la compétition, pour le plaisir. C’est là que mon esprit de compétition s’est éveillé. Depuis 2011, j’ai participé à des courses à pied, triathlons et duathlons jusqu’en 2014 où une blessure m’a forcée à arrêter de courir pour un long moment. C’est là que j’ai découvert mon amour pour le cyclisme, surtout les longues cyclosportives montagneuses. L’été dernier, je me suis finalement aventuré dans la course sur route, ma première course était la Semaine Cantalienne en Auvergne (que j’ai gagné). Cette année je me suis surtout focalisée sur la Coupe d’Espagne (que j’ai gagné aussi) et le championnat d’Autriche, où j’ai remporté la médaille d’argent dans le contre-la-montre. En parallèle, je faisun doctorat en mathématiques que je terminerai dans quelques mois. Une chute au championnat d’Autriche sur route a éclipsé le reste de ma saison, j’ai dû me reposer trois semaines, mais j’espère retrouver rapidement ma forme.
En 2015, on t’a vue à l’honneur sur la GFNY du Ventoux où tu gagnes en féminines, avec une montée du Ventoux en moins de 1h20, avant de sombrer au Tour Féminin de l’Ardêche, que s’est-il passé ?
La fin de la saison dernière a été une expérience difficile. J’avais fait de gros progrès pendant mes entraînements estivaux, le Tour de l’Ardèche devait être le meilleur moment de l’année, mais une semaine avant j’ai attrapé froid. Je voulais prendre le départ en espérant que ma condition allait s’améliorer… Mais pour rendre les choses plus compliquées, j’ai chuté lors de la première étape, donc j’ai décidé d’abandonner le classement général. J’ai fais un chrono lent en espérant récupérer et faire de belles étapes de montagne par la suite. Cela ne marchait pas, j’avais du mal à respirer et j’ai décidé d’abandonner plutôt que de risquer ma santé pour finir quelque part à l’arrière du peloton.
Comment as-tu géré l’intersaison ?
J’avais besoin de temps pour retrouver de la motivation après ce qu’il s’était passé en Ardèche. En novembre j’ai recommencé à m’entraîner sérieusement. Une petite équipe de Catalogne m’a demandée si j’aimerais courir la Coupe d’Espagne avec elle, j’ai donné mon accord et après deux mois d’entraînement foncier j’ai commencé avec un entraînement spécifique course pour être en forme début avril.
Comment s’est passée cette saison, les études ont-elles pris le pas sur le vélo ou l’inverse ?
En fait ce n’était pas trop dur de concilier les deux. Depuis que j’écris ma thèse, mon emploi du temps est très flexible. Je ne pouvais pas rêver d’un meilleur « job » pour faire du vélo. Bien sûr, ça peut être dur de trouver de la motivation et de rester concentrer sur les maths quand le cyclisme est aussi passionnant, mais pour l’instant je gère ça très bien.
Tu fais des études de mathématiques, est-ce que ça t’aide dans l’analyse des courses?
Pas vraiment, la façon dont j’analyse mes courses n’implique pas des mathématiques compliquées. Je télécharge juste mes données sur un programme et la plupart des analyses sont faites pour moi.
Travailles-tu beaucoup avec un capteur de puissance et as-tu un coach attitré ?
Oui pour les deux ! Je suis complètement dépendante à mon capteur de puissance, c’est la meilleure façon de mesurer ma performance. Ceci dit, j’utilise aussi un cardio pour connaître ce qu’il se passe à l’intérieur de mon corps. J’ai commencé le travail avec un entraîneur il y a quelques semaines. J’étais mon propre coach pendant la majeure partie de ma carrière, mais je suis très excitée par cette nouvelle collaboration, qui est un projet à long terme et je pense que cela va faire de moi une meilleure athlète.
C’est tôt pour en parler, mais ce côté analytique, pourrait-il te conduire à coacher un jour, des femmes ? Voire des hommes ?
