Alain, vous êtes l’organisateur du Tour Cycliste Féminin International de l’Ardèche, comment se présente cette 14ème édition ?
Elle se présente sous les meilleures auspices. Nous avons un parcours de rêve, avec une arrivée au sommet du Mont Ventoux ce qui constitue une première à la fois pour le Tour de l’Ardèche mais aussi pour le cyclisme féminin. C’est la toute première fois qu’une course féminine se terminera au sommet du géant de Provence et nous avons un excellent plateau donc tout va pour le mieux.
Le départ est le 1er septembre, quelles sont les principales étapes qu’il vous reste à franchir d’ici là ?
Il nous reste à peaufiner certains détails de l’organisation pour que tout soit calé et que la fête soit belle, mais l’essentiel a déjà été réalisé. Toutes nos équipes et nos responsables d’équipes sont en selle, cales pieds serrés et mains sur le cintre, la course peut-être lancée.
C’est la première fois que la course va sortir de son berceau qui est le département de l’Ardèche, quelle difficulté cela représente d’avoir des interlocuteurs sur plusieurs départements ?
Chaque fois que l’on sort d’un département, il faut refaire ce qui a été fait mais sous d’autres formes. Quand nous étions uniquement sur l’Ardèche il fallait un dossier, maintenant que nous sommes sur quatre ou cinq départements il nous en faut quatre ou cinq. Chaque département a ses priorités, ses points de vue, ses façons de faire et il faut s’adapter. Plus on s’étend, plus nous avons d’interlocuteurs potentiels. Donc par la force du nombre je dirais que les négociations avec les villes sont facilitées.
Au niveau des sponsors privés, on parle toujours du cyclisme féminin qui est plus difficile à vendre que le cyclisme masculin, diriez-vous la même chose ?
Le cyclisme féminin ne serait pas difficile à vendre si les grands médias se donnaient la peine de communiquer sur le féminin. Et ce dans tous les sports, pas uniquement dans le cyclisme. Mais je pense qu’ils sont touchés par un machisme latent. Ceci étant dit, nous avons la chance d’avoir en Ardèche des interlocuteurs privés qui ont quelque part compris que le sport féminin pouvait être l’avenir. C’est le cas de sponsors comme Melvita, les charcuteries Guèze, la Compagnie Nationale du Rhône, le Crédit Mutuel, partenaire depuis notre premier tour, Allo Taxi et également une centaine de petits et moyens partenaires ardéchois et alentours qui nous permettent de tenir la route. Par exemple dans le Vaucluse nous avons Or en Cash, Sport 2000 et Intermarché. Nous sommes financés à 65 % par le privé, pour un budget total de 300 000 euros
Cette année, vous allez subir la concurrence du Tour des Pays-Bas qui va attirer des formations comme Lotto Ladies Shoes ou Rabo-Liv, quelles seront les équipes phares sur le Tour de l’Ardèche ?
Nous aurons les équipes nationales d’Espagne, de Norvège, de Pologne, d’Ukraine, de Russie et plusieurs équipes professionnelles pour un total de 27 formations qui représentent 30 nations. Nous aurons quinze championnes nationales en titre dans le peloton. Côté français nous aurons l’équipe Poitou-Futuroscope et également une équipe mixte montée par Fanny Leleux. Ce seront les deux seules équipes françaises. Je pense donc que nous avons un plateau à la hauteur de l’événement.
Au niveau des équipes moins connues vous aurez une équipe du Centre Mondial du Cyclisme, vous connaissez leur niveau, elles viennent pour apprendre ou faire une performance ?
Brian Cookson, le président de l’UCI, a annoncé vouloir promouvoir le cyclisme féminin et il fait ce qu’il dit en faisant en sorte que cette équipe puisse être présente. Je lui adresse mes félicitations. Ce n’est pas très courant de nos jours d’avoir un patron qui assume ses dires, bravo à lui. Pour ce qui est de l’équipe en question je ne les connais pas toutes. Il y aura la Cubaine Arlenis Sierra qui marche très fort en ce moment puisqu’elle vient tout juste de remporter le Tour de Bretagne féminin. Maintenant il faut voir son comportement en haute montagne. La Japonaise Eri Yonamine, double championne nationale sur route et contre-la-montre, la Vietnamienne Nguyen Thi That, une mexicaine, une colombienne et une mongole seront aussi dans cette équipe.
Tout le monde parle du Mont Ventoux qui va être le final de la 3ème étape, n’avez vous pas peur que le suspens soit tué après cette journée ?
Tout dépendra bien sûr des écarts au sommet. Si une fille gagne avec une avance importante ce sera dur de revenir. Mais il reste des étapes après celle-ci, un contre-la-montre et chez nous il n’y a pas les Champs-Elysées pour finir, même la dernière étape est dure. Et puis vous savez les premières années, avec la participation d’Edita Pucinskaite, on disait que le suspens était tué avant le départ. La preuve trois participations, trois victoires en portant à chaque fois le maillot de leader de la première à la dernière étape. Mais cela n’a pas empêché à chaque fois d’avoir un superbe Tour.
Quels accords avez-vous avec les médias et en avez-vous avec certaines télévisions ?
Côté presse écrite, depuis des années, nous avons le Dauphiné Libéré et la Tribune de Montélimar qui nous suivent sur l’intégralité de la course. Nous avons la Provence au niveau régional qui nous faisait déjà l’honneur de faire des articles tant que l’on est sur des étapes dans le sud. Depuis l’an passé, où nous nous étions ouverts dans le Gard, ils se sont encore plus intéressés à nous et cette année ce sera encore supérieur avec le Mont Ventoux. Côté télévision nous avons France 3 et aussi une télévision britannique, une néerlandaise et nous sommes en contact avec une télévision canadienne. Le sport féminin est beaucoup plus prisé à l’étranger comme en Belgique, aux Pays-bas ou au Canada.
Pour vous, un Tour de l’Ardèche réussi ça passe par quoi ?
Chez nous, la sécurité est un maître mot. Nous mettons de gros moyens humains et financiers sur la sécurité. Et bien que le risque zéro n’existe pas, nous mettons tout en œuvre pour la sécurité des filles. Ensuite je dirais une organisation sans faille, des tracés réussis, des filles heureuses, une superbe gagnante et pour finir la jovialité et la convivialité. Nous n’organisons pas pour gagner de l’argent. Nous sommes tous des bénévoles, moi y compris. Nous organisons par amour des filles du vélo et de l’Ardèche et c’est ce qui nous différencie de beaucoup d’autres organisations.