Pour être honnête, c’est un peu un rêve… Toutefois, j’ai encore beaucoup à apprendre du côté théorique de l’entraînement. J’aimerais bien étudier quelques chose en rapport avec la science de l’entraînement, la physiologie, avant d’aller du côté de la pratique.
Tu as bâti une équipe cosmopolite pour participer au Tour de l’Ardêche du 1er au 6 septembre, qu’est ce qui t’a poussé à la faire ? Le Ventoux pour la 1ère fois?
En fait ce n’est pas moi qui ai créé l’équipe. René Groot, qui prend des équipes sur le Tour de l’Ardèche depuis une dizaine d’années, m’a contactée pour me demander si j’aimerais courir dans une équipe mixte, c’est-à-dire de plusieurs coureurs de différentes équipes. Je n’ai pas hésité avant de dire oui ! Il y a quelques courses pour les femmes qui ont un profil intéressant comme le Tour de l’Ardèche. Bien sûr, le Mont Ventoux a ajouté quelque chose d’excitant par rapport à ça ! Le chose la plus dure dans une équipe mixte est de voir comment on va pouvoir s’organiser. Et pour cela nous sommes très heureux de l’aide de Vélo 101, merci beaucoup !
Peux-tu nous présenter chacune de tes équipières ?
Nous sommes six, Alice Cobb et Gaby Shaw de la Grande-Bretagne, Jennifer Tetrick et Leah Thomas des Etats-Unis, Alison Jackson du Canada et moi-même. Nous sommes une belle équipe avec de bons éléments grimpeurs et de bonnes sprinteuses. Alice est une jeune pleine de talent en montagne et deux fois championne nationale Juniors. Gaby, Jennifer et Alison courent pour une équipe UCI et ont de bons résultats sur les événements internationaux comme des victoires d’étapes en WorldTour Féminin. Alison a gagné le maillot de meilleur sprinter l’an passé en Ardèche. Avec Jennifer nous avons une autre ancienne triathlète, qui a aussi gagné l’or au championnat national sur piste l’année dernière.
Quelles seront vos ambitions?
Un maillot, une étape et un top 5 au général !
Le fait d’être assez hétéroclites, est-il un avantage et en quoi est-ce un désavantage ?
Je pense que cela sera un avantage de toute façon. Pas seulement d’un niveau personnel dès que nous aurons appris à nous connaître, mais aussi pendant la course parce que nous pourrons jouer avec plusieurs stratégies et la façon d’atteindre nos différents objectifs dépendra de comment la course évoluera.
Pour toi, par quoi passe un Tour réussi ?
Je veux le terminer avec la sensation d’avoir tout donné et de faire une performance qui reflète mes capacités physiques. Cela peut paraître vague, mais je ne sais pas où j’en suis au niveau international donc je veux juste faire de mon mieux et espérer ne pas chuter, être malade ou qu’une autre forme de malchance vienne me perturber.
Quelles sont tes ambitions pour 2017 ? Pousser tes études? Passer pro dans une structure ambitieuse ?
Jusque là j’ai seulement obtenu de bons résultats à l’échelle nationale, ce qui rend difficile d’intégrer une des meilleures équipes internationale. Peut-être que de nouvelles opportunités arriveront au Tour de l’Ardèche, qui sait. Indépendamment de ça, mon but personnel pour l’an prochain est de progresser en tant que cycliste : m’adapter physiologiquement prend du temps et en tant que relative débutante j’ai beaucoup de progrès à faire. Acquérir plus d’expérience de course sera aussi essentiel. Les courses que je trouve les plus attractives sont des épreuves difficiles comme l’Emakumeen Euskal Bira au Pays Basque, le Tour d’Italie et le Tour de l’Ardèche et j’espère pouvoir faire de belles choses là-dessus. Je suis encore dans mes études, je vais finir mon doctorat à la fin de l’année. Je pourrais me retrouver dans un position pour continuer en faisant de la recherche et enseigner à l’université, mais je veux prend le temps de me former à un niveau bien plus élevé.